Démission de Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump

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Après plusieurs jours de controverse, Donald Trump a reçu lundi soir la démission de son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn. C’est la révélation d’une conversation téléphonique entre l’ancien général, sans poste officiel encore, et l’ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kislyak, qui a mis le feu aux poudres. Cette controverse révèle le poids de l’hostilité d’une partie de la classe politique américaine à l’égard de la Russie et des défenseurs du rapprochement américano-russe, et à l’égard de Donald Trump.
 
Le 29 décembre dernier, le jour où Obama annonçait des sanctions à l’encontre de la Russie pour interférences dans la campagne présidentielle, Michael Flynn, sans poste officiel, aurait laissé entendre à Kislyak que les Etats-Unis lèveraient ces sanctions lorsque Trump accéderait à la Maison Blanche. Faut-il y voir un hasard de calendrier ? Le lendemain du 29 décembre, le président russe Vladimir Poutine annonçait que son gouvernement n’exercerait pas de représailles sur les Etats-Unis. Flynn est accusé d’avoir cherché à influencer un pays étranger alors qu’il n’était pas officiellement en poste, ce qu’interdit la loi américaine par le Logan Act.
 

Démission de Michael Flynn sous le coup du Logan Act

 
La conversation téléphonique en question a été révélée pour la première fois le 13 janvier par le Washington Post. Deux jours plus tard, sur CBS, le vice-président américain Mike Pence était catégorique : « Leurs discussions n’avaient aucun rapport avec la décision des Etats-Unis d’expulser des diplomates ou d’imposer une censure à la Russie. » Flynn lui-même, interviewé par le Post en milieu de semaine dernière, maintenait cette position.
 
C’est la coïncidence des événements en cette fameuse journée du 29 décembre qui a décidé le FBI à faire des recherches sur les conversations téléphoniques de Flynn pendant cette période. Le Post évoque des entretiens avec neuf anciens hauts fonctionnaires, qui tous ont affirmé que Flynn avait explicitement fait référence aux sanctions d’Obama. Pour deux d’entre eux, il aurait poussé la Russie à renoncer à toute réaction excessive, disant clairement que les deux parties pourraient reconsidérer la question une fois Trump à la Maison Blanche. « Kislyak a eu l’impression que les sanctions seraient réexaminées à l’avenir », explique l’un d’entre eux.
 

Donald Trump reçoit la démission de son conseiller à la sécurité nationale

 
La lettre de démission de Flynn est finalement arrivée lundi soir ; le général n’y livre aucun commentaire sur ses discussions avec Kislyak à propos des sanctions ; il reconnaît simplement qu’il a pu livrer des informations incomplètes au président et au vice-président à ce sujet. Suit une présentation d’excuses.
 
Si Flynn a dû démissionner, c’est surtout parce que la confiance a été perdue, et non en raison d’un réel danger légal. D’ailleurs, le Logan Act n’avait jamais été utilisé auparavant. D’après les personnalités politiques interrogées par le Post, « des Américains en vue, qu’ils fassent partie ou non du gouvernement, sont si souvent en communication avec des personnalités officielles étrangères que pointer une personne du doigt, en particulier lorsqu’elle est sur le point d’avoir un poste clé à la Maison Blanche, ressemble à de la persécution politique ».
 

La démission de Flynn, l’effet d’une vengeance anonyme ?

 
En effet, Flynn, ancien directeur de la Defense Intelligence Agency, avait été démis de ses fonctions en 2014 par Obama et s’était fait beaucoup d’ennemis dans le secteur du renseignement. Les fuites sur cette conversation téléphonique, qui sont toutes de source anonyme, ne seraient-elles qu’une forme de vengeance ? Les acteurs du renseignement, en guerre contre la Russie, ne voient-ils pas aussi d’un mauvais œil le désir de rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie soutenu par Flynn, et par Trump ? L’ancienne administration Obama, hostile à Trump, a pu également jouer un rôle dans cette démission.
 
Quoiqu’il en soit, le général Flynn ne fait plus partie de l’administration du président américain. C’est le lieutenant général Joseph Keith Kellogg qui assurera l’intérim à ce poste selon la Maison Blanche.