Des responsables des services de renseignement irakiens ont mis en garde contre les activités de l’Etat islamique relatives à la production d’armes chimiques qu’il a déjà utilisées par le passé : le gaz moutarde, notamment, contre des combattants kurdes basé à Marea, au nord de l’Irak. Manuel Valls semble prendre ces avertissements très au sérieux, alors que selon ces sources l’Etat islamique a récemment déplacé plusieurs de ses laboratoires de recherche, personnel compris, vers des zones qu’il a sécurisées au cœur de la Syrie. Si Manuel Valls dit craindre de nouvelles attaques terroristes aux gaz neurotoxiques, comme il l’a dit devant l’Assemblée, jeudi, sa déclaration a surtout servi d’annonce et de justification à des demandes de contrôles et de coopération accrue sur le plan de la sécurité.
De telles positions ne manqueront de relancer et d’accélérer le processus de mise en place du registre nominatif des passagers aériens (PNR) en Europe.
Manuel Valls annonce des attaques aux gaz neurotoxiques pour faire voter l’état d’urgence
Les services de renseignement américains, eux, ne croient guère à la capacité de l’État islamique de produire des armes neurotoxiques en masse, tout au mieux de petites quantités de gaz moutarde, arguant du fait que jamais Al-Qaïda n’a réussi à mettre au point de telles armes ces 20 dernières années. C’est sans compter que l’État Islamique n’est pas Al-Qaïda et que ses moyens, notamment financiers, sont considérablement plus importants, à même de décupler l’inventivité et les capacités de production de terroristes déterminés et forcenés.
Quelle que soit la faiblesse des moyens de fabrication initiaux, des scientifiques et des ingénieurs compétents financièrement motivés arriveront toujours à mettre au point des produits chimiques dangereux, rappelle de son côté le lieutenant-général Richard Zahner, officier supérieur du renseignement militaire américain en Irak en 2005-2006.
Dans la foulée des attentats de Paris, le gouvernement français a donc choisi de mettre en garde contre toutes sortes de menaces terroristes, dont les attaques aux gaz neurotoxiques. Meilleur moyen pour obtenir un large vote d’adhésion à l’« état d’urgence » qui a été voté jeudi par l’Assemblée pour trois mois.
Les armes chimiques sont-elles accessibles à l’Etat islamique ?
Dès le 15 novembre, paraissait un arrêté publié au Journal Officiel visant à autoriser le recours massif au sulfate d’atropine, son stockage et sa distribution par le Service de santé des armées aux services médicaux d’urgence. Rappelons que le sulfate d’atropine est administré aux personnes exposées à des neurotoxiques organophosphorés, gaz mortels tels le Sarin qui avait été utilisé par la secte Aum Shinrikyô lors de l’attaque terroriste du métro de Tokyo en mars 1995. Il s’agit, en France, d’être paré à toute éventualité lors de la COP21, moment rêvé pour une attaque terroriste.
On notera que les terroristes ne sont plus qualifiés de « loups solitaires », mais de groupes organisés en mesure de mettre en œuvre des opérations complexes en Europe occidentale, avec l’aide de « têtes pensantes », telle Abdelhamid Abaaoud abattu mercredi dernier par les forces du RAID, à Saint Denis.