Emeutes au Royaume-Uni : déni d’invasion du système

Emeutes Royaume-Uni déni invasion
 

Une semaine après que trois fillettes ont été assassinées au couteau de boucher le 29 juillet à Southport dans le Nord-Ouest de l’Angleterre, les manifestations se multiplient dans tout le Royaume-Uni y compris en Irlande du Nord, alors que les autorités, les médias et le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer opposent une grande animosité à ce qu’ils nomment « l’extrême-droite » et une fermeté sans faille à sa « violence ». Le système ne veut pas comprendre la colère qui monte et biaise l’information pour que l’invasion qui la cause ne soit pas montrée du doigt, essayant de se défausser sur le bouc-émissaire de l’extrême-droite. Ce déni, qui est la principale cause de la violence dénoncée, tue : des petites filles d’abord, et l’espoir d’une solution ensuite.

 

Un délicieux garçonnet de Cardiff a causé les émeutes

Les émeutes ont commencé à Southport où le sauvage assassinat a eu lieu après une rumeur diffusée sur les réseaux sociaux : le meurtrier serait un demandeur d’asile musulman. Deux mosquées ont été attaquées, et un hôtel où résident des demandeurs d’asile, sans blessé. La police, après un temps d’hésitation, a enfreint sa règle du silence concernant les mineurs pour révéler que le principal suspect, Axel Rudakubana, était citoyen du Royaume-Uni et sujet d’Elisabeth II à Cardiff, au Pays-de-Galle, dans une famille d’origine rwandaise et chrétienne. La presse, britannique et internationale, s’est réjouie de révéler que l’assassin n’était pas « un méchant musulman ». Elle a répandu des photos de l’assassin présumé enfant, avec de grands yeux d’enfant de chœur. Et interrogé d’anciens voisins décrivant la famille comme « amicale », discrète « on leur disait bonjour bonsoir », et le petit comme « introverti ». L’homme n’en a pas moins tué trois fillettes et blessé plusieurs autres. On ne nous dit pas pourquoi (la presse est étonnamment silencieuse à ce sujet) : est-ce encore un déséquilibré précoce, ou s’est-il « radicalisé » dans quelque « religion de paix et d’amour » ?

 

Le Royaume-Uni et le monde dénoncent l’extrême-droite

Quoi qu’il en soit, « l’islamophobie » et la « violence » des manifestants ont été unanimement (et univoquement) dénoncées. Le ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a promis que les participants aux émeutes paieraient « le prix de leur violence et de leur comportement de voyous », et le Premier ministre qu’ils « regretteraient » d’y avoir participé. La police londonienne a prévenu qu’elle ne tolèrerait « pas que des individus utilisent le droit de manifester comme un moyen de commettre des actes de violence ou d’inciter à la haine raciale et religieuse ». Et il est certes délictueux de jeter des briques et des bouteilles et de briser quelques vitrines. Mais si l’on compare à n’importe quelle grande manifestation en France, et plus encore aux véritables émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, c’est du pipi de chat. Il y a certes eu quelques policiers blessés, mais la plupart d’entre eux dans des opérations pour séparer les manifestants anti-invasion des « antifascistes » qui entendaient les attaquer. Pourquoi tant de grands mots et un ton si emphatique dans la condamnation ? Encore une fois, on n’a rien entendu de pareil en juin 2023.

 

France, bonnes émeutes, Royaume-Uni, mauvaises émeutes

La raison est simple : les manifestations au Royaume-Uni ne sont pas politiquement correctes, il faut donc les maquiller en émeutes terribles, par le même procédé, à l’envers, qui avait justifié les graves émeutes des banlieues françaises en les minorant l’an dernier. Qu’importe le fait qui a mis le feu aux poudres. Au Royaume-Uni, c’est l’odieux assassinat au couteau de trois fillettes, en France, c’était la mort accidentelle (et par sa propre faute) d’un délinquant rendu dangereux par sa conduite. Hier on déguisait des émeutes ethniques mues par la haine de la France en explosion de malaise social provoquée par une énième bavure policière, aujourd’hui on grime en émeutes d’extrême-droite le ras-le-bol de tout un peuple devant une invasion de plus en plus difficile à supporter, contre laquelle, c’est le moins qu’on puisse dire, l’Etat et le système n’ont rien fait.

 

Trop d’invasion ne fait pas disparaître l’invasion

Pour mieux impliquer l’extrême-droite, on parle de l’English Defence League, parti nationaliste anglais, alors qu’elle est officiellement dissoute depuis 2013. Mais son ancien chef est en vacances à Chypre. Quant à Nigel Farrage, chef de l’UKIP qui vient d’obtenir un très bon score (14 %) aux dernières législatives, il se tient pour l’instant à l’écart de tout cela, étonnamment silencieux. Le rejet de la colère populaire sur l’extrême-droite est manifestement un stratagème politique. Même l’AFP a dû le reconnaître : « Toutes les manifestations ne sont pas violentes. Il y en a eu une pacifique dimanche à Adelshot, dans le sud de l’Angleterre. On y relevait des pancartes telles que “Stop à l’invasion” ou “Nous ne sommes pas d’extrême droite, nous avons raison” » (en anglais : “We are not far right, we’re just right”). « Les gens en ont assez qu’on leur dise qu’ils devraient avoir honte quand ils sont blancs et de la classe ouvrière », mais je suis fière d’être un « petit blanc », a dit Karina à l’AFP, sans donner son nom de famille, à Nottingham. Et il faut bien avouer que les slogans les plus lus à travers le Royaume-Uni n’ont rien à voir avec le « déchainement de haine raciale et religieuse » que dénonce notre consœur l’Humanité : « Trop c’est trop », « Stoppez les bateaux », « Sauvez nos enfants ».

 

Déni de la réalité, déni de l’histoire, déni de la colère populaire

Ils n’ont rien de scandaleux dans un pays où, en quelques années, selon le gouvernement qui tient des statistiques ethniques, la part des blancs s’est réduite à 80 %, alors que le même gouvernement ne donne les chiffres d’attaques au couteau que selon les victimes, et non des auteurs ! Ce qui motive les cris d’orfraie de la presse anglaise et internationale, c’est le déni de l’invasion subie par le Royaume-Uni et l’Europe et ses conséquences. Le déni de l’histoire récente aussi. La presse déplore qu’on ait censément laissé croître l’islamophobie et la xénophobie. Mais si les Britanniques craignent les étrangers et les musulmans, c’est parce que la presse et les autorités ont, par exemple, laissé faire et tu pendant des années des scandales tel celui de Rotterham : des années 80 aux années 2010, 1.500 jeunes filles de 12 à 16 ans ont subi des viols collectifs commis par des « Britanniques d’origines pakistanaise » sans que ni la police ni les autorités politiques ne disent rien, de peur d’être taxées de « racisme » : on comprend mieux pourquoi l’opinion s’enflamme quand l’identité d’un criminel n’est pas dévoilée. Au Royaume-Uni, comme en France ou en Allemagne, il s’agit souvent d’un individu « issu de la diversité » dont les autorités ne veulent pas divulguer l’origine. Mais le mensonge, par action ou par omission, finit par susciter une telle colère que les barrières mises pour faire obstacles à la vérité sautent.

 

Pauline Mille