Dénatalité : la pandémie cachée et le vrai problème de la population

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Deux nouvelles de ces derniers jours pour commencer : la chute de la natalité se confirme en France, avec une baisse de 7 % au premier semestre 2023 : seuls 314.000 bébés ont vu le jour, soit 24.000 de moins qu’en 2022 sur la même période. Le taux de natalité suisse, lui, est retombé à son plus bas niveau depuis 20 ans, avec 82.000 naissances en 2022, une baisse de 8,5 % par rapport à l’année précédente. La population mondiale décroîtra à brève échéance à l’échelle de l’histoire ; dans certains pays, ce sera l’implosion, au point qu’on peut imaginer que des nations seront rayées de la carte. La nation n’est-elle pas le pays où l’on naît ? La véritable pandémie en cours, cachée, est bien celle-là : celle de la dénatalité.

Le mot pandémie fait désormais partie de notre vocabulaire quotidien. Que l’avons-nous entendu au sujet du covid-19, qui a servi à terroriser la population du monde entier et à nous priver d’un nombre de libertés dont il apparaît aujourd’hui que l’humanité est prête à les abandonner s’il s’agit de sauver sa peau. En fait de pandémie, le covid n’aura guère tenu ses promesses. Les derniers chiffres mondiaux font état de 692.500.000 contaminations à travers le monde, et de 664.648.000 guérisons, ce qui laisse environ 6.900.000 morts, soit une mortalité de 1 pour 100 à peine, le virus mortel n’ayant réussi à faucher au demeurant que des personnes généralement très âgées et fragiles qui seraient probablement mortes bientôt d’une autre cause si elles avaient évité l’infection. Et de fait, la courbe de la population mondiale, covid ou pas, a tranquillement continué d’augmenter dans un mouvement qui a commencé vers 1700 et dont l’accélération s’est accentuée vers 1950. On comptait alors environ 2,5 milliards d’hommes sur cette terre. Selon les chiffres officiels, le cap des 8 milliards aurait été franchi en fin d’année dernière et en juillet 2023 nous serions environ 8.049.000.000 sur terre. Aujourd’hui, l’ONU estime que la population plafonnera vers 2080 pour atteindre 10.415 milliards d’âmes. La terre ne serait donc pas près de se vider.

 

La dénatalité frappe les pays les plus peuplés du monde

Cependant, s’il a fallu moins de 23 ans pour passer de 6,148 milliards à un peu plus de 8 milliards en 2023, il faudra plus de 50 ans – à supposer que les statistiques prévisionnelles de l’ONU soient exactes, or elles varient souvent et pêchent le plus souvent par exagération, pour arriver au pic de 10,45 milliards. Autant dire que la natalité est très loin d’être constante, et qu’au contraire même les instances les plus mondialistes commencent à s’alarmer de la vitesse à laquelle s’effondre le taux de natalité au niveau global.

Précisons tout de suite, mais c’est une évidence, que la population mondiale totale se calcule d’une année sur l’autre en ajoutant les naissances et en retranchant les décès. Une belle part de la croissance du nombre d’habitants de cette planète, au 20e siècle surtout, n’a pas été principalement due à un taux de fertilité exceptionnellement haut, mais à un taux de mortalité exceptionnellement bas en comparaison avec les siècles précédents. L’alimentation, l’hygiène, les antibiotiques, les antiseptiques et bien d’autres éléments de la pharmacopée bien plus efficaces que saignées, clystères ou décoctions de plantes des temps jadis ont assuré une longévité impressionnante. Moins d’enfants meurent en bas âge, le nombre des personnes âgées est allé croissant : en un mot, il y a eu une véritable révolution dans la pyramide des âges, différenciée certes, selon les pays, mais sensible partout.

Ce foisonnement de vie, nous disaient les eugénistes et les malthusiens qui sévissent depuis plusieurs siècles mais surtout depuis le 20e, allait très vite épuiser les ressources de la planète et précipités de nombreux pays dans la famine. Paul Ehrlich, qui publia en 1969 son célèbre livre, The Population Bomb, assurait alors que le Royaume-Uni ne parviendrait plus à nourrir sa population au début des années 1980. Ce n’est qu’un exemple parmi des prédictions tout aussi farfelues qui ne se sont jamais réalisées. Au contraire, à mesure que la population s’est accrue, le nombre de calories disponibles par tête est devenu plus important : autrement dit, si la nourriture était équitablement répartie sans intervention délétère de la politique ou de la haine des hommes, si le gaspillage alimentaire était moindre (on l’estime aujourd’hui à 30 % de la production mondiale), si la guerre en Ukraine n’était pas venue perturber la production et la distribution du blé, il y aurait aujourd’hui, malgré les quelques 5 milliards d’hommes supplémentaires depuis le temps où écrivait Ehrlich, davantage de nourriture pour chacun.

