Diversité des religions : François persiste et signe

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De retour de Singapour où il avait présenté aux jeunes « toutes les religions » comme des « chemins pour arriver à Dieu », le pape François a réitéré l’idée dans un vidéo-message adressé à la 4e étape des Rencontres méditerranéennes à Tirana, en Albanie. Il s’adressait une nouvelle fois aux jeunes venus de toutes les rives de la Méditerranée, affirmant : « Nous sommes tous des pèlerins d’espérance qui marchent à la recherche de la vérité, qui vivons notre foi et construisons la paix – car la paix a besoin d’être construite ! Dieu aime tout homme ; Il ne fait pas de différences entre nous. La fraternité que vous établissez aujourd’hui parmi les cinq rives de la Méditerranée est la réponse – vraiment, c’est une réponse ! – la meilleure réponses que nous puissions offrir face aux conflits et aux indifférences mortelles. Je vous invite à apprendre ensemble à discerner les signes des temps. Contemplez la diversité de vos traditions [relevons le vocabulaire guénonien] comme une richesse, une richesse voulue par Dieu. L’unité n’est pas l’uniformité, et la diversité de notre identité culturelle et religieuse est un don de Dieu. Unité dans la diversité. Que l’estime réciproque croisse parmi vous, comme vos anciens en ont donné le témoignage. » François persiste et signe.

On se souviendra de ce que lors de la Déclaration d’Abou Dhabi affirmant que la « diversité des religions » résultait d’une « sage volonté divine », Mgr Athanasius Schneider avait profité d’une visite ad limina pour interroger le pape François au sujet de ces propos, et s’était vu répondre que cette diversité de religions « n’était que la volonté permissive de Dieu ». Mais cette clarification entre quatre yeux n’a pas entraîné une modification du texte signé avec l’imam el-Tayeb. Bien au contraire, les déclarations tout aussi absolues se sont succédé dans la bouche du pape François.

 

Diversité des religions : une erreur qu’on ne peut passer sous silence

Celle de Singapour a été dénoncée par plusieurs évêques, tels Mgr Strickland ou l’archevêque émérite de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, qui a rappelé le devoir du pape d’enseigner clairement la foi, et de ne pas laisser croire que toutes les religions se valent : « Toutes les religions ne recherchent pas le même Dieu, et certaines religions sont à la foi erronées et potentiellement dangereuses, matériellement et spirituellement. »

On dira qu’au moins, s’adressant aux jeunes de la Med24, François a évoqué la « recherche de la vérité ». Mais ce n’est pas suffisant. Ayant assuré que « Dieu ne fait pas de différences entre nous », ce qui contredit objectivement le jugement particulier qui attend chaque homme, et le Jugement Dernier, il est allé jusqu’à inviter les jeunes à « contempler » – le mot est fort ! – la diversité de leurs traditions. C’est-à-dire : considérer comme un bien supérieur, réflexion de ce qui est bon, juste, beau, et de la même manière, la tradition chrétienne et catholique et la tradition musulmane par exemple.

En clair : ne pas établir de hiérarchie du point de vue de la vérité de Dieu et du bien de l’homme, malgré les contradictions entre les deux « traditions » et malgré le témoignage de ce que nous constatons par l’expérience et la raison.

 

François persiste et signe après Abou Dhabi

Savourer la riche diversité des êtres humains, des cultures, des peuples et des nations (et encore, sous bénéfice d’inventaire) est autre chose, en effet, que cette admiration béate, pêle-mêle, des religions naturelles, des cultes de tous ordres où à la vertu naturelle de religion se mêle hélas plus souvent l’abject que le sublime, et de la religion vraie donnée par Dieu.

L’erreur est une fois de plus dans la confusion : « L’unité n’est pas l’uniformité, et la diversité de notre identité culturelle et religieuse est un don de Dieu », car sur le plan religieux elle ne distingue pas entre le vrai, où l’unité n’est pas uniforme comme en en témoignent les différents rites, les différentes vocations, les différents états de vie, la multiplicité des histoires des saints, et le faux. Comment le faux peut-il être donné par Dieu qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper ?

D’aucuns cherchent toujours à interpréter les propos du pape pour en retenir l’interprétation la plus bienveillante. Mais il faut regarder les mots, ces mots répétés, et comprendre que plus que jamais, l’Eglise a besoin de « prière et pénitence ».

 

Jeanne Smits