Elon Musk, PDG de Tesla Motors et de SpaceX, a déclaré cette semaine aux dirigeants des principales entreprises de technologie que le développement de l’intelligence artificielle mènera à des ordinateurs tellement sophistiqués qu’il nous faudra nous implanter des circuits connectés dans le cerveau pour ne pas nous faire distancer. Même si l’annonce d’une entrée informatique dans le cerveau ressemble à de la science-fiction, les responsables des entreprises de haute technologie ont redit, lors des discussions tenues pendant le congrès de la publication en ligne Recode, que l’intelligence artificielle était sur le point de changer la vie quotidienne.
Il n’est un secret pour personne que les technologies high-tech se plongent dans la recherche en intelligence artificielle, une industrie qui représentera 70 milliards de dollars en 2020 contre tout juste 8,2 milliards en 2013, selon un rapport de Bank of America. L’intelligence artificielle, qui utilise des algorithme spécifiques pour traiter quantité d’informations brutes, prédire des événements et reconnaître des modèles, est déjà utilisée dans des systèmes de recherche sur internet, pour des fonctions de conseil en marketing, de sécurité et dans des programmes de transactions financières. Cette technologie qui s’étendra aux voitures sans conducteur et aux robots utilitaires, selon le rapport de Bank of America.
L’intelligence artificielle, un énorme marché en expansion
Sundar Pichai, directeur d’Alphabet Inc’s Google, a dit voir dans l’intelligence artificielle une « énorme opportunité ». Google a commencé à appliquer la technologie des réseaux de neurones profonds pour harmoniser ses logiciels de reconnaissance il y a trois ou quatre ans et a de l’avance sur des rivaux comme Amazon, Apple ou Microsoft dans le domaine de l’apprentissage par la machine. Mais il reconnaît, comme d’autres, que le travail de construction de machines qui apprennent par elles-mêmes en est toujours à ses débuts. Microsoft, par exemple, s’est excusé après qu’un logiciel de discussion en ligne eut appris sur Twitter à tenir des propos racistes.
Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, prédit un profond impact sur la société dans les vingt ans à venir : « C’est vraiment tôt, mais je pense qu’on est au tout début d’un âge d’or. Cela va être passionnant de voir ce qui se passe… ». Amazon travaille sur l’intelligence artificielle depuis quatre ans au moins et a aujourd’hui plus de 1.000 employés qui se consacrent à Alexa, l’assistant vocal de la compagnie.
Les décisions à l’ère de l’intelligence artificielle, selon le PDG d’IBM
Des centaines de start-ups travaillant sur l’intelligence artificielle vont probablement rejoindre le train de cette technologie, pour le moment développée principalement par les plus grosses sociétés qui disposent de gigantesques sources de données. Gini Rometty, PDG d’IBM, a déclaré que sa société travaille sur l’intelligence artificielle depuis 2005 lorsqu’elle a développé son super-ordinateur Watson. Pour Rometty, l’intelligence artificielle « aura un impact toutes les décisions », de la santé à l’éducation jusqu’aux services financiers.
Mais pour Adam Burrows, vice-président d’Home Advisor (d’IAC/interactive Corp.), ce qui retient le plus retenu l’attention, c’est le commentaire d’Elon Musk sur les implants cérébraux, qui soulève une question philosophique : « Serons-nous toujours humains si nous devenons partiellement des ordinateurs ? »… Et certains de se demander si, au vu de l’évolution de la réalité virtuelle, nous ne serions pas nous-mêmes des pions d’un gigantesque jeu informatique – scénario de science-fiction bien connu. Plus sérieusement, Musk a mis en garde contre les dérives dictatoriales que l’intelligence artificielle, si elle est concentrée dans les mains de quelques-uns ayant accès aux données de chacun, pourrait faire subir à l’ensemble de l’humanité. Pour lui, seul un accès facile et démocratisé à cette technologie sera à même de combattre ce risque.