 

Nourrir la population ? Les moyens sont là

Le savez-vous ? Les tout-petits Pays-Bas, qui sont un des pays les plus densément peuplés au monde avec 17 millions d’habitants, possèdent de vastes terres agricoles ( dont certaines récupérées sur la mer) et une proposition exceptionnellement forte de maisons individuelles, avec petit jardin, pour les familles, ce qui ne les empêche pas d’être l’un des tous premiers exportateurs de produits agricoles au monde, notamment pour ce qu’il y a de la viande et des produits laitiers, des pommes de terre, des légumes – les tomates, les poivrons, les piments et j’en passe – et bien sûr les fleurs. Il s’agit beaucoup d’agriculture industrielle, et on peut le regretter voire le critiquer. Mais en tout cas il n’y a aujourd’hui, grâce à cet exemple, aucune raison de dire qu’on ne peut pas trouver les moyens de nourrir la planète.

Dans le même temps, la Chine avec ses 1,4 milliards d’habitants à nourrir, exporte des millions de tonnes de tomates, elle est le premier exportateur mondial de champignons et d’asperges de conserve, elle inonde les rayons de nos supermarchés de jus de pomme. L’Inde, qui est en passe de dépasser la Chine en termes de population, exporte du riz, du thé, des produits de la mer et bien d’autres productions alimentaires. Quant au Japon, un des pays les plus « surpeuplés » au monde lui aussi, il a exporté en 2022 pour près de 9 milliards d’euros de produits agricoles, et cherche à augmenter ce chiffre parce que la demande locale décroît.

 

La pandémie cachée : une population qui vieillit dangereusement

Pourquoi donc ? Mais parce que la population japonaise se contracte doucement depuis 2010, et le mouvement s’est accéléré depuis 2020. La pyramide des âges nippone est catastrophique : elle s’effondre quasi continuellement depuis 50 ans et connaît aujourd’hui un taux de fécondité de 1,48 enfants par femme. C’est un peu mieux qu’en 2005, où il se situait à 1,26, mais avec une base de femmes en âge de procréer qui ne cesse de se rétracter. Vu la longévité des Japonais (l’espérance de vie est aux alentours de 85 ans) c’est une société terriblement vieillie qui en est aujourd’hui à compter les berceaux vides et qui fait face à un problème qui est en réalité en train de s’étendre à de nombreuses parties du monde : la difficulté de financer retraite et soins pour les plus âgés.

Ce n’est certes pas un hasard si c’est au Japon que l’on vient de produire un film très sensible sur l’euthanasie : Plan 75, qui imagine avec effroi un temps où toute personne acceptant de se faire supprimer à cet âge reçoit un petit pactole pour pouvoir bien profiter de ces derniers mois de vie.

Nous avons vu que la pandémie de covid n’avait pas réussi à faire baisser de manière perceptible la population mondiale. Mais nous avons compris aussi que cette population change de structure, avec un vieillissement sensible, voire inquiétant ou même catastrophique si on le considère du point de vue de la charge financière qui pèse sur les personnes en âge de travailler.

Au plan mondial, le taux de natalité a connu un effondrement extraordinaire depuis 1950, date où la population mondiale a commencé à croître de manière spectaculaire. Le taux de fertilité mondiale était alors de 5 enfants par femme. En 2000, il avait été quasiment été divisé par deux pour atteindre les 2,7 enfants par femme en moyenne dans le monde. 20 ans plus tard, on avait encore perdu 0,3 points pour tomber à 2,4 enfants par femme, toujours avec d’assez grandes disparités dans le monde. On n’est en aucun cas dans une logique d’augmentation rapide de la population mondiale en raison de l’augmentation des naissances.

Le Niger comptait, en 2020, 6,7 enfants par femme, d’autres pays subsahariens flirtaient avec les 4 ou 5 enfants par femme, le Pakistan en affichait 3,4. Mais ces chiffres vigoureux sont tous en forte baisse : le Niger a plafonné à 7,9 au milieu des années 1980, en 1980 le Pakistan était près de 7 enfants par femme.

 

La dénatalité est telle que les générations ne se renouvellent plus

Aujourd’hui la moitié des pays du monde affiche une natalité égale ou inférieur au taux de remplacement des populations fixé à environ 2,1 enfants par femme, en deçà desquels une population ne se renouvellera pas à la génération suivante.

Un mot de cette valeur. Deux enfants, c’est le nombre moyen d’enfants qu’il faut pour qu’un couple – un homme, une femme – soit remplacé dans la génération suivante. Les familles nombreuses doivent exister pour compenser l’absence d’enfants chez celles qui resteront célibataires, ou qui ne veulent ou ne peuvent avoir d’enfant. On ajoute à ce taux une fraction d’unité pour compenser la mortalité infantile ou précoce ; ainsi que le fait qu’il naît naturellement environ 105 garçons pour 100 filles.

Le taux de 2,1 enfants généralement retenu vaut pour les pays où la mortalité infantile est faible, comme c’est généralement le cas dans les pays développés. Mais pour remplacer les générations dans les pays pauvres à forte mortalité infantile, ce chiffre vaut-il ? La question se pose pour les pays africains comme le Nigeria, la Somalie et le Tchad ou plus de 11 % des nouveau-nés perdent la vie avant un an, contre 0,2 % en Islande et à Hong Kong, 0,3 % en Italie ou 0,4 % en France, qui est désormais au 36e rang mondial.

