L’Espagne peine à trouver un gouvernement

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Le secrétaire général du parti socialiste espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, à une conférence de presse au parlement le 22 janvier 2016.

 
Le président sortant du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui tente depuis plusieurs semaines de former une nouvelle équipe, après que le Parti populaire a remporté les élections législatives du mois dernier sans cependant obtenir la majorité, a renoncé vendredi à demander la confiance du Parlement. Il entend bien cependant poursuivre ses efforts pour tenter de dégager une majorité. Pour l’Espagne…
 
A l’issue de son entretien avec le roi, Mariano Rajoy a déclaré qu’il n’était actuellement pas en mesure de demander la confiance du Parlement, qui, en dehors de tout accord lui permettant de dégager une majorité, ne la lui accorderait certainement pas. D’autant plus qu’il y a aujourd’hui une majorité contre lui…
 

Mariano Rajoy peine à trouver un gouvernement

 
Pour autant, le dirigeant du Parti populaire n’entend pas renoncer : « Je suis toujours candidat, a-t-il déclaré, mais je ne peux pas me présenter maintenant parce que je ne dispose pas du soutien nécessaire. (…) Je ne renonce à rien. »
 
En pratique, Mariano Rajoy cherche manifestement à gagner du temps. De fait, la Constitution espagnole ne fixe aucune date butoir pour le vote d’investiture. En revanche, si la confiance est demandée au Parlement, un gouvernement doit alors être formé dans les deux mois ou de nouvelles élections, en cas d’impasse, doivent être organisées.
 
Malgré tout, la Constitution ne suffira pas, et le temps pourrait bien jouer contre le leader conservateur. En effet, après l’annonce de cette décision, le roi Felipe a décidé de reprendre de nouveaux entretiens à partir de mercredi prochain avec les différents dirigeants des partis représentés au Parlement, a annoncé vendredi soir le Palais royal, afin d’essayer de débloquer cette situation.
 

L’Espagne dans l’impasse

 
Et la gauche tente bien essayer de profiter de cette faiblesse actuelle de la droite. Pedro Sanchez, le dirigeant du Parti socialiste (Psoe), qui a d’ores et déjà rejeté l’idée d’une grande coalition droite-gauche « à l’allemande », s’est dit au contraire favorable à un rassemblement des forces de gauche. « Le Parti socialiste fera ce qui est nécessaire pour former un gouvernement de changement, progressiste et réformiste », avait-il déclaré après avoir rencontré le souverain.
 
De son côté, le numéro un du parti de la gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias, se dit désormais prêt à participer à un gouvernement d’union de la gauche. Ou, comme il le dit, « un gouvernement d’alternance avec les socialistes et Izquierda Unida » (ex-communistes). Il a ajouté qu’il briguerait alors le poste de vice-Premier ministre, et plusieurs ministères importants pour son parti : « Nous allons discuter de gouvernement, d’équipes et de tâches à mener, et nous discuterons sans ligne rouge. »
 

La gauche en embuscade

 
Sans ligne rouge, vraiment, en tout cas, pas sans méfiance. « Comme nous ne sommes pas très sûrs que les socialistes soient capables de mettre en pratique ce qu’ils disent, ajoute en effet le patron de Podemos, la meilleure garantie est que nous soyons dans le gouvernement. Il faut des personnes qui assurent la cohérence entre ce qui se dit et ce qui se fait. » Une assertion qui n’a pas plu, on peut le comprendre, aux responsables socialistes. Mais l’important n’est-il pas de prendre le pouvoir quand il paraissait s’échapper ?
 
« L’Espagne ne peut pas se permettre d’attendre Rajoy », a conclu Pablo Iglesias. Et les socialistes, bien sûr, sont d’accord.
 
En clair, l’Espagne et le roi pourraient bien ne pas être aussi patients que la Constitution. Et Mariano Rajoy en a manifestement conscience…
 

François le Luc