L’étage du dessous (Un etaj mai jos) constitue une curiosité en France : un drame et policier roumain, à apprécier dans la langue originale. M. Patrascu vit dans un immeuble tranquille de Bucarest, avec sa femme et son fils. Ce dernier est l’archétype de l’adolescent en crise, pas méchant mais dans son monde, à base de jeux vidéo. M. Patrascu a une activité professionnelle singulière, facilitateur de démarches administratives, spécialisé dans les immatriculations d’automobiles de société. Ce métier incroyable doit exister en Roumanie, et est traité sérieusement. L’administration française valant la roumaine, il y a là certainement un gisement d’emplois chez nous aussi.
 

L’étage du dessous finit par décevoir

 
Brusquement, la quiétude de l’immeuble est troublée par le meurtre, du moins une chute mortelle pouvant faire croire à un meurtre, d’une voisine, jeune étudiante. M. Patrascu a tout lieu de soupçonner un voisin du crime. Curieusement, il ne fait pas part de ses soupçons, fondés, à la police. Jusque-là, un gros tiers de la durée, le film est bon. Puis il bascule dans un drame bizarre, avec le comportement aberrant et agressif du probable coupable, qui s’immisce de plus en plus dans la famille de M. Patrascu. Ce dernier se conduit de façon pourtant de plus en plus ouvertement hostile, pour des raisons évidentes pour le spectateur, mais ni pour son fils ni sa femme. Il se conduit lui aussi à son tour de façon peu claire, sinon incompréhensible, sauvant par son silence quelqu’un qu’il déteste, et qui, du reste, se rend chaque jour plus détestable.
 
L’étage du dessous serait une forme de parabole sur les comportements hérités de l’ère communiste. A l’époque, un honnête homme ne dénonçait jamais personne à la police. Aujourd’hui, il faudrait au contraire savoir le faire, à bon escient. Ce propos est-il suffisant pour bâtir un film ? Ce n’est pas certain, et L’étage du dessous finit dans la durée par franchement s’enliser et décevoir.
 

Hector Jovien