C’est dire qu’il faut bien plus de 2,1 enfants par femme pour renouveler les générations au Nigeria ou en Somalie, chose que peu de démographes pensent à prendre en compte. Dans ces pays le seuil pourrait se situer plus près de 2,4 enfants par femme ou davantage.

Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est que ce sont des pays très populeux comme la Chine (et bientôt l’Inde) qui connaissent ces taux annonçant la mort plus ou moins lente des nations.

Voici quelques exemples ; Bangladesh, Sri Lanka, Vietnam tournent autour de 2. La Turquie, l’Argentine, le Mexique autour de 1,9. Un peu plus loin, la France affiche une valeur plutôt forte pour l’Europe et les pays développés, à 1,83. Loin du taux de remplacement, de toute façon, et vous pourrez objecter, avec raison, que ce chiffre est notamment dû à l’importante population immigrée.

Aux alentours de 1,7 ou 1,65, bien en deçà de la valeur de remplacement, on trouve l’Iran, le Danemark, la Suède, le Brésil, les Etats-Unis (1,63 : à ce stade-là, il y aura 23 % de population en moins dans la prochaine génération). De nombreux pays européens, mais aussi l’Australie, continent quasi vide, sont parmi les suivants avec une natalité en deçà des 1,6 enfin par femme : le Royaume-Uni est à 1,56, les Pays-Bas ou l’Allemagne, tous pays à forte population immigrée. La Russie dépasse à peine les 1,51 et a perdu un million d’âmes en chiffres absolus depuis l’accession de Poutine au pouvoir.

Puis viennent d’autres pays européens, mais aussi les Emirats arabes unis, et à 1,40 ou moins le Canada, le Portugal, la Pologne, la Grèce, le Japon. Et pour clore ce triste palmarès, la Chine s’effondre à 1,28 enfant par femme, l’Italie à 1,24, l’Espagne et l’Ukraine encore en dessous, mais celle-ci a, si l’on peut dire, l’excuse de la guerre. Ce sont les plus grands pays du monde – en dehors des nations africaines – qui connaissent le plus grave refus de la vie. L’Inde, à 2,05 enfants par femme, sait déjà que sa population va se contracter dans les années à venir, même si pour l’heure, son dividende démographique lui assure de pouvoir bientôt monter sur le podium des nations les plus riches.

 

Le dividende démographique, un concept cynique

Ce concept de dividende démographique est intéressant : il désigne la situation dont peut profiter un pays dont la population en âge de travailler est nombreuse et qui n’a pas encore eu le temps de vieillir, et dont la natalité se contracte, offrant de belles possibilités d’enrichissement alors que les frais occasionnés par les vieux et des petits restent proportionnellement bas. Il y a du cynisme là-dedans, car inéluctablement, ce moment optimal cédera la place aux difficultés qu’engendrera pour les générations montantes le fait de devoir financer de vieillissement de leur population alors que la relève des générations n’aura pas été effectuée faute de naissances.

En tout cas, dans l’ensemble du monde développé et même en Chine, la baisse de la population représente déjà un problème. Ce dernier pays, économie communiste qui a largement bénéficié du soutien des pays occidentaux, notamment grâce à l’entremise de Kissinger sur le plan du libre-échange au début des années 1980, pour en faire l’usine du monde et le siphonneur d’industries des pays développés, a tout fait pour faire diminuer son taux de natalité, depuis les messages publics jusqu’aux avortements forcés. Aujourd’hui, elle s’avère incapable d’inciter la population à procréer. A 1,28 enfants par femme, on s’achemine vers une catastrophe à brève échéance et déjà, l’économie s’en ressent.

Car curieusement, alors que la population en âge de travailler se contracte, les jeunes peinent de plus en plus à trouver un emploi. Les restrictions covid sont passées par là, sans doute, mais on assiste en fait à une disparition des emplois qualifiés et les jeunes sont encouragés à prendre des petits boulots, ce qui ne suffit pas à régler le problème : plus de 20 % des 16 à 24 ans ne trouvent pas de travail. Xi Jinping, président de la Chine et chef du Parti communiste chinois, a dit, début juin, aux diplômés d’université, de « manger de l’amertume » – une expression en mandarin utilisée pour encourager l’interlocuteur à supporter sa mauvaise fortune. Une préfiguration de l’ère des robots qui s’annonce ?

C’est le moment de citer Auguste Comte : « La démographie, c’est le destin. » Et la phrase écrite par Jean Bodin en 1577 : « Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens, vu qu’il n’y a de richesse, ni force que d’hommes. »

Et de se remémorer le premier commandement de Dieu à l’homme : « Croissez et multipliez ».

 

« Croissez et multipliez »

L’objectif de Dieu, nous le connaissons : il est de remplir le ciel de ses enfants pour partager sa gloire et vivre de sa vie. D’ailleurs, quand Dieu crée, Il le fait à foison, il n’est que de voir la multitude des grains de sable et des étoiles, et au-delà le nombre incroyable de galaxies composées elles-mêmes de milliards d’étoiles. La vie est ce don inestimable que Dieu fait, et à l’homme Il fait en outre le don de la raison, de l’âme, de la capacité de jouir avec lui de la vie éternelle, pourvu qu’il use bien de son libre arbitre.

