Le P. John Hunwicke, ancien prêtre anglican mais toujours « catholique de cœur », a rejoint en 2011 sous Benoît XVI l’Ordinariat personnel de Notre Dame de Walsingham créé par ce dernier pour permettre à ses prêtres de conserver une partie de leurs traditions, notamment les fêtes propres des saints anglais (catholiques !) et de nombreux éléments de la liturgie traditionnelle, tels les octaves et les rogations. Dans sa vie antérieure, il a assisté à l’effondrement de l’anglicanisme ; aujourd’hui, sur son blog Fr Hunwicke’s Mutual Enrichment, il dénonce les causes à l’œuvre dans l’Eglise catholique, causes dont il a vu le potentiel destructeur. Il vient de publier une réflexion vigoureuse et enlevée sur les tentatives en cours visant à « écraser la Tradition », notamment par le pape François et ses attaques contre la messe tridentine, portées par le cardinal anglais Arthur Roche, alors que les fruits annoncés de Vatican II se font toujours attendre, soixante ans plus tard. Nous vous proposons ci-dessous la traduction intégrale de son billet.
*
Ecraser la Tradition
Le regretté Père Jérôme Bertram racontait, à propos du séminaire de Wonersh, aujourd’hui disparu : « Les bâtiments avaient été considérablement agrandis en 1962, car l’évêque de Southark de l’époque [Cyril Cowderoy] était certain que le Concile général, alors imminent, entraînerait une telle augmentation des vocations sacerdotales qu’il faudrait en doubler la capacité d’accueil. Tous ces prêtres supplémentaires se déploieraient alors dans le diocèse pour servir les congrégations considérablement plus nombreuses de convertis enthousiastes qui afflueraient dans l’Église dès que les réformes tant attendues commenceraient à produire leurs effets. »
Six décennies plus tard, le 3 juillet 2021, Wonersh fermait ses portes. La dernière promotion de séminaristes était égale à… euh, zéro.
PF [le pape François] et ses acolytes parlent encore de la nécessité de mettre en œuvre Vatican II. Mais, génération après génération, des évêques anglais ont fermé leurs séminaires. Ce ne sont ni des insensés, ni des rêveurs. Ils ne répètent pas à l’envi que tout n’est qu’une question de temps : « Nous devons faire tourner les séminaires vides jusqu’à l’inévitable tsunami de nouveaux séminaristes suscités par Vatican II… nous savons que nous aurons bientôt besoin de ces bâtiments… »
Les évêques anglais ne sont ni des insensés ni des rêveurs. Ils sont capables de repérer une baudruche dégonflée lorsqu’elle se profile assez clairement à l’horizon. Il n’y a jamais eu d’« effet Vatican II » et soixante ans après le Concile, même si les papes ne cessent d’y faire référence, les évêques ne se font pas d’illusions : leurs congrégations de plus en plus clairsemées ne peuvent suffire au maintien des couloirs sonores et vides des séminaires en déshérence. Croiser les doigts en espérant que le miracle se produira d’un jour à l’autre n’est plus considéré comme une option.
A chaque fois que les évêques ont fermé un séminaire, cette action a constitué en fait l’aveu massif et public, devant Dieu et devant le monde, de ce que le miracle de Vatican II ne s’est pas produit et que l’on ne s’attend pas à ce qu’il se produise à l’avenir.
Le pape François « met en œuvre Vatican II » en écrasant la Tradition
Qu’est-il donc advenu, dans la vie de l’Eglise de notre temps, de « Vatican II » ?
Cela s’est métamorphosé en mantra. Mettre en œuvre Vatican II veut dire : Ecraser la Tradition.
La question est devenue de nos jours plus pointue et plus teigneuse car, contrairement à ses prédécesseurs, PF voue une haine aiguë et violente à la Tradition.
Nous l’avons vu dans son attitude à l’égard du Saint-Esprit. Il professe la conviction selon laquelle le Saint-Esprit se manifestera subitement, de manière inattendue et sous des formes inattendues. Nous devons y être ouverts.
Mais lorsque quelque chose d’inattendu se manifeste, le PF ne veut tout simplement pas le savoir. L’intérêt des jeunes générations pour la Tradition, intérêt qui se manifeste particulièrement à l’égard de la tradition liturgique, le met dans une fureur incontrôlable.
Quelqu’un sait-il si les administrateurs des Franciscains de l’Immaculée ont déjà été intimidés au point de renoncer à leurs biens et à leurs avoirs ?
Quelles sont les dernières nouvelles au sujet de la propriété de Sloane Square ?
Mais le PF demeure un homme heureux, envoyant partout des cargaisons de Roche chargées d’écraser hardiment ce qui n’a jamais été écrasé auparavant.
Father John Hunwicke