La commission des Etats-Unis pour les droits civils a lancé en 2010 un rapport qu’elle met à jour régulièrement sur les effets de l’immigration, en particulier clandestine, sur l’emploi en général, et plus spécialement sur l’emploi des Noirs. Ses conclusions sont terribles : les Noirs subissent plus gravement les effets de l’immigration de masse parce qu’ils sont en moyenne moins riches et moins diplômés que les Blancs. On s’en doutait, mais c’est prouvé ; l’immigration est un fléau pour les pauvres et accroît les inégalités entre Noirs et Blancs.

Une très forte immigration clandestine aux Etats-Unis

Un million de cartes vertes ouvrant droit au séjour et au travail légaux sont accordées chaque année aux immigrés qui en font légalement la demande, s’ajoutant aux 1,3 millions de cartes vertes réservées aux étrangers en situation régulière aux Etats-Unis. A cette immigration en règle il convient d’ajouter 15,5 millions d’immigrés clandestins qui pèsent sur l’emploi de deux manières, en tirant les salaires vers le bas et en retirant des postes du marché du travail. Les Noirs sont les principales victimes du phénomène parce que, selon le rapport, ils sont « employés de façon disproportionnée dans des emplois peu qualifiés, ou ils courent plus de risque d’être en compétition avec des immigrés ».

Une inégalité croissante pénalise les Noirs

En effet, 6 adultes noirs sur dix ont un niveau d’études secondaire ou moins seulement. Cela se traduit par un écart de richesse important entre Noirs et Blancs, au bénéfice de ces derniers, qui s’est fortement accrue sous la présidence de Joe Biden, de 2019 à 2022. Selon le rapport, « l’inégalité croissante signifie qu’en 2022, pour cent dollars détenus par les ménages blancs, les ménages noirs possèdent 15 dollars ». Et selon Vernon Briggs junior, professeur émérite d’économie du travail à l’Université de Cornell, « aucune question n’a davantage affecté le bien-être économique des Afro-américains que l’immigration ». Pourquoi ? Parce qu’on estime que 81 % de l’immigration illégale travaille, comme beaucoup de Noirs américains, dans les secteurs peu qualifiés : 24 % ont un niveau d’études secondaire et 57 % ne l’ont même pas.

L’immigration clandestine plus malléable que les Noirs

Mais alors, pourquoi les employeurs les embauchent-ils, de préférence aux Noirs américains qui sont plus éduqués ? D’autant que beaucoup d’immigrés clandestins maîtrisent très mal l’anglais, c’est un euphémisme ! Selon le professeur Holzer, de l’université de Georgetown, c’est parce qu’ils ont « une éthique du travail et une tolérance aux bas salaires supérieures, et qu’ils ont des réseaux ethniques pour le recrutement ». Selon Holzer, pour pourvoir les postes peu payés qui ne demandent pas de savoir lire ou écrire, les employeurs préfèrent donc nettement les immigrés illégaux et encouragent les réseaux d’accès à ces emplois. Pour Carol Swain, professeur émérite à l’université Vanderbilt, la solution pour les Etats-Unis serait que l’Etat fédéral pénalise lourdement les employeurs qui emploient des clandestins. En attendant, il a été recommandé au Bureau de statistiques du travail de recueillir toutes les données liées à l’incidence de l’immigration sur l’emploi des cols bleus aux Etats-Unis.

Pauline Mille