C’est si vrai que dans la Bible, une naissance est toujours célébrée comme un bien, comme un don divin. Aux idolâtries infernales reviennent les massacres sacrificiels à grande échelle, que ce soit par le culte de Moloch dévoreur d’enfants ou celui des dieux des Aztèques réclamant des cœurs et du sang.

Il y a face au don de la vie une haine de la vie et une volonté de destruction de celle-ci, d’empêchement de celle-ci, qui s’appuient sur nos ignorances, nos égoïsmes, nos péchés, nos peurs, et il me semble que c’est là qu’il faille chercher la raison profonde d’une mentalité anti-vie qui à l’époque, paradoxalement, de records de population dans le monde, s’installe de manière souvent sournoise.

Quelles sont en effet les raisons profondes de la dénatalité contemporaine sinon une volonté de minimiser ou de nier la réalité de l’homme fait pour Dieu, de le ravaler au rang d’une simple créature sans âme et sans raison, comme étant de trop ?

Ce « de trop » s’entend à plusieurs niveaux. Au niveau personnel, ou familial, il renvoie au refus de la vie, facilité par la contraception et l’avortement, qui peut avoir de multiples raisons allant du choix de ne pas se compliquer l’existence avec des enfants à de réelles difficultés économiques, de logement, de santé… Difficultés qui peuvent être organisées par les pouvoirs en place.

Au niveau sociétal, politique, il s’agit de choix fait pour la collectivité par le petit nombre, allant de la coercition que l’on l’a vue en Chine avec la politique de l’enfant unique et son cortège de crimes, d’avortement forcés, de stérilisations obligatoires ou rémunérées ou à l’insu des victimes comme cela s’est beaucoup fait en Inde, à l’incitation qui est le fait des grandes organisations internationales et la promotion de la « santé reproductive ». Les programmes d’aide aux pays en voie de développement exigeant la diffusion de la contraception en échange d’argent international en sont un exemple criant. Tout cela se fait au nom de la lutte contre la surpopulation, de l’écologie, de la lutte contre la faim dans le monde, et au moyen de pratiques intrinsèquement mauvaises que sont la contraception dite « moderne » et l’avortement à très grande échelle. Soulignons qu’en même temps, la régulation naturelle des naissances et la promotion médiatique des moyens techniques qui répondent ou répondront aux besoins de la population sont « oubliées ».

 

2,5 milliards d’enfants manquent à l’appel

Si l’on retient une estimation basse du nombre d’avortements annuels dans le monde depuis 50 ans, soit environ 50 millions d’avortement légaux par an, on arrive au chiffre terrifiant de 2,5 milliards d’enfants supprimés dans le ventre de leur mère depuis 1973. À quoi s’ajoutent les avortements très précoces, « inconscients », provoqués par les différentes formes de contraception qui ont pour effet occasionnel ou principal d’empêcher l’enfant conçu de s’implanter dans le sein de sa mère. Nous sommes plongés dans un environnement de mort comme la terre n’en a jamais connu.

En fermant la porte à l’avenir par le refus des naissances, on bouleverse la nature même du mariage et de la famille, qui n’existent plus pour la procréation et pour les enfants mais pour l’agrément personnel. Le divorce facile, la dénaturation du mariage ouvert désormais « à tous », le trafic de la fécondité par la procréation artificielle (un enfant uniquement quand on veut, et comme on veut) ou la gestation par autrui sont tous liés au refus de la vie comme don de Dieu.

Cet état de choses porte en lui sa propre condamnation. La dénatalité a pour effet les problèmes économiques et sociaux liés au vieillissement – saviez-vous qu’en Chine, il y a une épidémie de suicide de veuves âgées laissées pour compte, qui ne veulent pas être à la charge de leur famille ? Et il ne s’agit pas seulement des coûts liés aux retraites et aux soins des personnes âgées, mais de la contraction de la force de travail et, par voie de ricochet, les crises économiques, les difficultés encore plus grandes à accueillir la vie, la tentative de règlement de cet état de choses par l’immigration. Que la culture de mort où nous sommes plongés envisage la « solution » de l’euthanasie n’a rien d’étonnant : sous couvert d’augmenter l’autonomie individuelle et de prévenir les souffrances des plus malades et des plus atteints, elle est un moyen de réguler la vieillesse.

Mais comment la dénatalité actuelle a-t-elle pu s’installer dans le monde ?

Au début, et dans le sillage du malthusianisme et du darwinisme, elle a été le fruit mortel du mépris pour les plus faibles et des pauvres. On parle beaucoup de l’eugénisme nazi mais moins de la fondatrice américaine du planning familial, Margaret Sanger.

C’était une infirmière américaine qui fonda la première clinique de contrôle de la population aux Etats-Unis à New York en 1916. Sanger militait en faveur du contrôle de la croissance démographique de la race noire aux Etats-Unis ; c’est pourquoi elle créa en 1921 l’American Birth Control League qui devint en 1942 la Planned Parenthood Federation of America (PPFA) qui, en association avec d’autres organisations internationales, créa en 1952 l’International Planned Parenthood Federation (IPPF), dont elle fut la présidente jusqu’en 1959.

