La presse étrangère note avec étonnement l’incapacité des responsables de la compagnie Germanwings, des forces de l’ordre et des politiques à se mettre d’accord sur la liste des passagers qui ont péri au cours du crash qui a abouti à la destruction complète de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises. Leur comptage par nationalité est un casse-tête, en raison de l’absence de certaines exigences de sécurité dans l’espace Schengen, où les vols sont considérés comme « domestiques ». S’avance-t-on vers un rétablissement et un resserrement des contrôles à l’intérieur de l’espace Schengen ?
Malgré les nombreux contrôles avant l’embarquement, personne ne peut répondre à cette simple question : qui était à bord ?
Ces interrogations interviennent alors que la compagnie et les pouvoirs publics sont – à l’heure d’écrire – incapables de comprendre pourquoi l’un des deux pilotes était absent du poste de vol de l’A320 au moment du crash, et que l’enregistrement audio relevé pendant les minutes qui l’ont précédé laissent entendre qu’il essayait d’en défoncer la porte pour entrer. Incapables de comprendre, ou refusant de dire ce qu’ils subodorent peut-être.
L’absence de contrôles dans l’espace Schengen a compliqué la tâche après le crash de l’A320
Sur les 150 personnes embarquées sur le vol Barcelone-Düsseldorf, qui ont toutes péri au cours du crash, il y avait 144 passagers dont l’identité n’a pas été relevée à Barcelone au départ, notent le Telegraph. Bien entendu, beaucoup d’entre elles ont pu être identifiées et nommées – notamment par leurs proches. Mais selon le Telegraph, du fait de la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace Schengen, où il suffit de montrer une carte d’identité au moment des passages de contrôle, la confusion a régné à propos de nombre d’entre elles.
Dans l’espace Schengen, il est en effet possible de s’enregistrer automatiquement lorsqu’on voyage sans bagages ; le contrôle des cartes d’identité et des passeports est alors simplement visuel, forcément sommaire. A quoi s’ajoute le casse-tête des doubles nationalités, qui ont pu expliquer les variations à propos du nombre d’Espagnols – de 35 à 45 selon les communiqués successifs –, de Marocains, ou de Britanniques à bord.
Rétablissement des contrôles intérieurs dans Schengen à cause de la menace terroriste ?
Conclusion ? En cas de suspicion d’attaque terroriste, les compagnies aériennes n’ont aucun moyen de vérifier après coup si l’avion transportait à son bord des passagers de pays classés à risque sur ce plan. Et si cela est difficile a posteriori, ce l’est évidemment tout autant a priori, sauf à se fier au « délit de sale gueule ».
A la suite des attaques terroristes contre Charlie et l’Hypercasher de Vincennes à Paris en janvier, les autorités espagnoles, françaises et allemandes se sont montrées très favorables au rétablissement de l’obligation de contrôler et d’enregistrer nommément tous les passagers des vols domestiques de l’espace Schengen.
Après le crash de l’A320 de Germanwings, la pression devrait s’accentuer.