Dégonfler des pneus pour sauver le climat : la nouvelle désobéissance civile

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L’époque de Greta Thunberg et des grandes marches pour le climat est passée. La nouvelle méthode des militants est beaucoup plus agressive, provocatrice. Contre les méchants pollueurs et les Etats trop inactifs à leur goût, ils se réclament de la désobéissance civile. Le dernier groupe à la mode se nomme Tyre Estinguishers (extincteurs de pneus). Leur truc : dégonfler les pneus des 4X4 en ville. « Jusqu’ici, nous en avons dégonflé plus de onze mille », a déclaré l’un de leurs porte-paroles américains. Onze mille 4X4, soit 44 mille pneus.

 

Un manuel explique pourquoi et comment dégonfler les pneus

Les Tyre Estinguishers définissent ainsi leur but sur leur site : « Rendre impossible de posséder un immense 4X4 polluant dans les villes du monde. Nous nous défendons contre le changement de climat, la pollution de l’air et les conducteurs malsains. Dégonfler des pneus à répétition et encourager d’autres à nous imiter fera de l’inconvénient mineur d’un pneu plat un obstacle gigantesque à la conduite de ces gros véhicules tueurs dans nos rues. Nous agissons ainsi parce que les gouvernements et les politiciens n’ont pas réussi à nous protéger… Nous n’avons pas de chef, chacun peut participer, en lisant les instructions simples de notre site. »

 

Extinction Rebellion, pionnier de la désobéissance civile

Cette déclaration montre une profonde connaissance de la psychologie post-moderne. Se poser en victime. S’opposer au « Gros », réputé malsain et dangereux. Proposer une solution simple. Avancer sans chef ni organisation, comme les gilets jaunes. Et bien sûr, attirer l’attention sur soi d’une manière provocatrice. S’ils n’ont pas de chef déclaré, les Tyre Extinguishers font partie d’une mouvance, ont une référence, revendiquent une méthode. Leur porte-parole de Boston, après une séance contre 43 SUV qui leur a valu un grand nombre de passage à la radio et à la télé affirme : « Les manifestations qui attirent l’attention accroissent le soutien public à l’action pour le climat. Cela s’est vérifié pour Extinction Rebellion en 2019, et cela a porté la prise de conscience du changement du climat à un niveau jamais atteint ».

 

Sauver le monde sans se dégonfler

Tout a commencé en effet avec Extinction Rebellion et son fondateur Roger Hallam, maraîcher bio britannique. C’est lui qui a décidé de mettre la désobéissance civile contre « l’état d’urgence climatique ». Depuis 2018, ils ont ainsi bloqué des ponts en Angleterre, puis la circulation un peu partout dans le monde, l’accès au siège de grandes entreprises, ou se sont attachés avec de la colle, etc. Hallam a aussi lancé Just Stop Oil (arrêtez le pétrole), dont les militants ont lancé de la soupe à la tomate sur un Van Gogh, et il est à l’origine de Dernière rénovation, dont une manifestante, Alizée, s’est attachée au filet pendant la demi-finale Ruud-Cilic lors du dernier Roland-Garros. Roger Hallam a publié en 2020 un discours de sa méthode pour « sauver le monde » : pour lui la « désobéissance civile massive et non violente » est le « moyen le plus efficace de provoquer un changement politique rapide ».

 

Les philanthropes du climat subventionnent

Dernière Rénovation, Insulate Britain, Ultima Generazione, Letzte Génération, Renovate Switzerland et quelques autres forment le « réseau A22 » qui revendique une « identité commune et une stratégie commune », et qui leur permet surtout de recevoir chacun de l’argent de mécènes du climat. De riches « philanthropes » américains ont ainsi fondé le Climate Emergency Fund (où figure Aileen Getty, héritière du pétrole), qui a versé plus de 4 millions de dollars à 43 groupes de sauveurs du climat par la désobéissance civile, dont 50.000 à Dernière Rénovation.

 

Le public dubitatif devant la désobéissance civile ?

Extinction Rebellion a pris ses distances avec Hallam à cause d’une déclaration lunaire sur la Shoah, et a renoncé à sa stratégie de la provocation (qui lasse le public à la fin). Les Tyre Estinguishers, au contraire, jouent sa stratégie à fond. Une étude de l’Université de Pennsylvanie sous la direction de Michael Mann montre que les actions spectaculaires menées dans le cadre de la désobéissance civile dissuaderaient plutôt les Américains de soutenir le combat pour le climat (13 % pour, 46 % contre, 40 % pareil), mais les militants n’en ont cure.

 

Dégonfler les pneus, dégonfler les gros

Ils se moquent des protestations des propriétaires de 4X4 et revendiquent le vandalisme. « Demandes polies et manifestations comme il faut ont échoué, c’est le temps de l’action, et de calmer les possesseurs de SUV. On ne peut pas les raisonner. Ils connaissent la science du climat, et continuent pourtant de posséder leur SUV. Notre seule ressource est de leur pourrir leur possession ». Toute la révolution totalitaire par l’écologisme y est : mépris de la propriété, victimisation moralisatrice, et prétention à agir au nom de la science. Or, bien sûr, « la science » ne dit pas que l’homme réchauffe le climat, ni que le CO2 soit nocif, et elle dit très clairement qu’en matière d’émission de gaz, les 4X4 ne sont rien à côté de l’industrie, l’agriculture ou la marine de commerce. Mais les révolutionnaires n’en ont rien à faire : ils savent que la désobéissance civile est un puissant moyen de manipuler les esprits, et ils savent aussi que les gouvernements qu’ils critiquent participent au même mensonge qu’eux sur le climat.

 

Pauline Mille