 

Eugénisme et mépris des pauvres

Il convient de rappeler les propos tenus par Sanger elle-même pour justifier la ségrégation des handicapés, lorsqu’elle a déclaré dans Population Control and Women’s Health (1917) : « Au début de l’histoire de la race, la soi-disant “loi naturelle” [c’est-à-dire la sélection naturelle] régnait sans interférence. Sous sa férule impitoyable, seuls les plus forts, les plus courageux, pouvaient vivre et devenir les géniteurs de la race. Les faibles mouraient prématurément ou étaient tués. Aujourd’hui, cependant, la civilisation a apporté la compassion, la pitié, la tendresse et d’autres sentiments nobles et dignes, qui interfèrent avec la loi de la sélection naturelle. Nous nous trouvons dans une situation où nos institutions caritatives, nos actes destinés à compenser les manques, nos pensions, nos hôpitaux, même nos infrastructures de base, tendent à maintenir en vie les malades et les faibles, qui sont autorisés à se propager et à produire ainsi une race de dégénérés. »

Du côté du communisme, c’est dès les débuts de la Révolution bolchevique que le refus de la vie a été érigé en une sorte de droit de l’homme, puisque la Russie de Lénine fut pionnière dans la légalisation de l’union libre et de l’avortement.

Mais le monde occidental n’a pas été en reste au 20e siècle avec sa promotion de la contraception pour lui-même et pour les pays pauvres.

Aux Etats-Unis, le rapport Kissinger NSSM200, repris pour former le cadre officiel de la politique étrangère des Etats-Unis par Gérald Ford en novembre 1975 dans un document connu sous le nom de NSDM 314, tous deux déclassifiés au début des années 1990, affirment clairement que la réduction de la population humaine des nations non développées pourrait faciliter l’accès aux ressources naturelles, réduire leur puissance politique et assurer la tranquillité du business américain à l’étranger préservé de la gérance des nations cherchant à obtenir les biens nécessaires à leurs populations croissantes.

Les objectifs du rapport Kissinger étaient étonnamment précis : entreprendre des actions pour accompagner l’accroissement de la population jusqu’à 6 milliards au milieu du 21e siècle afin que celui-ci ne s’accompagne pas de famine généralisée ni d’absence totale d’espoir de développement, mais aussi faire tout pour limiter la population mondiale à un maximum d’environ 8 milliards.

Et pour y parvenir, le rapport Kissinger propose d’intensifier la recherche sur la fécondité et la contraception, le doublement de la recherche biomédicale, la mise en œuvre expérimentale des technologies existantes dans le domaine et la recherche sur de nouvelles technologies, le développement des contraceptifs oraux et intra-utérin, la multiplication des moyens de stérilisation des hommes et des femmes, la proposition de contraceptifs injectés (cela se fait aujourd’hui largement dans les pays d’Amérique latine par exemple). Le tout avec des estimations budgétaires.

 

Du rapport Kissinger à la santé reproductive

C’est dans ce rapport qu’il fut proposé pour la première fois d’incorporer la contraception parmi l’ensemble de l’offre des soins de santé. Nous en voyons aujourd’hui un exemple formidable avec les objectifs du développement durable de l’ONU pour 2030 qui comprennent d’accès universel à ce qu’on appelle la santé reproductive : si les choses ont évolué, c’est dans la mesure où l’avortement légal et sûr, comme ils disent, en fait aujourd’hui également partie.

Cette inclusion avait pour objectif affiché de rendre ces pratiques acceptables au niveau national et individuel dans les pays visés.

Mais ce malthusianisme est loin de n’avoir frappé que les pays pauvres ; au contraire les pays chrétiens d’Occident ont été envahies par la mentalité contraceptive, au rythme de l’émancipation de la femme et de la difficulté croissante pour les familles de se loger et de se nourrir avec un seul salaire.

Cette politique anti-vie s’est étendue aux Nations unies notamment par le biais du Fond des Nations unies pour la population (FNUAP), sous couleur de promouvoir une situation où chaque grossesse serait désirée et où chaque naissance se déroulerait en sécurité. Dans la réalité, l’agence onusienne affiche parmi ses premiers moyens d’action la distribution de contraceptifs et la fourniture de procédures chirurgicales limitant la fécondité. Et l’on sait que le FNUAP a donné de l’argent à la Chine pour mettre en œuvre sa criminelle politique de l’enfant unique ou encore à l’Inde pour des programmes de stérilisation forcées qui se sont fait connaître notamment en 2014 lorsque des dizaines de femmes sont mortes dans des camps de stérilisation où elles s’étaient rendues dans l’espoir d’obtenir quelque avantage social.

Autre exemple le système d’assurance santé de la ville de Mexico a cherché en 2015 à obliger les femmes assurées à avoir recours à un contraceptif de longue durée pour pouvoir être couvertes.

