Des archéologues israéliens et américains pensent avoir mis au jour les restes de l’antique cité romaine de Julias, autrefois village de Bethsaide, où vécurent trois des apôtres de Jésus : Pierre, André et Philippe. Ces scientifiques de l’Institut de Kinneret pour l’archéologie galiléenne (faculté de Kinneret en Israël) et de la faculté de Nyack (New York), sont parvenus à cette conclusion après des fouilles à el-Araj, sur la côte nord du lac de Tibériade ou mer de Galilée. Les chercheurs avaient depuis longtemps émis l’hypothèse selon laquelle el-Araj pourrait avoir été construite sur l’ancienne Julias, connue aussi sous le nom de Bethsaïde. D’autres spécialistes avaient par le passé recherché l’ancienne Bethsaide-Julias sous le site voisin d’et-Tell.
Steven Notley juge « probable » la découverte de Bethsaide-Julias, résidence des apôtres Pierre, André et Philippe
Steven Notley, de la faculté de Nyack, a fait savoir à Fox News que « des éléments sont apparus indiquant qu’il s’agit bien de Bethsaide-Julias » mais « qu’il convient de continuer à creuser pour confirmer cette hypothèse ». Julias, cité construite au 1er siècle sur le village de pécheurs juifs de Bethsaide, selon l’historien juif Flavius Josèphe, est l’un des sites bibliques dont la localisation est restée mystérieuse jusqu’à nos jours. Le Nouveau Testament indique que les trois apôtres Pierre, André et Philippe y résidaient. Marc (8:22-26) indique que Jésus y guérit un aveugle et Luc (9:10-17) évoque pour sa part un village voisin où le Christ nourrit 5.000 personnes.
Jusqu’ici de nombreux experts estimaient qu’il n’existait aucune présence humaine à el-Araj durant la période romaine, relève le New York Post. Une hypothèse démentie par les fouilles de cet été qui éclairent bien différemment l’histoire du site. Une structure byzantine, par exemple, jamais identifiée jusqu’à présent, a offert une quantité d’indices aux archéologues : une trentaine de monnaies ont été trouvées sous son sol permettant de dater sa construction autour du 5e siècle après Jésus-Christ. Surtout, sous le niveau de la construction byzantine, ont été découvertes des poteries romaines datées des 1er au 3e siècle après J-C, une monnaie de bronze de la fin du 2e siècle et des deniers d’argent de l’empereur Néron des années 65-66 après J.C.
Deux mètres sous le sol byzantin, une salle de bain romaine, trace de la cité de Julias ?
Quelque deux mètres sous le sol byzantin ont été découverts un mur romain et un sol comprenant une importante surface de mosaïque noire et blanche présentant les caractéristiques typiques d’une salle de bain romaine. Les archéologues relèvent qu’une telle installation étant impensable dans un village rural, ces éléments signant l’existence d’un site urbain et laissant supposer qu’il s’agirait bien de la cité de Julias.
Les découvertes archéologiques suggèrent aussi que le lac de Tibériade, deuxième étendue d’eau située à la plus basse altitude au monde, était sous l’empire romain à un niveau encore inférieur aux -209 mètres sous le niveau des mers qui étaient estimés jusqu’ici. Selon les mesures effectuées sur le mur romain, celui-ci se situait à une profondeur de – 211 mètres. Le site, actuellement couvert de boue et d’argile, aurait été inondé par le fleuve Jourdain et donc abandonné, entre 250 et 350 après Jésus-Christ.
Sur les rives du lac Tibériade, Julias aurait été enterrée sous les sédiments du Jourdain
« Le bâti romain a été enterré à une certaine époque par ces sédiments issus des débouchés voisins du Jourdain et du torrent de Meshusim », explique Noam Greenbaum, chercheur à l’Université de Haïfa, qui participe aux fouilles et espère « approfondir et élargir » les recherches. Vers le 4e siècle, durant la période byzantine, le site a été ré-urbanisé, avec une église importante révélée par la découverte de pans de mosaïques. Willibald, évêque du diocèse bavarois d’Eichstätt, qui parcourut la Terre sainte en 725 après Jésus-Christ, rapporta qu’il visita à Bethsaida une église construite sur les ruines du domicile des apôtres Pierre et André, relèvent par ailleurs les archéologues.
A el-Araj, les fouilles reprendront en juin 2018 et devraient « se renouveler durant cinq autres saisons », estime Steven Notley.