Dans un nouveau rapport publié lundi, le Fonds monétaire international juge que les objectifs en terme d’excédent budgétaire et de croissance assignés à la Grèce en échange d’un plan d’aide international ne paraissent pas pouvoir être réalisés. Peu de pays ont réussi sur le long terme à maintenir un excédent budgétaire primaire de 3,5 %, souligne notamment le FMI, qui plaide pour plus de réalisme dans l’approche d’une solution viable.
L’institution de Washington note certes que la volonté politique fait défaut, à Athènes, pour mettre en œuvre les mesures nécessaires pour parvenir à un tel résultat. Mais le défi de consolidation budgétaire imposé à la Grèce paraît, objectivement, au-dessus des forces du pays qui vient de connaître sept années de récession. Le pays est à genoux, et son gouvernement, élu au départ pour une toute autre politique, est dans une position difficile vis-à-vis d’un électorat qui n’est plus certain de pouvoir compter sur lui. La crise migratoire, qui est venue se greffer sur une situation déjà extrêmement délicate, complique encore à loisir l’état général du pays, d’autant qu’Athènes, face à la Turquie, se plaint régulièrement de ne pas pouvoir compter sur la solidarité des autres Etats-membres de l’Union européenne.
En Grèce, le FMI plaide pour le réalisme
C’est un peu pour toutes ces raisons que le FMI plaide, depuis de longs mois, pour un aménagement de la dette grecque, malgré la vie opposition sur ce point précis de plusieurs membres de la zone euro – à commencer par l’Allemagne.
Le Parlement grec a encore pris de nouvelles dispositions dimanche, en adoptant une loi alourdissant davantage la fiscalité, libéralisant la vente des prêts bancaires douteux, et créant un nouveau fonds de privatisation. Et cela dans l’espoir de convaincre ses créanciers de débloquer une nouvelle tranche d’aide et d’entamer les négociations sur l’allègement de la dette.
Dans l’étude publiée lundi, le FMI recommande effectivement de boucler avant 2018 le volet d’allègement de la dette. Il estime qu’un tel allègement, accordé « sans conditions », serait un « signal fort et crédible envoyé aux marchés quant à l’engagement des bailleurs de fonds à assurer une gestion durable de la dette, ce qui en soi pourrait contribuer à abaisser les coûts de financement sur les marchés ».
Mais, dans leur ensemble, les ministres des Finances de la zone euro qui se réunissaient ce mardi pour évoquer une nouvelle fois la question de la dette grecque, jugent plus raisonnable un objectif à long terme d’un excédent budgétaire de 1,5 % du PIB.
L’Allemagne, notamment, prétend repousser toute décision sur un éventuel allègement de la dette jusqu’au terme de l’actuel programme de renflouement de la Grèce, soit en 2018.
Répondre aux difficultés d’Athènes pour que la machine continue de tourner
On aurait tort de voir dans le pragmatisme du FMI une philanthropie s’opposant au caractère borné de l’Eurogroupe. Pour le Fonds monétaire international, le risque est grand, à force de pousser Athènes toujours plus loin dans la réalisation de conditions draconiennes, de voir l’actuel et fragile équilibre exploser sous la pression, notamment, de la rue, ce qui constituerait un dommage plus important encore que les difficultés présentes.
Avant même le règlement des questions pécuniaires, il faut que le système marche… ou ait l’air de marcher.