Le 11 mars dernier, les services douaniers américains ont en toute discrétion mis en place une expérience pilote pour un nouveau programme de reconnaissance faciale visant à aider les douanes de l’aéroport de Washington DC à repérer les « imposteurs : les personnes utilisant un passeport qui n’est pas le leur. L’information diffusée grâce à la fuite de plusieurs documents a été confirmée par le porte-parole des services de protections des frontières : ce test doit durer 19 mois.
Ce programme pilote fait partie d’un large effort mené par les Etats-Unis pour moderniser le travail des douanes grâce aux nouvelles technologies, et il n’est que le premier de trois outils différents intitulés « Targeted Biometric Operations ».
Le but de l’opération est de se servir de la reconnaissance faciale pour repérer ces « imposteurs ». Les militants de la protection de la vie privée s’inquiètent : ce pourrait être un premier pas pour créer une base de données universelle visant tous les Américains, y compris ceux qui n’ont contrevenu à aucune loi.
L’utilisation d’outils de reconnaissance faciale par la douane américaine inquiète les défenseurs de la vie privée
« Ce programme vise des individus non suspects qui se plient simplement à un exercice de routine », commente Jack Laperruque, membre du Center for Democracy and Technology : « On leur demande de fournir une partie de leurs données biométriques qui pourrait permettre de les identifier plus tard et qui sera conservée. »
Une démarche qui peut mener à de nombreux abus. Le programme permet en effet aux douaniers de choisir des Américains au hasard et de les prendre en photo. Impossible pour ces « rats de laboratoire » de refuser l’exercice, bien entendu. La photo est comparée à celle du passeport, le logiciel donne alors un pourcentage de correspondance et les services douaniers peuvent agir en conséquence.
Pour l’instant, les photos du test devraient être conservées sans l’identité de leurs propriétaires. Mais le programme a la capacité de lier identités et photographies et ce pourrait être fait plus tard. A la fin des 19 mois que doit durer l’expérience, les autorités assurent que les photos seront détruites… à moins qu’elles ne servent à une quelconque enquête.
Elles assurent en outre que ces photos ne seront pas transmises à d’autres services que le ministère de l’Intérieur, mais les défenseurs de la vie privée sont loin d’être convaincus. Ils affirment que les douaniers font déjà ce travail de comparaison, et qu’il n’y a nul besoin de le faire numériquement. Par ailleurs, aucune donnée n’a été fournie quant à l’exactitude de la reconnaissance faciale.
Le développement des outils de reconnaissance faciale pour accroître la surveillance aux Etats-Unis
Les deux autres outils permettraient de scanner le visage et l’iris des personnes qui passent les frontières mais seraient réservés aux étrangers qui passent la frontière américano-mexicaine, contrairement au programme de reconnaissance faciale.
En parallèle, Google annonçait le 17 mars dernier qu’il avait réussi à mettre en place le « meilleur » programme de reconnaissance faciale possible, capable de reconnaître 260 millions de visages différents.
Le système, nommé FaceNet, est parvenu à reconnaître les 13.000 visages de sa base de données, avec 100% de bons résultats.
Sur un essai massif de 260 millions de visages, FaceNet en a reconnu 86%.
Hodie mihi, cras tibi
Un défi également relevé par Facebook, Microsoft, Yahoo, Skype… et conjugué parfois à la reconnaissance vocale ou à l’analyse de texte. Des données également récupérées par les robots, les voitures sans chauffeur ou autres nouveaux « jouets » développés récemment. Il sera bientôt impossible d’échapper à une surveillance de plus en plus précise.