Davos 2017 au secours des droits LGBT

Davos 2017 droits LGBT
 
Le site du World Economic Forum, organisateur de la rencontre annuelle de Davos qui a ouvert ses portes dans la station d’hiver suisse lundi, publiait la semaine dernière un article qui fait partie intégrante de l’édition 2017 et qui ce faisant a donné l’un des axes majeurs qui sous-tendent les discussions. Il s’agit d’un éditorial confié à Antonio Zappulla, directeur exécutif de la Fondation Thomson Reuters, venu expliquer au monde entier la « raison simple pour laquelle tant de sociétés soutiennent les droits LGBT ». Ainsi les grands de ce monde se voient enjoindre – quand ils ne sont pas convaincus d’avance – de soutenir l’idéologie du genre et de promouvoir ce qui naguère été encore considéré comme un délit sur le plan pénal, et un péché sur le plan moral. Pourquoi ? Parce que cela « rapporte ». Il s’agit d’une attitude qui promet un enrichissement, un retour sur investissement. « Fais cela, et la terre t’appartiendra » : on connaît la chanson.
 
Zappulla rappelle qu’il y a 10 ans, le coming out forcé de Lord Browne avait contraint ce dernier à démissionner aussitôt de la tête de British Petroleum. « Lorsque Tim Cook a décidé de manière proactive de faire son coming out dans une interview donnée à Business Week en 2014, la communauté globale « corporate » l’applaudit. » Le premier fit part de sa gêne, le second se dit « fier d’être gay : je considère que le fait d’être gay fait parti des plus grands dons que Dieu m’ait donné ».
 
On voit l’évolution, et même l’inversion totale de l’approche.
 

Davos, lieu de choix pour la révolution des mœurs

 
L’auteur observe qu’aujourd’hui 91 % des sociétés du Fortune 500 ont volontairement mis en place des politiques de non-discrimination à l’égard de l’orientation sexuelle, pendant que 67 % d’entre elles ont de leur propre initiative accordé assurance santé et autres bénéfices aux « familles LGBT » qu’elles emploient.
 
Faut-il croire que la réussite de ces sociétés du top 500 est liée à leur politique pro-LGBT ? Ou qu’on n’entre dans ce club des plus grands qu’à condition de montrer patte blanche ?
 
La réponse donnée par Antonio Zappulla est indirecte. Selon lui, la discrimination à l’égard de cette population est source de gaspillage et de perte d’argent. Selon Out Now, rappelle-t-il, l’économie américaine pourrait s’enrichir de 9 milliards de dollars si les sociétés apprenaient à retenir les talents LGBT dont elles disposent en mettant en place des « politiques inclusives ». « Les pays qui ne le font pas sont perdants : la Banque mondiale estime que l’Inde perd 32 milliards par an en production économique précisément en raison d’une discrimination généralisée contre les personnes LGBT », écrit Zappulla.
 

Les droits LGBT au cœur de Davos

 
Ce qui assure la réussite des sociétés qui en font au contraire la promotion, c’est la grande « fidélité » des consommateurs LGBT, prêts à dépenser plus pour acheter des produits de sociétés « inclusives ». Et leur pouvoir d’achat est considérable : environ 800 milliards de dollars par an aux Etats-Unis, rappelle l’article.
 
Si l’on comprend bien donc, cet argent est dépensé de manière communautaire pour « récompenser » les « bons ».
 
Les sociétés savent en tout cas faire circuler le message. Zappulla cite le cas de Starbucks qui a su éjecter un détenteur d’actions « anti-gay », lui disant qu’il n’avait pas besoin de son capital, en même temps que le vendeur de café a montré sa connaissance de la culture gay en produisant des publicités avec des drag queens à la mode. A Davos, c’est aussi un plus.
 
Uber, Adidas et tant d’autres multinationales imposent elles aussi une image pro-gay et pro-transgenre, et communiquent sur leur politique de non discrimination et de diversité. Ou l’art de la réclame en direction d’un groupe réputé avoir les moyens.
 

En 2017, les grands de ce monde se battent pour les transgenre

 
Cette manière d’attirer les dépenses s’accompagne selon Antonio Zappulla d’une tendance plus forte à l’innovation, d’une meilleure capacité à retenir les employés, et de l’exposition moins fréquente aux poursuites pour discrimination : dans ce dernier cas, il s’agit clairement d’une affaire de serpent qui se mord la queue puisque les lois donnent mécaniquement un avantage aux sociétés qui soutiennent les droits LGBT.
 
Zappulla détaille quelques manières pratiques de rejoindre ce mouvement vers « l’inclusion », rappelant les mots de l’ONU selon lesquels la lutte contre l’homophobie est aujourd’hui plus que jamais « un impératif du développement », par lequel les « sociétés commerciales peuvent faire usage de leur influence globale pour façonner le progrès socio-économique ».
 
Je résume. Ce n’est pas l’ouverture aux LGBT et la protection de leurs droits qui créent de soi la richesse, mais la soumission à un lobby qui, par des habitudes d’achat, un comportement communautaire et le jeu des lois anti-discrimination, impose une nouvelle réalité : ceux qui ne se soumettent pas à l’idéologie du genre sont ainsi très efficacement écartés ou laissés à la traîne de l’économie mondiale sur laquelle des multinationales « inclusives » ont la haute main.
 

Anne Dolhein