DSK, “Cinquante nuances”, déshumanisation du sexe : tout va dans le même sens

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Le hasard a voulu que le procès de Dominique Strauss-Kahn pour « proxénétisme aggravé » coïncide avec la sortie, largement médiatisée, du film Cinquante nuances de Grey. Entre dépositions grivoises des jeunes femmes qui, selon les versions, acceptaient le « libertinage » avec DSK parce que c’était lui le « cadeau » ou se faisaient payer pour des pratiques consenties à regret, et les images omniprésentes d’une femme aux yeux bandées, aux mains liées, pour illustrer la passion amoureuse, on n’échappe plus au matraquage. C’est la déshumanisation du sexe qui s’affiche – en fait, c’est un refus ouvert de tout ordre moral, car que l’on y soit favorable ou non, ces mots et ces images ont envahi notre quotidien.
 
Est-il encore possible de laisser un journal à la portée de nos enfants ? D’allumer la télévision à l’heure des informations ? Les parents qui ont un particulier souci de leur éducation et de leur innocence ont sans doute fait d’autres choix depuis longtemps, mais ce sont aujourd’hui tous les responsables d’enfants qui devraient se sentir interpellés. Doit-on tout dire, tout montrer, tout admettre, tout justifier au bout du compte ?
 

DSK voit du sens dans sa pratique du sexe

 
Qu’on soit véritablement tombé très bas, cela se constate dans les explications de DSK, accusé de pratiques sexuelles pour le moins bizarres, imaginant que les jeunes femmes qu’il « consommait » étaient forcément folles de lui et ravies d’avoir l’honneur de participer à ses orgies. Strauss-Kahn ne voit franchement pas ce qu’il y peut y avoir de répréhensible dans ces parties fines, puisqu’elles avaient lieu seulement quatre fois par an. Un peu de détente dans un monde de brutes, un « break » par rapport à ses responsabilités écrasantes, qui pourrait lui en vouloir ? Une fille qui pleure parce qu’il lui a imposé des pratiques dégradantes ? Aujourd’hui, on peut consentir à tout entre adultes.
 
L’important est d’ailleurs le consentement. Dans le procès de DSK, tout tourne autour d’une seule notion : savoir si les jeunes femmes qui ont « servi » pour assouvir ses « besoins » sexuels débridés étaient payées, ou non. Payées, c’est mal. Libres et gratuites, les relations de groupe, « ludiques » et « récréatives », c’est bien. Tel est le message, finalement, de l’affaire Dominique Strauss-Kahn : s’il parvient à faire admettre son innocence, on passera l’éponge. Histoire de ne pas passer pour des prudes et des moralisateurs…
 
N’est-ce pas le message matraqué par l’« éducation sexuelle » dans les écoles ? L’important c’est d’être d’accord, les seules obligations en matière de rapports charnels sont de se prémunir contre les maladies sexuellement transmissibles et la grossesse, éventuellement d’éviter l’abus d’autorité ou la différence d’âge, tout le reste est de l’ordre du libre choix. Y compris entre mineurs consentants de n’importe quel âge.
 

“Cinquante nuances de Grey” : la déshumanisation pour tous

 
C’est sans doute pour cela que le film Cinquante nuances de Grey, avec ses scènes sexuellement explicites et sa glorification de pratiques « BDSM » – bondage, domination, soumission et sadomasochisme – a bénéficié en France d’une scandaleuse autorisation aux 12 ans et plus. Des enfants, des adolescents à peine sortis de l’enfance vont pouvoir s’y rendre seuls, en « apprenant » au passage que le plaisir sexuel justifie toutes les dégradations, en dehors de toute notion de respect, de fidélité, de mesure et de finalité autre que la satisfaction, bien ambiguë, des sens. Si on voulait préparer une génération de petits DSK, on ne procéderait pas autrement.
 
Le film est « vraiment une romance, on pourrait presque dire une bluette », assure Jean-François Mary, président de la commission de classification des « œuvres cinématographiques », s’amusant presque de ce qu’une partie de la commission « se serait même contentée d’un avertissement ». C’est sans doute pour cela que les gamins qui recherchent un innocent Zorro ou Bugs Bunny sur YouTube se voient confrontés à la bande annonce de Cinquante nuances de gris en tête des réponses…
 

La culture ambiante exonère DSK

 
Le film, comme le roman, s’inscrivent dans un profond bouleversement de la culture, dans un schéma qui se reproduit avec insistance. C’est celui de la « réussite » programmée d’œuvres comme Harry Potter – exaltation de la sorcellerie et de la rébellion contre l’autorité – ; du Da Vinci Code et autres Inferno, dénonciations, dévoiements de la foi chrétienne qui ne reculent pas devant le blasphème ; de Twilight et de sa réponse tordue au désir d’amour des plus jeunes entraînés vers l’occulte et l’exaltation de forces en rupture avec le bien.
 
Riches à millions, les auteurs et producteurs de ces œuvres à la qualité littéraire plus qu’incertaine ont trouvé un filon – ou bien c’est un filon qui les a trouvés, qui les utilise, qui les encourage à des fins effrayantes, si on y pense. Qui eût imaginé il y a vingt ou trente ans le succès mondial de l’exaltation de la sorcellerie, de la désécration antichrétienne ou du plaisir de faire mal, dans toutes les librairies et tous les cinémas ?