Le Forum économique mondial, dont le patron Klaus Schwab réunit à Davos depuis des décennies les figures phares de l’économie et de la politique mondiale, et qui a lancé en 2020 grâce au covid-19 le slogan de la « Grande réinitialisation », manifeste de plus en plus explicitement, à propos de sécurité en ligne, la prétention de régir la morale politique de la planète entière, dont il définit en ce moment quelques mots clefs, tels que « discours de haine » (en anglais hate speech), et « misinformation » qui peut vouloir dire à la fois désinformation et mauvaise information. Il s’agit d’une tentative totalitaire et d’un nouveau pas vers la gouvernance mondiale.
Davos se place au centre de la politique mondiale
Le Forum de Davos entend depuis longtemps, au nom de la sagesse des élites, définir en quelque sorte des normes morales et politiques qui doivent, dans le monde qu’il appelle de ses vœux, être respectées et suivies. Ces règles morales et politiques s’appliquent en particulier dans l’univers des réseaux sociaux et de l’internet en général : plates-formes et hébergeurs écartent les « contenus » non conformes à leurs « standards », qu’ils soient entachés de « discours de haine » ou de « mauvaise information » et, souvent, punissent leurs auteurs en leur interdisant de publier, ou en suspendant leur compte pour un temps, ou, dans les cas jugés graves, en les supprimant de manière pure et simple.
Définir le discours de haine et la mauvaise information
D’ordinaire, les réseaux ne définissent pas plus précisément ce qu’ils entendent par « non conforme aux standards », ou « discours de haine », ou « mauvaise information ». Cela leur donne aux yeux de beaucoup un petit air d’arbitraire qui nuit à leur position intellectuelle et morale et la confiance qu’on leur fait. C’est pour remédier à cela que le Forum de Davos a produit un document intitulé Typologie des offenses en ligne. L’objectif est de définir six catégories de contenu offensant, en conformité avec la directive de l’Union européenne sur les services numériques, qui restreint considérablement les libertés individuelles.
Sous couleur de morale, usurpation et totalitarisme
Les intentions affichées sont excellentes, il s’agit bien sûr de « s’ancrer dans le cadre international des droits de l’homme », d’empêcher les « menaces contre les personnes et les communautés (y compris l’exploitation sexuelle des enfants) », ou encore « la haine, la discrimination, l’invasion de l’intime ». Le résultat est qu’une organisation non gouvernementale se permet de définir la morale politique mondiale, de façon à permettre la censure et la condamnation d’individus dont la pensée ne lui convient pas. Ce qui est à la fois une usurpation et une avancée totalitaire.