Poutine, champion de la résistance au « Great Reset » de Davos ? Histoire d’une tromperie

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Nous proposons ci-dessous la traduction intégrale d’une intéressante réflexion de John Horvat publiée fin mars sur le site américain tfp.org sur l’attitude passée et présente de Vladimir Poutine à l’égard du Forum économique mondial et du Great Reset, de la Grande réinitialisation prônée Davos (et que Reinformation.tv avait signalée et commentée ici dès juin 2020). Horvat rapporte de nombreux faits, sourcés, qui démentent l’antagonisme aujourd’hui affiché par Poutine à l’égard de Klaus Schwab et des objectifs de Davos. Les intertitres ne sont pas ceux du texte d’origine. – J.S.
 
L’avenir de la guerre contre l’Ukraine dépendra de la manière dont celle-ci sera présentée. Si on parvient à convaincre le public que le motif de la guerre dépasse la simple convoitise d’un territoire et les ambitions nationalistes, il se peut que les gens regardent les envahisseurs russes avec sympathie.

Ce processus n’est nulle part plus visible que dans le discours de ceux qui prétendent que cette guerre constitue un conflit entre les élites occidentales mondialistes et les défenseurs du nationalisme russe. De nombreux commentateurs ont présenté le président russe Vladimir Poutine comme le leader mondial de la lutte contre ces élites mondialistes, en particulier celles qui se réunissent chaque année à Davos pour définir les prochaines étapes et les priorités de la « réinitialisation » du monde.
 

Le témoignage de Mgr Viganò

Ce raisonnement a été récemment développé par Mgr Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique aux États-Unis, dans un discours vidéo prononcé lors du congrès fondateur du Mouvement international des russophiles, qui s’est tenu à Moscou en mars.

Cet étrange archevêque prétend que le flambeau de la foi a été transmis à l’Église orthodoxe russe. Ainsi, la Russie serait « le dernier bastion de la civilisation contre la barbarie ». Il met particulièrement en garde contre Klaus Schwab et le Forum économique mondial. Il cite Vladimir Poutine, qui affirme que ces personnalités mondiales visent à « créer une société d’esclaves soumis à l’élite de Davos ».

Mgr Viganò fait de cette guerre une bataille contre le programme de « réinitialisation » de Davos et présente la Russie comme un ennemi de longue date de ce plan. Il déclarait lors de son intervention : « Nous avons besoin d’une alliance antimondialiste qui rende aux citoyens le pouvoir qui leur a été retiré, et aux nations, la souveraineté affaiblie, abandonnée au lobby de Davos. La Fédération de Russie jouera un rôle décisif dans cette entreprise. »

De telles déclarations semblent indiquer que toute personne récemment associée à Davos est à tout le moins suspecte de collaboration avec l’ennemi. Elles passent en outre sous silence les nombreuses initiatives indépendantes en Occident qui dénoncent, à juste titre, les objectifs anti-chrétiens des réunions de Davos.
 

Poutine, un champion anti-Davos, vraiment ?

La faiblesse de ce discours anti-Davos réside dans le fait qu’il est une tromperie. Jusqu’à ce que la guerre d’Ukraine éclate en février 2022, la Russie a toujours été un ardent soutien de la conférence de Davos. Ses représentants, y compris Vladimir Poutine, ont longtemps fréquenté les élites de Davos. Politico rapporte que le président russe entretient des liens avec Klaus Schwab depuis le début des années 1990. Il a pris la parole à plusieurs reprises lors des réunions annuelles. Mieux, c’est Schwab qui s’est chargé de présenter Poutine lors de la réunion virtuelle de Davos en janvier 2021.

La fondation Roscongress, qui assure la promotion des intérêts russes à Davos, a publié le compte-rendu de la rencontre pré-COVID entre Vladimir Poutine et le président exécutif du Forum économique mondial, Klaus Schwab, à Saint-Pétersbourg en 2019.

Lors de cette rencontre, le président russe s’est adressé à Schwab en ces termes : « Nous avons toujours entretenu des relations avec le forum que vous avez fondé et nous continuerons à le soutenir. Bien entendu, des représentants russes ont toujours participé et continueront de participer aux événements que vous organisez. »

Klaus Schwab a répondu sur le même ton : « Il a toujours été important pour moi que des représentants russes participent à nos événements à Davos. Cela a toujours été particulièrement important pour moi. »

Cette coopération entre Davos et Poutine s’est même poursuivie pendant les années COVID, si perturbatrices, jusqu’à la guerre d’Ukraine. Ce ne sont pas les Russes qui ont coupé les relations avec Davos (de nombreux oligarques se sont inscrits à la réunion de 2022), mais les directeurs de Davos qui ont été contraints de couper les liens pour se conformer aux sanctions internationales.

Ainsi, toute hostilité à l’égard de Davos est un phénomène récent, datant de 2022, et ne relève pas d’un effort constant déployé au fil des ans pour combattre les élites mondialistes.
 

La participation active de Poutine et de la Russie à Davos

La participation de la Russie à Davos n’a pas été passive, mais au contraire vigoureuse. L’un des sites multifonctionnels accueillant des rencontres entre participants lors de la réunion annuelle de Davos était un lieu appelé « Russian House » (Maison russe). Ce lieu accueillait depuis 2018 des membres de la délégation officielle russe, des entrepreneurs et des leaders de l’opinion.

En 2020, Politico rapportait que plus de 2.000 invités de 85 pays se sont donné rendez-vous à Russian House. Ils étaient rejoints par de nombreux représentants des médias qui couvraient les événements organisés sur le site. La Maison est connue pour ses fêtes aussi fastueuses et tapageuses qu’elles étaient coûteuses.

En d’autres termes, il n’y a guère de preuves d’un quelconque antagonisme passé entre les dirigeants russes et les élites de Davos. En effet, les participants russes, parmi lesquels Poutine et de nombreux oligarques, se sont comportés comme les élites mondialistes. Tout au long de cette période, le contingent russe n’a fait aucun effort pour dénoncer la conspiration de Davos visant à former la « société d’esclaves soumis » dont parle Mgr Viganò.
 

Choisir entre le « Great Reset » et Douguine ? Non merci !

Le changement d’attitude à l’égard de Davos ne s’est produit qu’après l’invasion de l’Ukraine. La présentation de la guerre comme une réponse à Davos ne correspond pas à la réalité de cette collaboration passée. Elle semble plutôt correspondre aux ambitions nationalistes exprimées par l’idéologue russe Alexandre Douguine et sa « Quatrième théorie politique ». Son programme à lui nécessiterait une rupture brutale avec l’Occident, comme celle provoquée par l’attaque contre l’Ukraine, afin de mettre en place par la contrainte la formation d’un monde « multipolaire ».

Quel que soit le faux récit adopté – celui de Davos ou celui de Douguine –, tous deux excluent la solution donnée par Notre-Dame à Fatima en 1917. Le vrai chemin à prendre ne peut consister qu’en cet appel de Fatima à une régénération morale mondiale. C’est la promesse de la conversion de la Russie et du triomphe de la Vierge.
 

John Horvat II, traduction Jeanne Smits