C’est une « vérité qui dérange », pour reprendre ses propres mots : Aaqil Ahmed, chef du service religieux de la BBC a assuré que l’État islamique est « évidemment » mû par l’islam ou du moins « une certaine forme de doctrine islamique », contrairement à l’idée répandue par la presse de gauche qui tente d’affirmer que la religion n’a rien à voir avec cette affaire.
Aaqil Ahmed, premier musulman à occuper ce poste de direction de la religion et de l’éthique à la tête du prestigieux média public britannique, s’exprimait ainsi la semaine dernière à l’université de Huddersfield à l’invitation de Lapido, Centre pour la connaissance de la culture religieuse dans les affaires mondiales.
« J’entends tant de gens dire que l’État islamique n’a rien à voir avec l’islam – mais bien sûr que cela à voir. Il ne prêche pas le judaïsme. Il peut avoir tort, mais ce qu’ils disent correspond à une idéologie fondée sur une certaine forme de doctrine islamique. Ce sont des musulmans. C’est un fait, et il nous faut accepter dans nos têtes quelques faits très dérangeants. De là vient les difficultés de nombreux journalistes, car la très grande majorité des musulmans ne sont pas d’accord avec eux [l’État islamique] », a expliqué Aaqil Ahmed.
Aaqil Ahmed et la « vérité qui dérange » : l’Etat islamique a bien un rapport avec l’islam
Le président de la séance, Paul Vallely, professeur de journalisme à l’université de Chester, a renchéri : « Nous devons ouvrir les yeux des étudiants. La religion n’est pas en train de disparaître, elle est en train de faire sa rentrée, et en grand », a-t-il dit.
Une autre enseignante universitaire a souligné que les étudiants devaient en savoir davantage sur la religion pour pouvoir écrire de manière intelligente sur des questions clef : « Si nos journalistes ne comprennent pas quels sont les problèmes en cause, alors tout ce qu’ils diront se limitera aux versions qu’ils ont entendues. »
Voilà qui tranche avec le discours majoritaire dans les médias, en effet : beaucoup ont repris en chœur l’idée que « l’État islamique n’est pas islamique », fortement promue par Barack Obama lui-même et elle se retrouve également dans l’acronyme DAECH, utilisé principalement en France, qui signifie en arabe « semeurs de discorde » ou les ennemis de la religion.
Le directeur « religion » de la BBC rétablit le lien occulté entre DAECH et l’islam
Comment interpréter ce retour au réel ? On se heurte ici aux contradictions du relativisme. D’une part, il est opposé à toute forme de religion qui se dit vraie, et voit dans la religion la cause principale des conflits dans le monde. C’est toute l’idéologie culturelle de l’UNESCO qui cherche à tout prix à étouffer les croyances traditionnelles et les différences nationales. De l’autre, il se doit d’affirmer l’égale valeur de toutes les religions pour dénoncer toute affirmation de supériorité culturelle ou de civilisation de la religion chrétienne principalement, parce qu’en définitive, c’est elle, l’ennemi à abattre.
Cela se traduit par deux stratégies : vider les religions traditionnelles de leur sens en les rendant compatibles avec l’idéologie des droits de l’homme et du relativisme obligatoire, ou bien les combattre en tant que telles.
Que ces contradictions s’expriment publiquement est le signe d’une pensée qui n’est pas fondée sur la vérité mais sur la dialectique et le pragmatisme : qu’est-ce qui fait de plus avancer ma cause aujourd’hui ?