Les organismes internationaux sont appuyés par des fondations privées au pouvoir quasi étatique. On pense à la Fondation Bill et Melinda Gates, à la Fondation Hewlett Packard, et d’innombrables autres ayant pignon sur rue et qui, oh surprise, font aussi la promotion de la DEI : diversité, équité, inclusion en faveur de l’idéologie LGBT, du « mariage gay » et de l’égalité de genre. Cela n’est pas sans lien avec la promotion de la dénatalité, puisqu’il est bien connu que seuls les couples composés d’un homme et d’une femme sont naturellement féconds et que le mariage traditionnel et stable constitue le cadre où naissent le plus d’enfants.

 

Virus mortel ?

Les personnalités de premier plan ne sont pas moins actives dans la propagande et la mise en œuvre de programmes pour limiter la fécondité humaine. Le roi Charles – après son père le duc d’Edimbourg qui avait rêvé à voix haute de se réincarner en virus mortel pour contribuer à résoudre le problème de la surpopulation mondiale – le roi Charles donc, est un grand admirateur de Paul Ehrlich qui a pu avec sa femme Anne publié un rapport sous l’égide de la Fondation royale britannique pour déclarer :

« Ce serait une tâche monumentale, vu la dynamique de la croissance de la population. Monumentale, mais non point impossible, si la politique pouvait être programmée de manière globale pour donner aux femmes les pleins droits, l’éducation et les opportunités de travail, et pour doter tous les êtres humains sexuellement actifs des contraceptifs modernes et de l’avortement de secours. Jusqu’à quel point de telles mesures réduiraient la fertilité demeure controversé mais elles sont probablement de l’ordre du gagnant-gagnant pour les sociétés. »

Le prince William a pris la suite en déclarant par deux fois, en 2017 et en 2021, la population africaine responsable de la disparition des espèces sauvages. Cela lui a attiré des remarques parce qu’il a lui-même trois enfants, autrement dit, l’idée que l’homme doit renoncer à se multiplier est décidément bien ancrée dans les esprits.

Le milliardaire Warren Buffett s’est engagé en 2021 à contribuer 4,1 milliards de dollars à des œuvres philanthropiques qui ont en commun de financer des programmes d’avortement, de diffusion de la contraception et de propagande pour la limitation des naissances.

La philanthropie, en l’occurrence, cache sous des objectifs nobles de réduction de la faim et de la misère une haine de l’homme qui contredit son étymologie. De plus en plus, l’homme est considéré comme un être malfaisant, prédateur, certes, mais aussi nuisible et accusé de prolifération. C’est un discours extrêmement présent dans le monde de l’écologie subvertie.

Et on peut dire que la propagande a largement fonctionné, au vu de la baisse mondiale de la fécondité.

Pourquoi les familles ont-elles moins d’enfants ? D’abord parce qu’il y a moins de familles, la crise du mariage n’est pas un vain mot.

 

L’accès des femmes à l’éducation (et leur soumission à la propagande)

Une très importante raison de la dénatalité, dont le Forum économique mondial par exemple s’empare dès lors qu’il est question de réduire la surpopulation, est l’accès des femmes à l’éducation. Plus leur formation est longue, moins elles auront d’enfants (il s’agit ici bien sûr de grandes tendances statistiques et non de constats individuels).

Les raisons semblent en être multiples : elles se mettent en couple plus tard, elles acquièrent la possibilité de subvenir à leurs propres besoins en travaillant et optent (mais souvent poussées par les circonstances) pour le travail rémunéré plutôt que pour le statut de femme au foyer ; celles qui peuvent faire carrière doivent en assurer le déroulé pendant leurs années les plus fertiles, elles ont plus de mal alors à trouver un partenaire car elles ont tendance à vouloir choisir un homme qui ait plus de revenus qu’elles ; elles commencent à vouloir procréer à un âge où elles sont déjà moins fertiles, et tout cela diminue leur descendance finale.

L’éducation – tout comme les images véhiculées par le cinéma, la télévision, les séries – comporte au demeurant de fortes incitations à ces choix de vie, au travers du développement individuel, d’une soi-disant éducation sexuelle qui dissocie autant que faire se peut l’activité sexuelle de la procréation, et bien sûr du discours sur les dangers qui menacent la planète.

Est-ce à dire que l’éducation des femmes serait à proscrire ? Evidemment non. Mais il serait certainement temps d’en revoir les contenus et les a priori, et sans doute aussi de faciliter aux femmes le fait de s’absenter du marché du travail au début de leur carrière afin qu’elles puissent se marier et avoir et élever le nombre d’enfants que leur famille peut accueillir sans être pénalisées pour autant.

Stephen Shaw, auteur du film Birth Gap (le fossé des naissances) pointe même une infécondité involontaire. Selon lui, seuls 5 % de la population ne veulent pas avoir d’enfants du tout pour diverses raisons. Mais aujourd’hui, entre 30 et 40 % des femmes en âge de procréer dans les pays développés n’ont aucun enfant, ce qui veut dire que la grande majorité des femmes sans enfant dans ces pays se trouvent dans cette situation sans l’avoir voulu.

