« Mon boulot ce soir est de vous dire merci et Joyeux Noël » a déclaré John Boehner, président républicain de la Chambre des représentants des Etats-Unis après que le budget a été adopté par 219 voix contre 206, au terme d’une journée de débats intenses au Congrès.
Alors que l’Etat fédéral n’était financé que jusqu’à jeudi minuit, la Chambre des représentants a adopté peu avant 22h une loi valable jusqu’en septembre 2015. Le Sénat a désormais jusqu’à samedi pour voter le texte en dernière lecture.
Une partie des Démocrates s’est opposée à cette loi de finances parce qu’elle comporte une disposition prise à la demande et au bénéfice du secteur bancaire : les banques avaient obligation jusqu’ici à traiter certaines de leurs transactions sur les produits dérivés dans des entités distinctes qui ne sont pas assurées par la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) qui assure les banques commerciales. Un article abroge désormais cette obligation.
L’alliance des Démocrates et des Républicains
La patronne de la minorité démocrate, Nancy Pelosi, s’est logiquement dite « atterrée » et a voté contre la loi. Mais Barack Obama a pris son téléphone pour convaincre ses amis démocrates que la loi était le meilleur compromis possible à ce stade, et son intervention a payé.
Un autre élément entrait en effet en ligne de compte. Le récent décret présidentiel sur la régularisation des immigrés clandestins provoquait un rejet des Républicains. Il s’agissait de savoir s’ils allaient financer l’agence du département de la Sécurité intérieure, dont dépendent les services d’immigration, chargée de financer la décision annoncée.
Une loi de finances scandaleuse
Le compromis trouvé dans la présente loi des finances prévoit de financer cette agence jusqu’au 27 février 2015 et il s’agit d’une victoire éclatante pour Barak Obama. A cette date, les Républicains seront majoritaires dans les deux chambres du Congrès, renouvelées en fonction des récentes législatives, et ils ont annoncé leur intention de couper les crédits à l’agence concernée. Mais il s’agit d’un trucage verbal de la part des dirigeants du Grand old party : en effet, la mise en œuvre du décret aura commencé et il ne sera plus possible de le bloquer. De nombreux Républicains demandaient donc que les crédits de l’agence soient coupés dès maintenant, dans la loi de finances. Leurs dirigeants ont refusé, invoquant la possibilité d’une « paralysie du gouvernement ». Un mauvais prétexte puisque seule l’agence incriminée aurait été touchée.
Le marché apparaît maintenant clairement : une part des Démocrates a fait plaisir aux banques, une part des Républicains a fait le jeu du lobby de l’immigration, et John Boehner a fait adopter cette loi de finances, avec le ferme soutien de Barack Obama, contre la volonté du peuple américain, et contre le maintien de règles prudentielles. Le Père Noël a fait une large distribution de cadeaux empoisonnés…