Election présidentielle : Le Pen ne votera pas Le Pen

Election présidentielle Le Pen votera pas le Pen
 
A dix jours de son rendez-vous devant le bureau exécutif du Front national, Jean-Marie Le Pen a tenu à souligner avec force ses divergences de vue avec Marine Le Pen, sa fille, indiquant, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, que, en l’état actuel de ses positions, et donc de leurs relations, il ne la soutiendra – et donc ne votera – pas pour elle à la prochaine élection présidentielle qui se profile à l’horizon (important pour elle) 2017. Ce n’est sans doute que la voix de Jean-Marie Le Pen. Mais Marine Le Pen prendra-t-elle le risque de vérifier, dans les urnes, que cette voix n’y compte plus que pour une seule voix ?
 
Il y a bien sûr, chez Jean-Marie Le Pen, la volonté très manifeste de montrer qu’il ne pliera pas devant l’injustice ; et qu’il ne craint pas ceux qui se présentent comme ses juges. Il le dit d’ailleurs en réponse à la première question qui lui est posée : « Je ne vais pas faire le cadeau aux membres du bureau exécutif désignés par Marine Le Pen de pouvoir s’exprimer sans me regarder dans les yeux. »
 
Dont acte en ce qui concerne le bureau exécutif – le bureau punitif
 

Le Pen vs Le Pen

 
Mais il ne s’agit pas d’abord, pour le président d’honneur du Front national, de rouler des mécaniques. Il entend démonter une baudruche, dont il estime qu’elle ne correspond pas au parti qu’il a fondé. Aussi, interrogé sur la volonté de Marine Le Pen de le dédiaboliser face à lui, face à ses outrances, rétorque-t-il : « J’ai toujours dit que la dédiabolisation était un leurre, puisque ce sont nos adversaires qui nous diabolisent. »
 
Et il enfonce le clou. Affirmant n’avoir, pour lui succéder, choisi sa fille qu’au « bénéfice de l’âge et de la santé » – autrement dit, pas au mérite… –, il ajoute : « En quatre ans, il faut bien dire la vérité, elle ne s’est pas améliorée. »
 
S’il doit être poursuivi devant les instances de son parti, c’est pourtant lui qui, pour l’instant, tient la place du procureur. Qu’on en juge !
 
A la question de savoir ce qui le distingue de sa fille, il répond :
 
« La morale et la droiture. C’est aussi l’attitude à l’égard de la Deuxième Guerre mondiale, que j’ai connue alors qu’elle n’a fait qu’en entendre parler. C’est enfin l’expérience d’un combat très dur pour la France, qui a duré soixante ans. Beaucoup de choses nous séparent… »
 
Voilà Marine rhabillée pour l’hiver…
 
Du point de vue politique, il dénonce une « évolution dans la ligne » du Front national, au service de l’ambition de sa fille « d’être un jour chef de l’État ». « Mais, ajoute-t-il en une nouvelle pique, elle ne s’en donne pas les moyens. Ni les moyens éthiques, ni les moyens politiques. Elle scie la branche sur laquelle elle est assise, avec des procédés qui révulsent même ses adversaires. »
 

Election présidentielle : Le Pen ne votera pas Le Pen

 
Jean-Marie Le Pen développe ses griefs contre sa fille – pour la défense de la France et du Front national. Pour conclure que, « si Marine Le Pen suit la même ligne qu’aujourd’hui, avec les mêmes procédés, et si Dieu me prête vie, (…) je ne la soutiendrai pas ».
 
Dès lors, il ne fait aucun doute pour lui que le fameux bureau politique prononcera son exclusion : « Tout indique que je vais être exclu. C’est comme sous la Terreur ! C’est 1793 ! Vous connaissez à l’avance les décisions du tribunal révolutionnaire ! Il est vrai que Saint-Just siège parmi les “juges” nommés par Marine Le Pen… Je suis victime d’une injustice majeure, non seulement moi, mais aussi le Front national. Donc je me battrai jusqu’à la victoire du droit, de la justice, de la légalité. »
 

La France d’abord

 
Pour la France aussi : « La péripétie qui est en train de se dérouler risque de casser les chances de la France, ce qui est tout de même beaucoup plus important que l’orgueil de Marine Le Pen. » Un orgueil qu’il peut dénoncer puisqu’il se permet de souligner que, au sein du Front national, il n’est que « la personnalité la plus importante après elle »…
 
La cassure est nette, la rupture consommée. On doute, après cette succession de roquettes médiatiques et réciproques, qu’elle puisse être autre chose, sur le terrain public, que définitive.
 

François le Luc