« J’ai compris que quelque chose n’allait pas, quand j’ai vu que la même tendance se dessinait en Allemagne, en Italie et au Japon, puis en Corée du Sud où cela s’est produit arrivée un peu plus tard. Quelque chose a été déclenché au début des années 1970 au Japon, en Allemagne, en Italie, et vous pouvez y ajouter l’Espagne, le Portugal, la Suisse, l’Autriche pour créer une série de tendances parallèles », explique Shaw dans une interview avec Jordan Peterson.

 

L’infécondité involontaire

« Si vous prenez les données pour le Japon et que vous regardez 1973, juste avant la chute des taux de natalité, les pourcentages de femmes ayant 1, 2, 3, 4… enfants sont identiques aujourd’hui à ce qu’ils étaient à l’époque. En 1973, 6 % des femmes avaient quatre enfants de plus. Aujourd’hui, c’est exactement la même proportion : 6 % (de celles qui ont eu des enfants). Nous avons découvert au Japon, en 1974, année intéressante, une explosion de l’infécondité, qui est passée de 3 % à 6 %, puis à 15 %, puis à 21 % et même à plus de 30 % en l’espace d’environ quatre ans. Il s’est passé la même chose en Italie, et la même chose en Allemagne. En quatre ans ! En quatre ans, c’est un choc, qu’on appelle le choc des bébés. Si vous regardez la Corée du Sud au milieu des années 1990, au beau milieu d’un choc monétaire, vous verrez que le taux des sans enfants était déjà d’environ 15 %. Soudain, il est passé à 30 %. Aujourd’hui, il est de 40 %. »

Et il observe :

« Les taux de natalité inférieurs au seuil de remplacement s’inscrivent dans une spirale descendante. On ne les a jamais vus s’arrêter. Si vous avez moins d’enfants qu’il n’en faut pour remplacer la génération d’un parent, une fois que cette génération aura grandi, ils resteront bas, nous apprend l’histoire. Une fois qu’ils sont bas, il y a moins d’enfants, et à partir de là moins de naissances encore. (…) Quand on cherche des exemples d’une société qui revient à un niveau de remplacement, on se rend compte qu’il n’y en a pas. (…) Il n’y a aucun exemple d’un pays qui soit revenu à un niveau de remplacement. »

 

L’implosion démographique

Et le mécanisme macroéconomique de cette implosion démographique est bien connu : macro-économiquement, les inactifs, enfants et personnes âgées, situés en bas et en haut de la pyramide des âges, pèsent sur les actifs, situés au milieu de cette pyramide. Or les personnes âgées coûtent beaucoup plus cher à la société que les enfants. Quand la pyramide des âges s’inverse pour avoir une base très fine et un sommet très large, le poids des inactifs âgés devient trop lourd financièrement pour les actifs qui n’ont plus les moyens économiques d’avoir les enfants qu’ils souhaiteraient et se retrouvent en situation d’infécondité involontaire. Les générations actives ne peuvent plus se renouveler, réduisant encore la base de la pyramide des âges et la tranche des actifs des prochaines générations. Le phénomène s’auto-entretient donc, et l’histoire nous apprend qu’il n’a jamais été brisé.

La Chine s’y essaie, catastrophée par les effets de sa politique de l’enfant unique : elle autorise trois enfants mais son taux de fécondité ne cesse de chuter. Les raisons sont le plus souvent économiques : le coût d’un enfant et de sa formation y sont faramineux, alors que les revenus des Chinois ne représentent que 44 % du PIB contre 65 % aux Etats-Unis, et le coût de l’immobilier est très élevé : l’économie est socialiste, et elle défavorise la famille. Mais on constate aussi la chute des mariages (- 10 % entre 2022 et 2023) ; le taux de natalité n’a jamais été aussi bas ni le taux de mortalité aussi élevé. En outre, le fait d’avoir un seul enfant est devenu une sorte de norme sociale. Il y a également un fort excédent d’hommes par rapport aux femmes – en raison de la politique de l’enfant unique et des avortements sélectifs, un vrai génocide…

Yi Fuxian, gynécologue obstétricien et chercheur à l’université de Wisconsin-Madison, écrivait en février de cette année une tribune intitulée : « La Chine se meurt », dont je vous cite la conclusion.

« Les effets de ce déclin démographique seront aggravés par un vieillissement rapide, qui ralentira la croissance chinoise et augmentera probablement la dette publique. La proportion de Chinois âgés de 65 ans et plus passera de 14 % en 2020 à 35 % en 2050. Alors qu’en 2020, cinq travailleurs âgés de 20 à 64 ans assuraient la subsistance de chaque personne âgée de 65 ans et plus, le ratio continuera de diminuer pour atteindre 2,4 travailleurs en 2035 et 1,6 en 2050. À ce moment-là, la crise des retraites en Chine se transformera en catastrophe humanitaire. Les femmes, qui vivent en moyenne 6 à 7 ans de plus que les hommes et sont généralement plus jeunes de quelques années que leurs conjoints, paieront en fin de compte le prix de ce douloureux changement démographique. »

 

Eco-anxiété

Mais il y a aussi de plus en plus d’infécondité volontaire, alimentée notamment par l’éco-anxiété. Voici les propos récents de Clémentine Jallais sur reinformation.tv :

Une enquête menée par Morning Consult à la demande de Hewlett Packard auprès de 5.000 parents du Mexique, d’Inde, de Singapour, du Royaume-Uni et des Etats-Unis ont été interrogés à propos de l’impact de la soi-disant « crise climatique » sur leurs décisions d’achat et de style de vie.

