Aucun avis contradictoire ? Un député dénonce une enquête covid idéologique

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La grogne monte de l’autre côté de la Manche où la grande et coûteuse enquête covid fait l’objet de de critiques croissantes. Une lettre signée de plus de cinquante scientifiques vient d’enfoncer le clou en déclarant qu’elle fait tout l’inverse de ce qu’elle devrait, à savoir questionner toutes les opinions afin d’évaluer véritablement les erreurs commises et, si c’est nécessaire, et ça l’est, de se remettre en question. Mais, très visiblement, ce n’est pas ce qui est souhaité. Le député conservateur Jacob Rees-Mogg, ancien leader de la Chambre des Communes, a dénoncé qu’en fait d’enquête, c’est plutôt « une affaire idéologique », une justification politique, dénuée de tout réalisme, à la fois du passé et pourquoi pas du futur : préparerait-on le peuple à de prochains confinements ?

 

Le processus « ne remplit pas sa mission »

Des députés et des groupes de défense citoyens avaient déjà averti de cet écueil à la forme d’un iceberg, mais c’est la première fois que les scientifiques montent au créneau, signe d’une évidence devenue trop grosse. Ils sont professeurs, universitaires, et pour eux, c’est sans appel : l’enquête covid semble être « fondamentalement biaisée » en ce qu’elle ne parvient pas (ou ne cherche pas?) à évaluer les erreurs commises pendant la pandémie, et si les mesures covid étaient appropriées.

Pire, dans l’état actuel des choses, les conclusions jugées « prédéterminées » pourraient faire advenir, « par exemple, un confinement plus rapide la prochaine fois »… Pour la simple raison que l’enquête néglige d’entendre les témoignages de ceux qui ont souffert des « effets négatifs » des décisions politiques, ou des scientifiques qui ne sont pas d’accord avec les choix faits par le gouvernement.

La lettre, publiée mardi, comprend des personnalités issues de diverses universités ainsi que de l’Imperial College London et du King’s College London, comme l’éminente épidémiologiste, le professeur Sunetra Gupta. L’idée était, comme l’a dit au Telegraph le Dr Bardosh, directeur de Collateral Global (un groupe de réflexion britannique créé pour examiner les politiques en matière de pandémie) d’écrire à la baronne Hallett, présidente de l’enquête, avant le travail sur les prochains modules et surtout avant la liste des « principaux participants ».

Ces derniers donnent en effet la ligne directrice, bénéficiant d’un statut spécial pour présenter des arguments juridiques, suggérer des questions aux témoins ou recevoir la divulgation de documents. Ils sont fatalement choisis en conséquence… gentils esprits soumis à la pensée de groupe. On y a donc surtout retrouvé, pour le moment, les conseillers scientifiques du Sage, le groupe consultatif scientifique du gouvernement pour les urgences, conseillers « qui ont tout intérêt à maintenir la justification de leurs recommandations politiques »…

 

« L’enquête britannique covid-19 a ajouté l’insulte à l’injure »

« La lettre est une tentative pour amener l’enquête à reconnaître qu’ils se sont trompés sur certaines choses : ils ont encore le temps de la réorienter pour la rendre plus impartiale », a déclaré le Dr Bardosh qui parle de « lacunes », de « préjugés ».

« La position consensuelle dans les plans de lutte contre la pandémie d’avant 2020 était que les interventions non pharmaceutiques, y compris le confinement, avaient de faibles preuves d’efficacité et étaient censées causer des dommages substantiels à la société, surtout si elles étaient utilisées pendant des périodes prolongées. Pourtant, l’enquête suppose que ces mesures sont efficaces et appropriées. En conséquence, cela minimise les dommages causés à la société par deux années de mandats d’urgence de contrôle des infections », a-t-il ajouté.

« Très peu de scientifiques ayant une position différente ont été invités à témoigner, et l’enquête a été conflictuelle plutôt qu’inquisitoriale dans sa remise en question de ces opinions. L’enquête n’a pas sérieusement remis en question les hypothèses proposées au gouvernement, en particulier par les modélisateurs nommés par le gouvernement, qui ont été utilisées pour justifier les politiques liées au Covid. Il n’a pas non plus examiné sérieusement les coûts sociaux et économiques du confinement », estime-t-il.

Les scientifiques espèrent ainsi qu’elle le fera davantage dans la prochaine série de modules axée sur la réponse commerciale et financière du gouvernement, et sur l’éducation, les enfants et les jeunes.

 

Idéologique et donc politiquement problématique

Ce qu’il y a d’amusant, c’est que dès le lendemain de la publication de la lettre, la directrice de l’enquête a souligné le fait que le confinement avait « tout » affecté, y compris la santé mentale, le développement des enfants et la scolarisation… comme si elle donnait le change à ces lanceurs d’alerte ! Interrogeant le premier ministre du Pays de Galles, dans le cadre de l’enquête, elle lui a demandé s’il avait consulté des avis scientifiques alternatifs et a parlé du confinement comme de « l’IPN (intervention non pharmaceutique) la plus controversée »…

Elle est même allée jusqu’à citer la Déclaration américaine de Great Barrington qui avait été signée en octobre 2020 par des scientifiques pour s’opposer au confinement en proposant une politique d’immunité collective et la protection des plus vulnérables. Une proposition totalement décriée, à l’époque, « par la communauté scientifique », comme l’avait asséné Libération ! Ce qui était d’ailleurs totalement faux, le professeur Sunetra Gupta l’ayant elle-même signée…

Il faudrait donc savoir, chère baronne !

Quand on pense qu’au départ, elle ne prévoyait même pas d’envisager les effets sur les enfants… alors que les unités de soins intensifs pédiatriques sont aujourd’hui pleines, en raison de troubles mentaux ou physiques, en raison d’un système immunitaire déficient. Heureusement, certaines réalités finissent par percer : le gouvernement britannique a reconnu, ce mardi, la persistance d’une inactivité élevée dans l’économie depuis la pandémie… Et on ne parle même pas du nombre de personnes tuées ou lésées par le confinement, autrement que par le covid.

Devant cette pantomime extrêmement onéreuse pour les contribuables britanniques, on hésite donc entre « un exercice de couverture pour des fonctionnaires qui ont pataugé et fait de mauvais choix », comme le notait une journaliste du Telegraph, et une véritable « affaire idéologique » comme le dénonçait le député conservateur Jacob Rees-Mogg, histoire de « renforcer le discours politisé selon lequel le seul problème des confinements était qu’ils étaient trop tardifs et trop courts parce que Boris Johnson n’y prêtait pas attention ». En somme, il en faudra plus la prochaine fois… Pour quoi faire, c’est une autre question.

 

Clémentine Jallais