Dior et moi est un documentaire consacré à deux mois très denses de la Maison Dior : l’invention et la réalisation d’une collection nouvelle de haute couture, de fin avril à début juillet 2012. Il y a une omerta amusante sur la cause de l’arrivée d’un couturier flamand jusque-là relativement méconnu, Raf (Raf Simons), attendu comme le sauveur. Il a remplacé au printemps 2012, après des mois de vaines recherches, John Galliano, renvoyé très brusquement pour un scandale causé dans un bar où il avait tenu des propos incohérents sur Hitler et les juifs, sur fond d’abus de drogues et d’alcools. Le film comporte évidemment une dimension publicitaire, pour dépasser l’impression laissée par le désastre évoqué, publicité qui ne lui nuit finalement pas.
Dior et moi
Dior et moi développe donc l’action de Raf et de toute la maison Dior. Il faut reconnaître du sérieux au couturier, une volonté de s’imprégner des traditions de Dior, une fermeté nécessaire dans la conduite des objectifs – et surtout des délais –, tout en tenant à se montrer humain : ainsi rencontre-t-il tout le personnel dès son arrivée. Le spectateur suit toutes les étapes de la réalisation d’une collection, avec ses nombreux acteurs. Le documentaire est bien rythmé, sans ennui. Très pédagogique, il intéressera autant le néophyte de bonne volonté que l’amateur éclairé. C’est au fond une forme d’hommage rendu à l’un des derniers domaines d’excellence de la France, un artisanat de très haute précision, dans le domaine du luxe. Les ateliers dirigés par les « premières » – ainsi appelle-t-on les responsables d’ateliers – forment le pilier de Dior, une des dernières entreprises à tout réaliser en France, et ce dans les ateliers parisiens du fondateur. Le spectateur admire le savoir-faire des ouvriers, qui réalisent des prodiges de délicatesse et de finesse, avec moult perles et broderies, sur des tissus délicats. Des portraits de nombreux employés sont présentés par touches délicates, au fil du récit. L’évènement mondain final intéresse moins, malgré un somptueux décor fleuri. Tant de savoir-faire pour une esthétique postmoderne, au final fort discutable, portée par des mannequins trop maigres, laisse quelques regrets.