La dépouille du général Franco restera au Valle de los Caídos

dépouille général Franco Valle Caídos
 
Ni le général Francisco Franco ni Jose Antonio Primo de Rivera ne vont quitter leurs mausolées au monument aux morts de la Guerre d’Espagne, le Valle de los Caídos – « la Vallée de ceux qui sont tombés ». Le transfert de leurs dépouilles était demandé par l’ex-juge Baltasar Garzón. Celui-ci vient de voir rejeter son recours présenté devant la chambre du contentieux administratif du Tribunal Suprême d’Espagne contre un premier refus opposé par le gouvernement.
 
Selon des sources judiciaires citées par le quotidien espagnol ABC, la décision de la quatrième section de la chambre du contentieux administratif rejette formellement la demande présentée devant le Conseil des ministres par l’ex-juge et ses avocats en vue de transformer le Valle de los Caídos en « Espace de Mémoire », sans les tombes du général Franco et de Jose Antonio, le tout assorti d’une demande officielle de pardon par l’État aux victimes de la guerre civile et de la « dictature ».
 

Le Valle de los Caídos, mémoire de toutes les victimes de la Guerre d’Espagne

 
Dès l’origine, le Valle de los Caídos a accueilli les victimes des deux camps de la guerre de 1936, républicains comme nationalistes, ainsi que les grandes figures de la résistance au communisme que sont Franco et Primo de Rivera, fondateur de la Phalange.
 
L’ex-juge Baltasar Garzón est ce magistrat qui a cherché à utiliser les règles du droit international pour inculper en Espagne les responsables de « crimes contre l’humanité » commis selon lui en Argentine au Chili par des régimes anticommunistes – il voulait notamment faire juger le général Pinochet. Il a été suspendu pour 11 ans en tant que magistrat en 2012 pour avoir ordonné l’écoute et l’enregistrement illégaux de discussions entre suspects incarcérés et leurs avocats.
 
Personnalité à l’ego démesuré, Garzón profite de ses loisirs pour continuer ses combats. La demande relative au transfert de la dépouille du général Franco « dans un lieu à déterminer par sa famille » a ainsi été déposée pour marquer le 40e anniversaire de sa mort, le 20 novembre 1975. L’ex-magistrat demandait également la suppression de toute la symbologie franquiste et des actes commémoratifs qui ont lieu au Valle de los Caídos et qui, estime-t-il, « peuvent inciter à la haine ».
 

Manœuvre ratée de Baltasar Garzon pour faire transférer la dépouille du général Franco

 
La demande visait également l’exhumation et l’identification des restes de toutes les victimes enterrées dans la basilique, aux frais de l’Etat, assortie d’une convocation du Parlement en vue de faire « demander pardon aux victimes du franquisme et à leurs familles en guise de pleine reconnaissance et de réparation morale » par les autorités compétentes de l’Etat.
 
Il s’agissait également d’annuler et de faire déroger aux normes qui ont présidé à la création de la basilique et de la Fondation de la « Santa Cruz del Valle de los Caídos », datant de 1940 pour la première et de 1957 pour la seconde, qui contredisent selon l’ex-juge Garzón la constitution espagnole et la loi de mémoire historique.
 
Celui-ci s’était dit « indigné », avant la publication de la décision du Tribunal suprême, par les refus répétés opposés à ses demandes, affirmant que la plus haute juridiction espagnole avait « la responsabilité historique de dépasser cette phase » : « Je ne comprends pas cette insistance obstinée à ne toucher à rien. » La justice espagnole ne s’est pas montrée sensible à son interpellation.
 

Anne Dolhein