L’accusation avait fait grand bruit : le candidat républicain à la présidence américaine a déclaré récemment que Barack Obama et Hillary Clinton sont les « fondateurs d’ISIS » – l’acronyme anglais de l’Etat islamique. Que Donald Trump ait ainsi osé accuser le président des Etats-Unis en exercice ainsi que sa rivale avait suscité une réponse ironique et incrédule de la part des médias. Mais pour Alex Newman, du New American, il s’agit de déterminer plutôt si Trump n’a pas raison. Il le fait dans une vidéo publiée par le site visible ici.
Alex Newman rappelle dans sa présentation que Trump n’a pas dit cela de but en blanc mais l’a suggéré depuis plusieurs mois avant de lancer une accusation en bonne et due forme. Dès lors qu’il a dit les choses plus ouvertement, après l’attentat contre un club homosexuel à Orlando, les médias ont multiplié les réactions outrées, annonçant que Trump s’était « ridiculisé ».
Il va de soi, explique Newman, que ni Obama ni Hillary Clinton n’ont revêtu des turbans pour aller en Syrie proposer de créer un Etat islamique, mais « c’est aujourd’hui un fait indéniable, nous en avons des preuves visibles, que l’administration Obama, avec le concours de Hillary Clinton, alors secrétaire d’État, ont joué un rôle crucial dans la création de l’État islamique. »
Donald Trump dénoncé par les médias pour avoir parlé du soutien américain à l’islam radical
Et il poursuit : « La coalition anti-ISIS d’Obama est en réalité ce qui a créé l’Etat islamique. » A preuve, les déclarations de Joe Biden lors d’un discours à Harvard le 7 octobre 2014 expliquant que l’administration américaine avait laissé transiter des « centaines de millions de dollars et des milliers de tonnes d’armes » vers tous les membres d’Al-Qaïda, tous les djihadistes qui ont par la suite rejoint l’Etat islamique. Biden expliquait qu’à l’époque le plus grand problème des Etats-Unis était précisément ses alliés au Proche-Orient, depuis les Turcs aux Saoudiens et aux Emiratis qui étaient disposés à armer n’importe quel groupe déterminé à combattre Bachar al-Assad et à essayer et de le faire tomber.
Selon Biden lui-même, l’ISIS s’est formé à partir des éléments d’Al-Qaïda expulsés d’Irak qui ont trouvé un nouveau champ d’action en Syrie orientale, et des alliés parmi le groupe terroriste Al-Nusra. « Nous n’avons pas réussi à convaincre nos collègues d’arrêter de les fournir », avoue alors Joe Biden.
Newman rappelle également la réponse sous serment du général Mark Dempsey à la question d’un sénateur demandant s’il avait connaissance d’au moins un allié arabe qui soutienne l’Etat islamique. « J’ai connaissance de grands alliés arabes qui le financent », répondait-il, sans hésiter.
Obama et Hillary Clinton se sont alliés avec les financeurs de l’Etat islamique pour le créer
En 2015, le New American aura été l’un des premiers médias à mettre cela en évidence en citant Judicial Watch, un organisme de veille qui a eu accès à des documents communiqués en leur temps à Hillary Clinton et à plusieurs hauts responsables de l’administration Obama. Ces documents affirment qu’Al Qaïda et les Frères musulmans sont les principales forces derrière les insurgés en Syrie. Le même document affirme que les Etats du Golfe comme la Turquie ont soutenu cette opposition à Bachar al-Assad, tandis que la Russie, la Chine et l’Iran soutenaient le chef de l’Etat syrien. Il était clair selon le rapport que cette opposition était disposée à créer une principauté salafiste, conforme à l’islam radical auquel adhère l’Arabie saoudite, pour ne nommer qu’elle, et que les financiers des insurgés l’appelaient aussi de leur vœux.
Il s’agissait donc bien d’un « but spécifique, la création d’un Etat islamique », explique Alex Newman. Cette principauté existe désormais sous le nom de Califat, dans toute son horreur.
« Il faut en remercier l’administration Obama », affirme-t-il, puisque c’est le résultat d’une politique délibérée de la part de ses alliés, parfaitement connue des Etats-Unis.
Donald Trump a raison : l’Etat islamique a bénéficié du soutien de Washington
Ce n’est pas nouveau : « Cela fait des décennies que Washington, Moscou et d’autres capitales ont soutenu et encouragé le terrorisme islamique », souligne le journaliste, rappelant l’action du Pakistan et des Etats-Unis pour activer les moudjahidines en Afghanistan au cours des années 1980, et celle de l’Union soviétique qui avait elle-même tenté de susciter une armée islamique forte. « La stratégie de l’utilisation des extrémistes islamiques par les mondialistes et les communistes ne date pas d’hier, mais ce qu’ont fait Obama et Clinton par rapport à l’Etat islamique est inexcusable, incontestable », a-t-il ajouté, rappelant un entretien du responsable de la Defense Intelligence Agency avec Al-Jazeerah où il attestait du soutien donné par les Etats-Unis à Al Qaïda contre son propre avis.
« Il n’est pas juste de faire semblant de mener la guerre contre le terrorisme tout en finançant les djihadistes… et ceux qui le font doivent rendre des comptes. Quelle que soit votre opinion sur Trump, ce qu’il a dit à propos d’Obama et Clinton « fondateurs » de l’Etat islamiques est loin d’être aussi farfelu que les médias ne voudraient le faire croire », conclut Alex Newman.
On pourra objecter que les musulmans, dès lors qu’ils prennent leur religion théocratique au sérieux, n’ont besoin de personne pour les encourager à mener des entreprises qui n’ont pour eux rien de nouveau sur le plan historique. Il n’empêche, armer, financer et soutenir de tels groupes n’en est pas moins criminel et les aide à être plus efficaces.