Le fentanyl, un opioïde mortel à petite dose qui fait des ravages chez les utilisateurs d’héroïne aux États-Unis

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Quarante fois plus puissant que l’héroïne, le fentanyl provoque une épidémie d’overdoses mortelles aux États-Unis. Il s’agit d’un opioïde synthétique normalement utilisé en soins palliatifs quand d’autres analgésiques ne font plus effet. Pris sans contrôle médical, même à toute petite dose, il peut provoquer un arrêt respiratoire et la mort, à tel point que les policiers de l’office de lutte contre la drogue (DEA) qui ont à le manipuler revêtent des combinaisons totalement étanches pour éviter toute inhalation accidentelle et tout contact avec la peau.
 
Les cartels de la drogue ne s’embarrassent toutefois d’aucun scrupule pour gagner de l’argent. Le fentanyl est fabriqué en Chine et au Mexique avant d’être expédié aux Etats-Unis pour alimenter le marché des consommateurs d’héroïne, plus chère à produire. Certains en demandent pour obtenir un effet encore plus puissant, telle Morgan Gilman, une jeune habitante de 21 ans de la ville de Manchester, au New Hampshire. Natasha Symonds, une héroïnomane de 26 ans, en a quant à elle entendu parler pour la première fois quand elle s’est retrouvée à l’hôpital pour en avoir consommé à son insu. Car les dealers mélangent le fentanyl à l’héroïne dans de simples blenders de cuisine. Quand ils en mettent un peu trop, c’est la mort assurée pour leurs clients.
 

Aux Etats-Unis, un opioïde mortel fait des ravages chez les toxicomanes

 
L’Etat du New Hampshire est le plus touché, mais le phénomène s’étend rapidement au reste du pays : 33.091 morts par overdose d’opioïde en 2015, contre « seulement » 12.979 par arme à feu. Au New Hampshire, où il y a moins de 20 homicides chaque année pour 1,3 million d’habitants, le nombre de morts par overdose de drogue, du fentanyl dans 70 % des cas, a dépassé les 400 en 2015 et a atteint près de 500 en 2016. A l’hôpital de Manchester, la plus grosse ville du New Hampshire, 6 % des nouveaux-nés présentent des signes d’état de manque aux opioïdes. Pendant la dernière campagne présidentielle, le problème des opioïdes dans ce petit Etat de la côte Est était le thème numéro un et Donald Trump y a même rencontré des familles qui avaient perdu certains des leurs. Mais maintenant qu’il est président, Donald Trump est la cible de critiques pour son budget 2018 qui prévoit une réduction au programme d’aide médicale Medicaid. Ce programme finance aussi le traitement de nombreuses personnes dépendantes aux opioïdes. La nomination par le président américain du gouverneur du New Jersey (1.500 morts par overdose en 2015) à la tête de la commission de lutte contre les opioïdes a au contraire été saluée.
 

Le fentanyl, une drogue utilisée en soins palliatifs…

 
Pourquoi un tel fléau aux États-Unis plutôt qu’ailleurs, même si le phénomène commence à se développer aussi en Grande-Bretagne ? Pour le docteur William Goodman, très impliqué dans la crise des opioïdes à Manchester, New Hampshire, la surprescription d’opioïdes ces dernières années n’y est pas pour rien : les trois quarts des opioïdes administrés sur ordonnance médicale dans le monde le sont aux Etats-Unis.
 

Olivier Bault