On aurait pu s’attendre à des résultats mitigés avec un tel panel, relativement éclectique, mêlant monde anglosaxon et pays émergents. Les chiffres, pourtant, sont sans appel. 91 % des parents interrogés ont déclaré qu’ils étaient « préoccupés par la crise climatique » et 53 % ont déclaré que cette préoccupation « a eu un impact sur leur perspective d’avoir davantage d’enfants ».

Si l’on va plus loin dans les chiffres, les parents étaient les plus préoccupés par la hausse des températures (62 %), les pénuries d’eau (51 %), les événements météorologiques importants (43 %) et la montée du niveau de la mer (43 %).

Elle citait également Rémy Verlyck, directeur général du think tank Familles Durables, qui dans une tribune du Figarovox, en décembre 2021, affirmait « si la procréation n’a quasiment aucun impact sur le dérèglement climatique, le vieillissement de la population aura de profonds impacts économiques, sociaux et géopolitiques ». Même des climato-alarmistes remettent aujourd’hui en cause l’effet que pourrait avoir une diminution des naissances sur le « changement climatique » (pardon, il faut dire « ébullition globale » aujourd’hui !) dont la réalité est relative et l’origine anthropique tout à fait discutable.

Reste l’Afrique. Faut-il en avoir peur ?

Je terminerai ce tour du monde très pointilliste en rappelant ce qu’affirmait Steven Mosher, fondateur et président du Population Research Institute, pour qui « la bombe démographique a fait pschitt ».

Les taux de natalité en Afrique sub-saharienne sont restés élevés, et les adeptes du Population Bomb se sont emparés de ce fait pour justifier la poursuite de leur guerre contre les êtres humains. (…)

Leur argumentaire de levée de fonds était très simple : à moins de vouloir deux milliards d’Africains de plus sur la planète, il fallait continuer à injecter des milliards dans leurs programmes. Le racisme implicite était palpable.

Le seul problème que pose leur discours est celui-ci : le taux de natalité, même sur le continent africain, est en train de chuter plus fortement et plus vite qu’on ne l’aurait jamais imaginé. (…)

Prenez le Club de Rome. Il n’y a pas si longtemps, ce groupe maçonnique, basé dans la capitale italienne, avertissait que la fin était proche. La croissance démographique et la consommation des ressources incontrôlées allaient conduire à un effondrement économique en l’espace de quelques décennies, prédisait le Club dans son best-seller de 1972, The Limits to Growth (Les limites de la croissance).

Aujourd’hui, le Club de Rome laisse entendre que la bombe démographique pourrait ne jamais exploser. Il reconnaît même que la population de l’Afrique subsaharienne pourrait atteindre son maximum dès 2060, puis commencer à décliner, suivant le reste du monde dans la sénescence démographique, c’est-à-dire le vieillissement et la mort. (…)

Le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, a longtemps été considéré comme l’horrible exemple d’une croissance démographique incontrôlée. Il y a dix ans, les Nations unies prévoyaient que la population du Nigeria atteindrait 900 millions d’habitants en 2100. Ses dernières estimations ont revu ce chiffre à la baisse en y retranchant 350 millions – et elles sont encore trop élevées. Selon toute vraisemblance, la population du pays, qui s’élève actuellement à 213 millions d’habitants, doublera d’ici à 2060, puis commencera à décliner. (…)

The Economist écrit ainsi : « Le cas le plus remarquable est celui du Nigéria, où une enquête réalisée en 2021 sous l’égide des Nations unies a révélé que le taux de fécondité était passé de 5,8 enfants par femme il y a cinq ans à peine, à 4,6 enfants par femme. Ce chiffre semble être largement confirmé par une autre enquête, cette fois parrainée par l’USAID, l’agence d’aide américaine, qui a constaté un taux de fécondité de 4,8 en 2021, alors qu’il était de 6,1 en 2010. » (…)

La population mondiale atteindra son apogée vers 2050, à moins de 9 milliards d’habitants.

Ce qu’il adviendra de la population mondiale après 2050 dépendra des choix de fécondité de ceux qui ne sont pas encore nés, et il est impossible de faire des prévisions précises à ce sujet. Mais toutes les tendances actuelles sont à la baisse. En 1970, les femmes du monde entier avaient en moyenne 5 enfants. Ce chiffre est tombé à 2,6 en 2002 – ce qui n’est pas très éloigné du taux de fécondité de remplacement de 2,3 – et il devrait tomber à 1,54 enfant par femme d’ici à 2050. (…)

Le nombre de personnes âgées montera en flèche et la population mondiale sera en chute libre. (…)

Tel est le véritable problème démographique.

Ce sont les familles nombreuses d’aujourd’hui, généreuses et soucieuses de remplir le ciel après avoir peuplé la terre, qui seront saluées demain comme ayant tout compris.

 

Jeanne Smits