Les décodeurs des « fake news » sont très majoritairement à gauche

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Ils sont partout, les « fact-checkers », les « debunkers » et autres « décodeurs » et qui prétendent vérifier la véracité des informations circulant sur les sites dits « alternatifs », voire « complotistes », et celles qui font le buzz sur les réseaux sociaux. La chasse aux « fake news » est devenue une véritable industrie, mais la discipline est-elle fiable ? Ou pour le dire autrement : qui gardera les gardiens eux-mêmes ? Question d’autant plus cruciale que l’on sait maintenant de manière beaucoup plus précise comment sont orientés ces vérificateurs au niveau le plus élevé. Sans surprise, ils penchent à gauche. Parfois même très à gauche. Et ils ne le mettent pas en avant.

Loin de nous l’idée qu’un criblage de la masse de « news » qui nous bombarde 24 heures sur 24 soit inutile. Nous avons tous des exemples en tête d’images détournées, d’indignations fabriquées sur mesure, de montages auxquels on finit par croire et qui permettent de taxer certaines catégories d’internautes sceptiques à l’égard des gros médias de crédulité et de naïveté coupable, avec le risque que plus personne ne croie en rien. Tout cela fait en effet partie du grand jeu de la manipulation, de la fausse information et de la désinformation qui a de multiples cordes à son arc, mélangeant habilement un peu de vérité dans le faux ou quelques erreurs dans le vrai, mentant sans vergogne ou ridiculisant l’adversaire – tous les coups sont permis. On trouve ainsi la mise en évidence de « hoax » – tromperies – tout à fait conformes à la réalité, de la part de ces vérificateurs estampillés. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut les croire à chaque fois.

 

Les décodeurs et autres débusqueurs de fake news ont forcément des préjugés

Le problème vient de ce que les « décodeurs » officiels – pensez à l’outil « Decodex » du Monde ou à « Factuel AFP » – ne sont pas neutres. La neutralité, en journalisme, est une vue de l’esprit. On parle toujours depuis un point de vue bien précis, le sien. Chacun s’exprime avec ses connaissances mais aussi avec ses préjugés. La tromperie commence souvent lorsqu’on ne dit pas son orientation politique, philosophique, religieuse… et qu’on prétend présenter les faits en totale objectivité, alors même que le choix des faits est déjà subjectif.

Cela n’empêche pas de rechercher le vrai et d’essayer de le présenter aussi honnêtement que possible…

Figurez-vous qu’il existe un journal scientifique à comité de lecture entièrement voué à l’étude de la « fausse information ». Misinformation Review a été lancé en 2020 par le Centre Shorenstein d’étude des médias et de la politique de la faculté Kennedy à Harvard, avec le concours d’une quarantaine d’« experts de la fausse information » appartenant à une vingtaine d’universités et institutions. Que demander de plus ? Avec un tel aréopage, le sérieux devrait être garanti.

Et pourtant il ne l’est pas, souligne Kurt Mahlburg, journaliste chrétien à MercatorNet. Il se trouve en effet que la revue a publié un article de recherche qui rapporte les résultats d’une enquête auprès de 150 experts universitaires de la fausse information, qualifiée d’« information erronée et trompeuse ». L’objectif de l’étude était de comprendre pourquoi le public la croit et la partage. Ils ont majoritairement estimé que l’esprit partisan du public est la raison la plus importante, ainsi que le « biais de confirmation » (croire une information parce qu’elle correspond à ce que l’on pense), tandis que le manque d’éducation était peu cité.

 

Les spécialistes de la fausse information se présentent comme étant de gauche : un peu, beaucoup, passionnément… et jamais pas du tout

Mais l’élément peut-être le plus intéressant est noyé dans les appendices de l’article, et il a été débusqué par Bjørn Lomborg, statisticien danois, professeur à la Copenhagen Business School et ancien directeur de l’Environmental Assessment Institute, auteur notamment de L’Ecologiste sceptique et très critique à l’égard du discours sur le CO2 et sur la responsabilité de l’homme quant au « réchauffement climatique » qu’il ne considère pas comme la principale menace pour l’environnement.

« Les spécialistes de la désinformation ne sont peut-être pas tout à fait dépourvus de biais », a-t-il ainsi écrit sur X, ajoutant qu’ils « penchent fortement à gauche sur le spectre politique ». Le tout accompagné d’un graphique où l’on voit que cela est vrai pour 85 % des 150 experts interrogés, qu’ils soient modérément, nettement ou très à gauche. 10 % se situe au centre et les 5 % restants sont modérément à droite. Aucun n’est répertorié comme étant nettement ou très à droite.

 

Les décodeurs voient l’information par leur prisme de gauche

C’est Lomborg qui a établi ce graphique à partir de la note figurant dans l’appendice A (« Demographics »), à la page 15 de l’étude disponible ici, qui fournit toutes les valeurs sans les commenter et, surtout, sans s’en étonner. A croire que c’est normal de voir tout le monde ou presque dans le domaine de la mise en évidence de la « fausse information » sur ce bord de l’échiquier politique.

Mahlberg note que le vocabulaire de la fausse information, de la désinformation et de la « malinformation » (le partage d’informations vraies mais dont l’objectif n’est pas d’informer, mais de nuire, soit en étant présentées hors contexte ou à un moment particulièrement néfaste pour sa cible) a véritablement envahi les médias en 2016, à la suite du Brexit et de la victoire de Donald Trump, deux événements qui ont fait suite à la prise de décisions par un public qui s’était éloigné des médias mainstream pour s’adresser à des sources indépendantes.

L’ère du covid est passé par là, une part importante du public a constaté comme jamais auparavant la désinformation émanant des pouvoirs publics ; aujourd’hui le temps est à la création de lois, de commissions, de surveillance de ces sources indépendantes. C’est une sorte de panique… Et elle ne recule devant rien, ne traquant pas tant le mensonge pur et dur mais les informations dont on peut imaginer qu’elles pourraient inciter leurs « consommateurs » à ne pas penser selon la ligne officielle. Et là le champ est vaste. Ce flou même est une raison supplémentaire de se méfier de la pensée unique.

 

Jeanne Smits