L’une des motivations fondamentales, et bien entendu peu souvent mises en avant des partisans de l’euthanasie et du suicide assisté, est économique. Il n’aura pas fallu attendre longtemps, en définitive, pour que cela soit montré au grand jour. Selon le quotidien Washington Times, des assurances santé dans l’Etat du Nevada, où le suicide assisté est légal, ont récemment refusé des traitements onéreux et nécessaire à la survie de leurs clients, proposant de les aider plutôt à mettre fin à leurs jours.
On ne saurait montrer plus clairement l’intérêt économique des législations qui permettent d’échapper à la prise en charge des frais les plus lourds entraînés par la maladie : généralement, ceux qui arrivent en fin de course, étant donné que les derniers mois de vie sont généralement présentés comme les plus « chers » au cours de la vie d’un assuré.
Le journal cite le témoignage d’un médecin, Brian Callister, professeur associé de médecine interne à l’université du Nevada, qui avait cherché à obtenir la prise en charge du transfert de deux de ses patients vers la Californie et vers l’Oregon en vue d’y subir des traitements qui ne sont pas proposés par son propre hôpital.
Le suicide assisté légal : une aubaine pour les compagnies d’assurance ?
Pour les deux patients, assurés auprès de compagnies différentes, la réponse a été identique, donnée par téléphone, sans doute pour éviter la présence d’une trace écrite ? Dans les deux cas, c’est un médecin représentant la société d’assurance qui est entré en contact avec le Pr Callister, en expliquant qu’il n’était pas question de couvrir la procédure ou le transfert envisagé, et demandant dans la foulée : « Seriez-vous prêt à envisager un suicide assisté ? »
Le médecin du Nevada assure que les deux coups de fil sont intervenus en 2016 au cours d’une période d’environ un mois, et il souligne également qu’il n’avait rien fait pour susciter une telle proposition.
Il a également précisé que les deux patients en question n’étaient pas en phase terminale de leur maladie, mais que leur maladie serait entrée en phase terminale en l’absence des traitements médicaux qu’il cherchait à mettre en place. Dans les deux cas, il ne s’agissait pas simplement de prolonger la vie mais d’aller vers une possible guérison, avec 50 % de chances de réussite dans le premier cas, 70 % dans le second.
Le refus de soins onéreux facilité là où le suicide assisté est légal
Le Dr Callister est quant à lui entré en campagne contre la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, ce dernier étant déjà dépénalisé dans une demi-douzaine d’Etats tandis que douze autres envisagent de le faire. Il a participé à une vidéo de mise en garde proposée par le Parents Rights Action Fund où il déclare :
« Même si la plupart des compagnies d’assurances cherche à se montrer comme votre meilleur ami, ce qu’ils veulent, c’est prendre l’option la moins chère. C’est bien meilleur marché d’attraper quelques médicaments et de vous tuer plutôt que de mettre en place un traitement pour vous maintenir en vie. C’est aussi simple que cela. »
Le même groupe de défense de la vie donne la parole à une Californienne, Stéphanie Packer, très gravement malade, qui témoigne de ce que son assurance maladie a refusé de prendre en charge ces traitements et lui a proposé à la place des pilules euthanasiques peu après que l’Etat de Californie eut adopté sa propre loi de suicide assisté en 2015.
Le groupe a choisi pour plusieurs raisons de ne pas nommer les compagnies d’assurances qu’elle met en cause, notamment pour ne pas révéler l’identité des patients concernés.
Les compagnies d’assurance des Etats-Unis protestent de leur innocence
Du côté des assureurs, on a publié un communiqué signé par le groupe qui représente leurs intérêts communs indiquant que les lois autorisant la mort choisie ne changent rien à la politique de remboursement des soins, et qu’aucune d’entre elles ne se permettrait de s’impliquer dans une décision de suicide assisté. Les militants pour le suicide assisté accusent de leur côté le Dr Callister de ne pas apporter la preuve de ce qu’il avance.
Celui-ci parle de la « prudence » des assureurs qui évitent à tout prix de laisser des traces de ces propositions, même s’il s’en est trouvé pour dire les choses plus ouvertement. Ainsi en 2008, Barbara Wagner, dans l’Oregon, a reçu une lettre de la part de son programme Medicaid refusant le remboursement d’un médicament pour le cancer du poumon revenant à 4.000 dollars par mois, mais proposant de procurer des médicaments en vue d’un suicide assisté, rapporte le Washington Times. Cela dit, les sociétés d’assurances ne sont pas tenues de préciser les motifs de refus de remboursement, ce qui permet d’avancer masqué.