Theresa May et les services de sécurité britanniques accusent Poutine d’avoir provoqué le Brexit par un pilonnage de cyberattaques. Ce serait une nouvelle ingérence, après l’élection de Trump, dans la campagne des Russes visant à déstabiliser l’Occident. Las, les preuves sont aussi minces que l’affirmation est péremptoire.
« La Russie cherche à ébranler le système international », selon Ciaran Martin, directeur du Centre national de cybersécurité, organisme para-gouvernemental créé en 2016 au Royaume-Uni. Sans fournir davantage de précision, M. Martin a affirmé que l’« ingérence russe » s’est traduite par « des attaques contre les médias, les télécommunications et le secteur de l’énergie ». Quant au chef de la commission parlementaire sur le numérique, Damian Collins, il a déclaré à qu’ « Il n’y a plus de doute maintenant qu’il y a eu une ingérence russe dans la politique britannique ».
Ces tweets qui accusent Poutine d’avoir promu le Brexit !
Et d’ajouter: « Il ne s’agit pas de quelques personnes envoyant des messages depuis leurs chambres mais de centaines de personnes organisées de manière sérieuse, pour propager des fausses informations chaque jour à travers les réseaux sociaux. » Ces précisions regardent l’ingérence russe dans le referendum sur le Brexit dont les Britanniques accusent Poutine. Selon The Times, des comptes Twitter russes auraient mis en ligne « plus de 45.000 messages en ligne en 48 heures » pendant la campagne. Au total « plus de 150.000 comptes basés en Russie ont tweeté frénétiquement sur le sujet à l’approche du scrutin avant de se taire brusquement ». Hélas, cela paraît minime par rapport au flux des informations et des réseaux sociaux sur la période, et deuxièmement, l’accusation paraît confuse. On parle en effet ailleurs de « comptes russophones qui diffusent des messages en anglais », ce qui n’est pas bien adroit quand on veut avancer masqué. Le Times a d’ailleurs eu recours aux lumières de « chercheurs de l’université de Swansea, au Pays de Galles et de Berkeley », en Californie, pour y déceler « une tentative apparemment coordonnée de semer la discorde ».Ces mêmes chercheurs affirment que ces messages auraient été vus « des centaines de millions de fois » par les Britanniques avant le referendum sur le Brexit, sans que la presse ne justifie leur assertion par une quelconque explication.
Theresa May détaille les cyberattaques russes contre l’Occident
Il semble que ces « informations » fassent partie d’une campagne verbale britannique anti-russe. Sans citer explicitement l’ingérence russe dans le Brexit, Theresa May a en effet violemment mis en cause la politique russe vis-à-vis de l’Occident lors du banquet annuel du lord-maire de la City de Londres. Elle a dénoncé les campagnes de « cyberespionnage », « l’ingérence lors d’élections » et « le piratage du ministère danois de la défense et du Bundestag » allemand, avant d’avertir solennellement Poutine : « Nous savons ce que vous faites. Et vous n’y arriverez pas. »
Puis elle a détaillé : « La Russie a fomenté un conflit dans le Donbass, a violé de manière répétée l’espace aérien de plusieurs pays européens, et monté une campagne soutenue de cyberespionnage. La Russie cherche à faire de l’information une arme, en déployant ses médias dirigés par l’État pour diffuser de fausses informations et des images trafiquées dans le but de semer la discorde en Occident et de saper nos institutions. »
Comment les Russes veulent déstabiliser la société britannique
Concrètement, dans l’affaire du Brexit, comment les Russes s’y seraient-ils pris pour semer la discorde ? Le Monde rapporte que la plupart des messages affichaient leur préférence pour le Brexit, tandis qu’une petite partie prônait un maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne, faisant ainsi monter les tensions dans la société britannique. Pour Damian Collins, président de la commission parlementaire britannique sur le numérique, dans des propos rapportés par le quotidien français, « La question est de savoir si la Russie a bâti un réseau de milliers de comptes qui lui permet de nous bombarder de fausses informations et de contenus hyper-partisans ».
Les 419 comptes de l’élection de Trump
Comment croire que cet homme parle sérieusement ? Surtout quand on lit dans des articles semblables, tous nourris à la même source, que « sur 2.752 comptes russes suspectés d’ingérence lors de l’élection présidentielle américaine et suspendus par Twitter, des chercheurs de l’université d’Édimbourg en ont identifié 419 ayant posté sur l’actualité britannique, avant et après le Brexit, a révélé mardi le Guardian. »
419 comptes ! Comment peuvent-ils peser sur le Brexit ? Et encore, ils ne sont tenus pour suspects que par référence aux comptes américains, qui sont décrétés suspects sans qu’aucune preuve ne soit invoquée contre eux. On a l’impression d’un pion alcoolique qui raconterait des fables idiotes à des enfants de quatre ans. La suite est à l’avenant : les chercheurs « relient (ces comptes) à une entité réputée proche du Kremlin, l’Agence de recherche sur Internet. Ces comptes (…) n’hésitent pas à propager des « fake news » à même de crisper les débats ». On ne nous donnera même pas un exemple de ces fake news. C’est vraiment de « l’information » pour ilote ivre. Le barnum mondialiste a besoin d’un succédané spectaculaire à la guerre froide, il a donc remis en piste le vieil ours néo-soviétique et censément hyper-nationaliste Poutine, ennemi de l’Occident.