Primaire républicaine : Donald Trump n’est pas clair sur l’avortement et les questions provie

Donald Trump avortement provie Primaire républicaine
Donald Trump arborant la Bible. Mais qu’en est-il exactement de sa position face aux questions provie ?

 
Grande gueule, alignement sur des thèmes conservateurs constants dans la politique américaine comme l’immigration et position apparemment intraitable sur les musulmans aux Etats-Unis… Si l’accusation de « populisme » repose sur l’utilisation d’un mot-clef facile pour discréditer un adversaire politique qui grimpe dans les sondages, il faut reconnaître que dans le cas du milliardaire Donanld Trump, sa justification paraît aisée. Mais alors qu’il semble rencontrer la faveur des Américains dans la primaire républicaine en vue de l’élection présidentielle de 2016, Trump n’est pas clair sur l’un des thèmes qui s’impose déjà dans la campagne, celui de l’avortement. Plus largement, sur les « sujets sociétaux », il cultive une ambiguïté qui penche du côté libéral.
 
A notre époque qui voit progresser les candidats politiques qu’on peut, peu ou prou, qualifier de populistes – de Trump à Tsipras en passant par Marine Le Pen – le dénominateur commun semble bien être celui-là : ils portent un message réellement ou apparemment anti-mondialiste, hostile à la haute finance, répondant aux aspirations des électeurs à la liberté, la protection de l’identité ou la prospérité, mais ils rejoignent ou dépassent les grands partis « classiques » sur les questions de respect de la vie, de la famille et prônent la laïcité.
 

La politique provie ne sied pas aux populistes

 
Ce faisant ils sont dans ce que les anglophones appellent le « mainstream » : cette pensée unique qui refaçonne et révolutionne les sociétés traditionnelles par le rejet de la loi naturelle.
 
Donald Trump, donc, a accusé un autre candidat aux primaires républicaines, Ben Carson qui montait dans les sondages au moyen d’un discours provie fort, d’avoir été « pro-avortement il n’y a pas si longtemps ». « L’attaque était plus qu’un peu hypocrite », écrit John McCormack du Weekly Standard. Trump lui-même était « très pro-avortement il n’y a pas si longtemps ». C’était en 1999 : il se refusait à condamner l’avortement de 3e trimestre et se disait opposé à l’interdiction des avortements tardifs « par naissance partielle » : « Je suis pro-choix dans tous les cas », disait-il.
 
Aujourd’hui Donald Trump met cela sur le compte de son « environnement new-yorkais ». Mais s’il dit avoir « évolué » sur le sujet depuis lors, ses explications restent ambiguës. Il explique avoir un couple d’amis qui voulaient avorter il y a des années : « Ils ne l’ont pas fait. Et aujourd’hui cet enfant est une superstar absolue, un enfant extra, extra. J’ai vu cela. Et j’ai vu d’autres cas. Je suis très, très fier de dire que je suis provie », s’est-il vanté – il est vrai que cela répond à l’exigence d’un grand nombre de conservateurs américains.
 

Donald Trump, candidat à la primaire républicaine, provie ou pro-avortement ?

 
Mais le Daily Caller lui a demandé si cela aurait été le cas si l’enfant en question avait été un « loser », un perdant. Trump serait-il devenu provie ? « Probablement non, mais je n’y ai jamais pensé. Je dirais non, mais dans le cas que j’évoque c’est facile parce que cet enfant est devenu vraiment exceptionnel. »
 
« Que Trump ait pu passer du soutien aux avortements de troisième trimestre – impossible à distinguer d’un infanticide (…) – à une position provie en raison de cette expérience est difficile à croire. Si elle est vraie, l’histoire montre à tout le moins que Trump n’est pas capable d’un raisonnement moral sérieux », note John McCormack.
 
Le plus important, ajoute celui-ci, est d’ailleurs de savoir quels seront les actes concrets de Donald Trump s’il est élu : sur le plan des grands sujets de société, ce seront les nominations à la Cour suprême qui auront le plus grand poids, quelles que soient les lois votées, et elles risquent d’être nombreuses vu que quatre juges ont déjà dépassé les 80 ans. Il suffirait d’un juge « libéral » – traduisez, de gauche – de plus pour verrouiller le système.
 

Le futur président des Etats-Unis pèsera sur l’orientation de la Cour suprême

 
Or à ce jour, la seule personne qu’il a évoquée pour une place à la Cour suprême est sa propre sœur (nomination certes peu probable), la juge fédérale Marianne Trump Barry qui a déclaré anticonstitutionnelle l’interdiction de l’avortement par naissance partielle dans le New Jersey. On s’attend de toute façon à ce que son choix se porte sur une juge qui soutienne la pratique du gouvernement de saisir les propriétés privées à des fins commerciales, un abus dont Trump a personnellement profité en tant que promoteur immobilier. Un tel juge serait probablement de tendance libérale sur toute la ligne, observe le Weekly Standard.
 
Trump a soulevé le nom de Scott Brown comme partenaire sur le « ticket » républicain. Ce sénateur républicain est partisan du droit à l’avortement.
 
Sur le financement du Planned Parenthood (le Planning familial),Trump a soutenu des positions fluctuantes. S’il récuse le « mariage » gay et varie sur l’union civile des homosexuels, il a indiqué ne pas vouloir aller contre la décision de la Cour suprême imposant le « mariage » gay à l’ensemble des Etats-Unis ; et il a soutenu des mesures pour les droits LGBT comme l’ajout de la protection de l’« orientation sexuelle » contre la discrimination à la loi sur les droits civiques de 1964.
 
L’éditorialiste républicaine Ann Coulter et des plumes de Breitbart ont fait savoir que le discours anti-immigrationniste de Trump suffit à emporter leur adhésion, dût-il faire pratiquer des avortements jusque dans la Maison Blanche comme l’a tweeté l’un d’entre eux.
 

Tout sacrifier à la lutte contre l’immigration ?

 
C’est ainsi que la menace identitaire qui pèse sur les Etats-Unis comme sur l’Europe conduit des défenseurs habituels du respect de la vie à faire passer cette exigence d’humanité au second plan. Ils parlent de l’urgence. Mais en définitive, la commune menace risque d’aboutir à l’élimination encore plus efficace des politiques provie – et du respect des droits de Dieu ! – de la sphère publique. On retrouve la même chose en France, où Marine Le Pen, ayant publiquement affirmé son soutien à l’avortement, obtient quand même les suffrages de nombre d’électeurs catholiques et provie qui se résignent à mettre la question de l’immigration au premier plan.
 
Mais ce qui sert de prétexte et d’appel au « repeuplement » de l’Europe par des populations qui ne partagent ni sa culture ni sa foi, c’est précisément la destruction de la famille et le refus de la vie.
 
Il faudra bien sortir de cette dialectique et de cette incohérence, mais pour l’heure elles servent aux idéologues de la culture de mort et à ce titre, ont encore de beaux jours devant elles.
 

Anne Dolhein