Le « sacre » d’« évêquesses » par l’église anglicane d’Angleterre aboutit à sa conclusion logique : après qu’une commission a été mise en place pour modifier la liturgie anglicane officielle afin qu’elle présente Dieu comme une femme, cette tendance rencontre un soutien croissant parmi les responsables de l’église d’Angleterre. Et ce même si le Transformations Steering Group n’engage pas l’archevêque de Cantorbéry et que tout changement de fond devrait d’abord être approuvé par le Synode général. Mais le « Groupe de pilotage des transformations » se réunit officiellement à Lambeth Palace, résidence officielle de l’archevêque : l’initiative est donc revêtue d’un poids certain.
On peut évidemment noter d’emblée que l’église d’Angleterre, coupée de Rome, n’est pas seulement schismatique : elle ne dispose pas de la succession apostolique et ses évêques et prêtres n’en sont point (et ses évêquesses encore moins, si l’on peut dire). Il n’empêche : l’affaire engage des chrétiens baptisés et ajoute un peu plus au désordre, tout en assurant l’avancée du féminisme et de l’idéologie du genre. A ce titre c’est une mauvaise nouvelle pour l’Eglise catholique sur le plan de ses relations avec les Etats : on aura beau jeu de lui dire que des « églises » chrétiennes se soumettent au goût progressifs du jour, alors pourquoi pas elle ? L’accusation de discrimination (pénalement répréhensible), dans le cas contraire, n’est pas loin.
De nombreux « prêtres » anglicans parlent de Dieu comme d’une femme
Il apparaît qu’en Angleterre, de nombreux prêtres commencent à parler de Dieu comme « elle », en le qualifiant de « Mère », afin de rendre les offices plus « inclusifs » comme ils disent. Ce sont les militantes qui ont fait une campagne réussie pour l’ordination de femmes évêques qui sont les plus enthousiastes promotrices d’une modification liturgique qui rompe avec le « langage patriarcal » des prières traditionnelles.
Comme le dit Hilary Cotton, présidente du groupe Women and the Church (WATCH), « la réalité, c’est que dans de nombreuses églises à travers le pays on utilise déjà autre chose qu’un langage mâle – presque par défaut – à propos de Dieu. »
La dénonciation du « patriarcat » et du paternalisme est une entreprise typiquement féministe ; elle est à la racine du refus de la paternité et de sa dénonciation comme facteur d’« aliénation ». Cette amplification de la lutte des classes s’insinue partout et se manifeste en définitive par le refus de toute autorité paternelle, et en dernière analyse, par le rejet de Dieu comme Père.
L’expérimentation a fait son temps, assure Mme Cotton. Elle estime qu’il faut maintenant que la Commission liturgique anglicane ainsi que l’équipe qui travaille à un nouveau catéchisme de l’Eglise prenne l’affaire à bras-le-corps : « Tant que nous n’aurons pas glissé vers une expression de notre louange de Dieu plus riche du point de vue du genre, nous manquerons à notre devoir envers Dieu et passerons à côté de quelque chose », assure-t-elle.
L’église anglicane d’Angleterre encouragée à féminiser Dieu à partir de l’imagerie de textes anciens, mais au mépris de la vérité
Les féministes s’appuient notamment sur des textes fort anciens : « Le cantique 82 du chant d’Anselme, évêque de Cantorbéry au XIIe siècle compare Jésus à une mère, alors que le cantique 86 attribué à Julien de Norwich parle de Dieu comme de “notre mère en toutes choses” », rappelle le Telegraph.
Il est vrai que les références à Dieu comparé à une mère qui n’oublie pas ses enfants ne manquent pas jusque dans l’Ecriture Sainte. Vrai aussi que Dieu crée l’homme à son image : « Homme et femme Il les créa. » Mais Dieu est Père et son Fils unique s’est incarné en tant qu’homme, confiant sa prêtrise aux seuls hommes.
Ces vérités fondamentales sont mises à mal par le langage « inclusif ». On le comprend d’autant mieux que la nomination de « femmes évêques » au sein de l’Eglise d’Angleterre a d’ores et déjà facilité l’acceptation d’un langage faux, d’une conception de Dieu à notre image. Si celui qui agit (ou qui imagine agir In Persona Christi) peut être une femme, alors pourquoi ne pas inventer une sorte de… déesse ?