A deux mois d’élections nationales, l’Espagne s’est vu recadrer par la Commission européenne qui lui reproche un budget trop laxiste alors que ce pays de la zone euro dépasse les objectifs de dépenses fixés par l’Union européenne. Elle a été sommée de revoir sa copie après avoir déposé son projet de loi de finances qui, selon la Commission, contrevient aux règles fiscales de l’Europe.
Indépendamment de savoir si c’est une bonne chose pour un pays de dépenser et de s’endetter toujours davantage, c’est un nouvel épisode de la mainmise supranationale sur les décisions qui relèvent de la souveraineté nationale. Et bien entendu, c’est l’ensemble de la politique du pays qui est affectée par ce recadrage fiscal.
Selon les estimations de Bruxelles, l’Espagne affichera en fin d’année un déficit de 4,5 % et de 3,5 % en 2016 : même si la pente semble orientée dans le bon sens c’est toujours en deçà de la limite de 3 % du Pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne.
Le déficit de l’Espagne dépasse les objectifs contrôlés par la Commission
En l’occurrence, les estimations de la Commissions sont plus pessimistes que celles du gouvernement de Mariano Rajoy, qui prévoient des déficits de 4,2 % en 2015 et de 2,8 % l’an prochain.
Toujours plus d’« austérité » : c’est le programme que se voit infliger le Premier ministre espagnol. Cela se traduit par moins de dépenses, davantage d’impôts – ou les deux. Le prix à payer pour le sauvetage des banques espagnoles en 2012 face aux créanciers internationaux…
Ce n’est pas faute pour le gouvernement Rajoy d’avoir suivi les prescriptions de Bruxelles : c’est même ce qui le laisse à la traîne dans les sondages derrière l’opposition socialiste.
L’Union européenne somme l’Espagne de changer son budget, et donc sa politique
Mais l’injonction risque surtout de profiter à l’extrême gauche espagnole, le mouvement Podemos, antichrétien bien sûr, qui attire la sympathie en assurant qu’il résistera aux dictats économiques de l’Union européenne. Comme Syriza ?
Le commissaire à l’Economie, Pierre Moscovici, a rejeté l’accusation selon laquelle le jugement de Bruxelles a été motivé par l’imminence de l’élection générale en Espagne. « Nous suivons les règles. Il n’y a pas d’idéologie dans notre travail. Ce qui compte, c’est de parler chiffres. Nous travaillons sur les faits. »
Pas d’idéologie ? Dans le calcul, peut-être. Pour le reste, l’idéologie fédéraliste européenne est pleinement à l’œuvre.