Le Billet : Greta Thunberg has-been du climat

Greta Thunberg Has-been Climat
 

Comme le temps passe. Greta Thunberg, la fille aux nattes, a vingt ans, elle porte un bonnet. D’un coup elle nous semble antédiluvienne, venue d’un point lointain de l’espace-temps, d’un autre moment de l’histoire de l’environnement, d’une autre forme de militantisme. Hier, lycéens et étudiants la suivaient par millions tout autour du monde, l’Elysée, le parlement européen, l’ONU l’écoutaient religieusement. Aujourd’hui, elle vient militer en invitée contre une réunion de pétroliers dans un hôtel londonien, la police l’arrête sans ménagements particuliers ni menace d’expulsion. Elle cherche visiblement un second souffle.

 

Avant le covid et les gilets jaunes : Greta Thunberg

Rappelez-vous. C’était en 2018. Avant les gilets jaunes. Avant le covid. Autant dire du temps des dinosaures. Une gamine autiste de quinze ans, soigneusement fabriquée par un industriel suédois et des parents comédiens, lançait ses camarades de classe de la planète dans la rue avec cette idée faramineuse : la grève pour le climat. Non seulement on peut sécher les cours, mais c’est une bonne action, et l’on peut faire la morale aux parents, aux profs, au directeur, à tout le monde, pour inaction climatique et trahison de l’avenir. Christophe Colomb pouvait aller se rhabiller, avec son œuf. On pouvait se payer un voyage à New York en voilier avec de beaux marins et retour en jet, on pouvait hurler à la tribune : « Comment osez-vous ? » Et signer des tribunes pour condamner les ennemis du climat, le patriarcat, le colonialisme, le racisme…

 

Dépassée par les nouveaux militants du climat

Mais l’eau a passé sous les ponts de la pollution. Trois années, pour une fille de quinze ans, c’est vingt pour cent de sa vie. De quoi la bronzer sinon la briser. A tout le moins la faire sortir de mode. Le réchauffement est de plus en plus chaud, les épisodes extrêmes de plus en plus extrêmes, et les grèves pour le climat sont devenues de vieilles lunes : le militantisme 1.0 de Greta semble aux jeunes ce que le premier Atari était à nos laptops modernes. La désobéissance civile a pris le pas, on se colle à la glu, on jette de la sauce tomate sur les toiles de maître, on envahit Roland-Garros et Wimbledon. Extinction Rebellion et Just Stop Oil tiennent le haut du pavé avant d’être démonétisés à leur tour.

 

Comme tout has-been, Greta Thunberg cherche un come-back

Alors Greta a repris du service à un échelon plus raisonnable. Un peu comme Valéry Giscard d’Estaing, battu à la présidentielle de 1981, est repassé par la case du conseil général. Elle vient de participer à Londres devant l’hôtel Intercontinental, portant un badge « dehors l’argent du pétrole », à une manifestation organisée par l’association Fossil Free London contre une réunion de l’industrie pétrolière. Fossil Free est un vaste réseau international, dont l’objet social est de chasser des grandes villes les énergies fossiles et les banques qui concourent à les financer. Avant d’être arrêtée, Greta Thunberg avait contribué à bloquer la rue et empêcher plusieurs participants importants d’accéder à la conférence. Elle ne risque rien, puisqu’en Angleterre l’expulsion ne frappe que les condamnés à plus d’un an de prison. Elle semble très calme et souriante. A la recherche d’images à la télévision, d’un second souffle et d’un come-back. Parfaitement anodine : elle n’est quelque chose aujourd’hui que par ce qu’elle a paru être quelque chose un moment. C’est la définition du politicien has been.

 

Pauline Mille