L’école, matrice de notre devenir politique et spirituel, enjeu clé du combat entre culture de mort et vérité

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La question de l’éducation est essentielle dans le destin des peuples. « La philosophie de l’école d’aujourd’hui sera celle du gouvernement de demain », expliquait Abraham Lincoln. Aux Etats-Unis, apparemment à l’avant-garde du modernisme occidental, la question est particulièrement sensible si l’on en juge par les dérives parfois hallucinantes de la mentalité enseignante, explique avec gravité Selwyn Duke, éditorialiste pour Thenewamerican.com dans un essai intitulé « La mort par l’éducation ». Il y a de quoi s’inquiéter, entre dénonciation obsessionnelle de la culture supposée « blanche », relativisme sexuel ou immigrationnisme anticipant la pire des dhimmitudes. Or, calcule Selwyn Duke, d’ici à 2020 dix millions d’Américains seront morts et seize autres millions seront parvenus à l’âge de voter. L’enjeu éducatif est crucial, autant au plan spirituel qu’au plan politique, comme l’a souligné G.K. Chesterton en son temps.
 

C’est à l’école qu’on apprend la culture de mort

 
« Aujourd’hui, nous n’assistons pas à l’enseignement de la moralité mais à celui de l’immoralité », explique notre éditorialiste, qui cite l’écrivain américano-britannique Grant Allen (1848-1899) lequel jugeait que « l’enseignement ne devait jamais interférer avec l’éducation ». Or le Moloch étatico-globaliste, dans son ivresse d’utopie et d’orgueil, prétend retirer tout pouvoir éducatif aux familles pour s’en attribuer le monopole. En France, la dénomination « ministère de l’Education nationale » a remplacé en 1932 sous le cartel des gauches celle de « ministère de l’Instruction publique ». Nuance de taille.
 
Observons ce qui se passe aux Etats-Unis pour ne pas avoir à s’étonner de ce qui va se passer en France (et qui se passe déjà pour partie). La « théorie du privilège des Blancs » fait rage sur les campus. A l’université d’Etat d’Arizona existe un cours intitulé « Problème de la bancheur » (ou de la blanchitude, dirait Mme Royal). Selwyn Duke cite quelques autres titres de cours délirants recensés dès 2006 dans une série d’universités, mêlant féminisme, homosexualisme, immmigrationnisme : « Le phallus » ; « Musicologie homo » ; « Franchissement de frontières, pays frontaliers : perspectives du féminisme transnational sur l’immigration » ; « Populations blanches : l’autre côté du racisme » ; « Féminisme des premières nations américaines » ; « Ville du changement de sexe : théorisation de l’histoire à San Francisco l’homogenrée » (sic) ; « Romans à sensation lesbiens », etc… Duke note : « Peut-être que Dupont-Durand ne peut pas comprendre, mais il accepte. Il finit par admettre que « le langage est une construction sociale du mâle blanc homophobe » ».
 

« La pain blanc est-il plus raciste que le pain complet ? »

 
Le pire est que cette construction mentale démente, ethnomasochiste et raciste (« L’antiracisme n’est pas une opposition au racisme mais un racisme dans l’autre sens », dit en France Bernard Antony) exsude jusqu’aux écoles élémentaires américaines. En 2013, à Portland, dans l’Oregon archi-politiquement correct, la directrice d’école Verenice Gutierrez mettait en garde contre le fait qu’évoquer un sandwich au beurre de cacahuètes et à la gelée pouvait constituer un acte de racisme car susceptible de heurter « les écoliers somaliens ou hispaniques qui ne mangent pas de sandwichs ». Elle se demandait si « le pain blanc n’était pas plus raciste que le pain complet ». Certes, ces délires étaient relevés par un essayiste, Nathan Harden, qui préférait en rire. Mais il est difficile de faire la part entre le « dérapage » et la mentalité qui sous-tend toute une pédagogie.
 
Le pire est atteint dans le domaine du transgenre et la théorie du « statut sexuel construit ». L’idée est qu’une personne ne s’identifie comme « homme » ou « femme » ou toute autre déclinaison du « genre », et ne s’habille en conséquence, qu’en fonction de son caprice. « On ne moquera pas alors un garçon capricieux, on devra accepter obséquieusement ses caprices », déplore Selwyn Duke.
 

Chesterton : « L’école n’a pas seulement perdu la raison profonde de l’éducation, elle a perdu la vérité »

 
« L’Occident est devenu une civilisation de la post-vérité », déplore-t-il. Une étude du centre de recherches évangélique Barna Group démontre qu’aux Etats-Unis seuls 6 % des adolescents croient en la vérité et que les Américains estiment dans leur majorité que la moralité de leurs actes est justifiée par leur « ressenti ». Cette désintégration de la réalité morale affecte tout le spectre social, école incluse. « Nous sommes malades de notre absence de finalité », écrivait en 2015 Dale Ahlquist, chrétien évangélique converti au catholicisme, « et en conséquence nous avons oublié la raison profonde de l’éducation ». Or l’éducation, poursuit Ahlquist en citant Chesterton dont il est un spécialiste, « devrait être la vérité à l’état de transmission (…) le processus consistant à passer la vérité d’une génération à l’autre » : « L’école n’a pas seulement perdu la raison profonde de l’éducation, elle a perdu la vérité ».
 

L’école, matrice du combat contre la vérité politique et spirituelle

 
G.K. Chesterton écrivait en 1910 dans Ce qui cloche dans le monde (What’s wrong whith the world, traduit en français en 1948) : « Le problème, dans un trop grand nombre de nos écoles, est que l’Etat, contrôlé très précisément par une minorité, autorise l’application de théories tordues et d’expérimentations, telles quelles, dans les salles de classes alors qu’elle n’ont jamais été débattues ni par le Parlement, ni dans l’agora publique, ni dans l’agora familiale, ni dans l’Eglise ou sur le marché. Or à l’évidence, ce sont les choses les plus anciennes qui devraient être enseignées aux plus jeunes ; les vérités confirmées et assurées qui devraient être proposées aux enfants. Mais de nos jours, les enfants doivent se soumettre à un système plus jeune qu’eux. L’enfant balbutiant de quatre ans a déjà plus d’expérience et a vécu plus longtemps dans le monde que le dogme auquel il est sensé se soumettre. De nombreux enseignants se vantent de détenir l’idée la plus neuve sur l’éducation, alors qu’ils n’en ont pas la moindre idée ».
 

Matthieu Lenoir