Le candidat à la candidature présidentielle républicaine, Donald Trump, a détaillé samedi son plan contre l’immigration. Intervenant sur NBC, il a proposé des mesures drastiques qui sont parvenues à séduire même des Démocrates, tel le Pr Norm Matloff, professeur à l’université UC Davis qui a donné à certaines réformes proposées la note « A+ ». Le monde à l’envers ? Le Pr Matloff félicite le milliardaire Trump de prendre une autre voie que le candidat républicain Rubio qui propose d’augmenter l’immigration dite « choisie » de manière spectaculaire.
Dans de nombreux pays développés, on sait bien que les gouvernements de « droite » comme de gauche ont participé au développement des phénomènes migratoires et de l’accueil de populations culturellement et surtout religieusement très éloignées, occupées à des tâches subalternes quand elles ne viennent pas grossir les rangs des chômeurs.
Le plan de Donald Trump contre l’immigration fait la une des médias américains
Il est intéressant de voir un candidat apparemment atypique tenir un autre discours, tour à tout dénoncé comme « populiste » ou propulsé par ce qui ressemble fort à des campagnes publicitaires largement consenties par le pouvoir, puisque les médias en font partie.
Donald Trump propose ainsi de refuser la citoyenneté américaine aux enfants d’immigrés illégaux – en abrogeant une mesure qui date de 1868, d’obliger le Mexique à financer la construction d’un mur le long de sa frontière avec les Etats-Unis, de tripler les forces de surveillance le long des frontières, de « déporter » les criminels étrangers, et d’abroger les décisions exécutives du président Obama en matière d’immigration. Actuellement suspendues par voie judiciaire, elles aboutiraient à permettre à au moins 5 millions de clandestins d’échapper à toute mesure de reconduite dans leur pays.
Trump propose également de modifier la politique des visas « H-1B » dont l’obtention est facilitée pour fournir aux employeurs une main-d’œuvre moins chère pour les postes technologiques.
Mesures drastiques contre l’immigration illégale : Trump détaille un plan tous azimuts
Sur le plan financier, les illégaux n’auraient plus accès aux crédits d’impôts, leurs envois de fonds à leurs familles restées au pays seraient saisis, ils devraient payer des amendes majorées, tout comme ceux qui resteraient aux Etats-Unis au-delà de la période de validité de leur visa.
Pour Norm Matloff, professeur de sensibilité démocrate, la plan de Donald Trump prend enfin compte des intérêts des immigrés qui sont déjà là, et surtout des moins fortunés d’entre eux, les Latinos menacés par l’arrivée d’une main-d’œuvre bon marché alors que leur communauté est déjà durement frappée par le chômage.
Donald Trump veut réduire l’immigration choisie : un professeur démocrate séduit
Trump souligne que la plupart des visas H-1B sont aujourd’hui donnés pour des postes correspondant aux plus bas salaires : « Il insiste pour que les employeurs donnent la priorité aux Américains », observe Matloff, qui voit dans la plateforme du candidat un plan qui le distingue aussi bien de la droite que de la gauche. « Il dit ce qu’aucun autre homme politique, y compris Sanders [l’un des candidats démocrates de sensibilité ouvertement socialiste] n’ose affirmer : l’immigration est une très bonne chose en quantités raisonnables, mais sous sa forme actuelle, qu’elle soit légale ou illégale, elle pèse lourdement sur les classes populaires et moyennes. » Et de pointer le taux de chômage chez les Noirs et les Latinos : « Les Démocrates disent que la solution, c’est l’éducation ; les Républicains, qu’il faut aller vers moins de taxes et de règlements. Les deux peuvent avancer des choses intéressantes, mais Trump dit l’évidence : faire entrer de grands nombres d’immigrés sans formation va faire du tort aux plus vulnérables dans notre société, ceux qui ont une mauvaise formation, immigrés anciens compris. »
C’est une évidence qui n’est pas politiquement correcte mais qui, périodiquement, a droit de cité dans les grands médias – comme au temps où Merkel, Cameron et quelques autres dénonçaient soudain en chœur les dangers du « multiculturalisme ».
Ce qui est sûr, c’est qu’à côté de la réalité des problèmes entraînés par l’immigration excessive ou incontrôlée, il y a une exploitation des confrontations entre les populations autochtones ou installées depuis longtemps et les nouveaux arrivants. Pour obtenir des avancées dialectiques, il faut bien qu’il y ait des classes en lutte. Au besoin on les installe, de manière à exploiter ensuite les vrais problèmes qui en résultent, de manière à ce que chacun, de bonne ou de mauvaise volonté, participe au scénario.