Bientôt un remake de la crise financière de 2008 ? Les prêts à risque ont à nouveau le vent en poupe !

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Cherchant désespérément de meilleurs rendements, les investisseurs acceptent de prêter de l’argent en renonçant aux clauses de garantie habituelles. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le volume croissant de ces prêts à risque pourrait déclencher une crise financière comparable à celle de 2008. C’est l’avertissement que lançait dimanche le journal britannique The Telegraph dans un article intitulé : La bombe à retardement qui pourrait exploser en crise financière.
 
Au centre des inquiétudes, le marché des prêts à effets de levier qui alimente les rachats d’entreprise par des fonds d’investissement privés et finance les entreprises avec une capacité de crédit déficiente. Il s’agit de prêts accordés sans les clauses de garantie habituelles en échange de meilleurs rendements. Ces clauses de garantie, destinées à protéger l’investisseur, ont l’avantage de fournir des signaux d’alarme en cas de problèmes de l’emprunteur. Cela permet au créancier d’intervenir de manière précoce et de s’assurer un taux de recouvrement plus favorable pour les défauts.
 
Mais ces clauses de garantie des prêts peuvent être très contraignantes et manquer de flexibilité quand l’entreprise de l’emprunteur connaît une baisse d’activité. On a ainsi vu apparaître après la crise financière des prêts à des conditions allégées pour les entreprises considérées comme particulièrement solides et dignes de confiance. Le problème, c’est que la mode s’est depuis étendue, et la recherche d’une plus grande flexibilité pour les emprunteurs de confiance s’est transformée en un abandon généralisé des barrières de protection pour tous. C’est en tout cas ce qu’a expliqué au Telegraph John Puchalla, vice-président de l’agence de notation Moody’s.
 

Les prêts à risque, accordés sans les clauses de garantie protégeant habituellement les investisseurs, comptent désormais pour 80 % des nouveaux prêts à effet de levier !

 
Taron Wade, directeur chez LCD, S&P Global Market Intelligence, note aussi que cette évolution a été favorisée par un changement des investisseurs qui s’est opéré d’abord aux Etats-Unis puis plus récemment en Europe : les investisseurs institutionnels et les gestionnaires de portefeuilles d’obligations adossées à des crédits (collateralized loan obligation ou CLO) sont désormais les principaux prêteurs, devant les banques qui sont généralement plus tatillonnes quand il s’agit de prêter de l’argent. Pour aggraver le tout, la justice américaine a décidé en février dernier que les gestionnaires de CLO, qui sont les plus gros acheteurs de ces prêts à risque en faveur des entreprises, n’ont plus besoin d’être propriétaires d’une partie des créances qu’elles vendent sous forme de titres, alors que cette obligation leur avait été imposée après la crise de 2008. Les prêts ainsi accordés à des conditions allégées représentent désormais environ 80 % du marché des prêts à effet de levier en plein boom. Ce marché dépasse 1.000 milliards de dollars aux Etats-Unis et il a atteint le montant record de 38 milliards de livres sterling l’année dernière au Royaume-Uni.
 

La mise en garde du FMI contre le risque d’une nouvelle crise financière

 
Le FMI mettait les investisseurs en garde dans son rapport d’avril contre ces prêts à effet de levier qui donnent aux entreprises souffrant d’une situation financière fragile un large accès au crédit sur un marché « rappelant les épisodes passés d’excès des investisseurs ». L’organisation financière internationale prévoit que la prolifération des crédits de mauvaise qualité « amplifiera le prochain cycle de défauts » dont les ondes de choc pourraient bien affecter l’économie réelle.
 

Olivier Bault