Le message “Urbi et Orbi” du pape François pour un Noël de guerre

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Ukraine, Arménie, Israël, Gaza… Le message Urbi et Orbi du pape François, le 25 décembre, ne pouvait que s’attarder sur le fracas des armes, la souffrance des innocents, la mort sous les bombes alors que l’Enfant de la crèche, « le Prince de la Paix », a « changé le cours de l’histoire » parce que « la Parole éternelle du Père, le Dieu infini, a fixé sa demeure parmi nous ». En ce Noël de guerre, le pape a trouvé des accents traditionnels pour saluer les catholiques du monde entier.

Les plus narquois auront remarqué que le pape François se montre ainsi le plus « classique » juste avant, ou juste après une parole ou une action particulièrement choquante. Ici c’est le signataire de Fiducia supplicans qui parle, et qui presque étrangement parle de la destinée éternelle de l’homme, au lieu de proclamer comme il le fait si souvent la « fraternité universelle » horizontale de l’homme ici-bas, avec ou sans Dieu.

 

Le pape François rappelle la vraie joie de Noël dans son message

Ecoutez plutôt :

« L’annonce de Bethléem est celle d’une “grande joie” (Lc 2, 10). Quelle joie ? Pas le bonheur passager du monde, pas la joie du plaisir, mais une joie “grande” parce qu’elle nous rend “grands”. Aujourd’hui, en effet, nous les êtres humains, avec nos limites, nous embrassons la certitude d’une espérance inouïe, celle d’être nés pour le Ciel. Oui, Jésus notre frère est venu faire de son Père notre Père : Enfant fragile, il nous révèle la tendresse de Dieu ; et bien plus encore : Lui, le Fils unique du Père, nous donne le “pouvoir de devenir enfants de Dieu” (Jn 1, 12). Voilà la joie qui console le cœur, qui renouvelle l’espérance et qui donne la paix : c’est la joie de l’Esprit Saint, la joie d’être des enfants aimés. »

Le pape François a poursuivi sa méditation :

« Dans l’Ecriture, le Prince de la paix s’oppose au “prince de ce monde” (Jn 12, 31) qui, en semant la mort, agit contre le Seigneur, “qui aime les vivants” (Sg 11, 26). Nous le voyons à l’œuvre à Bethléem lorsque le massacre des innocents a lieu après la naissance du Sauveur. Combien de massacres d’innocents dans le monde : dans le sein maternel, sur les routes des désespérés en quête d’espérance, dans les vies de tant d’enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre, par les guerres.

« Alors dire “oui” au Prince de la paix signifie dire “non” à la guerre, et cela avec courage : dire “non” à la guerre, à toute guerre, à la logique même de la guerre, voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses. »

Dire « non » à la guerre ? Pour François, cela signifie « dire “non” aux armes » :

« Car si l’homme, dont le cœur est instable et blessé, a en sa possession des instruments de mort, tôt ou tard, il les utilisera. Et comment peut-on parler de paix si la production, la vente et le commerce des armes augmentent ? Aujourd’hui, comme au temps d’Hérode, les complots du mal, qui s’opposent à la lumière divine, se meuvent dans l’ombre de l’hypocrisie et de la dissimulation : combien de massacres armés ont lieu dans un silence assourdissant, à l’insu de tant de personnes ! Les personnes, qui ne veulent pas d’armes mais de pain, qui peinent à aller de l’avant et qui demandent la paix, ignorent combien d’argent public est destiné aux armements. Et pourtant ils devraient le savoir ! Que l’on en parle, que l’on en écrive, pour que l’on sache les intérêts et les gains qui tirent les ficelles des guerres. »

Et c’est là que le rêve de paix du pape François se fait utopie… Car toute guerre n’est pas « voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses ». Il est des guerres justes. Il est un devoir de défendre son pays, sa nation, et il faut s’y préparer – même et peut-être surtout en ayant des armes. Il est une obligation, pour ceux qui conduisent les nations, de ne pas s’abriter derrière l’illusion de la bonté universelle de l’homme et d’une paix à n’importe quel prix. Il est une vérité que l’on oublie trop : celle du péché originel. L’homme à la nature blessée est incapable de paix véritable sans le secours de la grâce. Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des guerres ; même les ères de chrétienté n’ont su qu’en tempérer la conduite. Et ce sont elles aussi qui ont vu naître les Croisades, justement parce qu’il fallait, c’était un devoir, rendre la liberté à des chrétientés assiégées ou soumises.

 

Noël sans guerre ? Pas en oubliant Jésus-Christ, roi de l’univers

N’imaginons pas que ce sont les marchands d’armes qui fabriquent ou qui causent la guerre. N’imaginons pas un monde qui n’existe pas, où tout se réglerait à l’amiable et pour le bien de tous. N’imaginons surtout pas qu’un monde qui a si largement rejeté le vrai Dieu puisse vivre dans la paix. N’imaginons pas non plus que toute équipée militaire soit un scandale sans nom ; n’oublions pas les hommes de Cortès libérant l’Amérique centrale de religions démoniaques.

Ce ne sont pas les marchands d’armes qu’il faut mettre hors d’état de nuire ! A quoi cela servirait-il sans reconnaître d’abord la royauté, sur toutes les nations, du Petit Roi qui s’est laissé de son plein gré coucher dans une pauvre crèche à Bethléhem, pour se livrer déjà, à sa Passion future, à la mort, pour que nous puissions vivre éternellement, ayant obtenu par sa grâce le pardon ?

Oui, Il est le prince de la Paix. Cela signifie nécessairement qu’il n’y aura pas de paix véritable sans lui, sans qu’Il soit reconnu.

 

Jeanne Smits