Creative Control est un film américain de science-fiction, à la limite du film expérimental. Le titre mériterait d’être traduit, bien que transparent, mais que serait alors ce « contrôle créatif » ? Dans un futur proche, et la technologie est en fait presque déjà mûre aujourd’hui, un individu pourra créer via un accessoire, des lunettes de réalité virtuelle qui surimposent des créatures ou éléments imaginaires à la vie réelle, un environnement à sa convenance. Il interagira avec des êtres artificiels et invisibles pour autrui programmés à sa convenance, par lui-même. Un employé d’une entreprise aux confins de la publicité et de la programmation informatique est désigné volontaire par son chef pour essayer l’objet. Son travail a valeur de test ultime pour l’entreprise productrice de ce matériel. Si l’expérience est jugée concluante, l’entreprise remporterait un contrat vital de commercialisation.
Le testeur sollicite ses amis et un artiste contemporain, aussi prétentieux que creux et grossier, pour mener à bien son expérience.
Creative Control
ne convainc pas du tout
L’environnement virtuel s’ajoute à celui déjà confus dans lequel il surnage difficilement : son milieu abuse de drogues, d’alcools, de médicaments, ce qui ne favorise pas un comportement social normal, au travail comme dans la vie privée, et n’aide pas à distinguer le virtuel du réel. Il oublie sa compagne et vit une expérience sensuelle avec le double virtuel d’une charmante collègue de bureau et fiancée d’un ami, qui dans le monde réel le repousse. Creative Control narre l’histoire d’un naufrage, d’une démarche de fuite, à la limite du morbide et du suicidaire, expérience au fond pénible aussi pour le spectateur. Sous couleur de dénonciation, il y a aussi selon nous une forme de voyeurisme facile, avec une impudeur dans beaucoup de scènes, et un abus des grossièretés verbales.
S’il y a réellement un sujet dans Creative Control, son traitement confus, faussement provocateur ou audacieux – on en a hélas déjà bien trop vu au cinéma depuis les années 1970 – en noir et blanc bien sûr, ne convainc pas du tout.
Hector JOVIEN