Surveillance et partage de données personnelles entre Russie, Kazakhstan et Kirghizistan

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Voilà un fait qui semble avoir échappé à la vigilance des médias francophones : en fin de mois dernier, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Russie se sont entendus pour partager les données personnelles de leurs citoyens à des fins d’application de la loi. Depuis la signature et la ratification de l’accord, les trois pays se sont engagés à se communiquer tous renseignements sur le statut de résidence, la nationalité, le statut migratoire, les visas, la propriété privée, le casier judiciaire et les papiers d’identité de tous les individus vivant à l’intérieur de leurs frontières, en utilisant notamment les données de reconnaissance faciale. Les capacités de surveillance progressent…

L’accord est entré en vigueur le 21 juillet, 30 jours après la dernière ratification qui fut celle du Kirghizistan, et moins de quatre ans après la signature d’un accord d’entraide judiciaire par les parties en décembre 2020.

 

Ceux qui fuient la Russie pour le Kazakhstan et le Kirghizistan risquent d’être rattrapés

Il complique la situation de dizaines de milliers de citoyens russes qui se sont réfugiés dans les deux pays signataires ex-satellites de l’URSS à la suite de l’invasion de l’Ukraine, rapporte le Moscow Times, soit pour éviter la conscription en Russie, soit par opposition à la guerre.

Le Kirghizistan, en particulier, a lancé début juin un vaste dispositif de reconnaissance faciale qui sert notamment à identifier des individus recherchés dans l’ensemble de la CEI (Communauté des Etats indépendants) qui comprend la Russie et une douzaine ex-républiques soviétiques, notamment l’Ukraine et la Biélorussie (seuls les Etats baltes ayant refusé d’emblée de s’y adjoindre).

Et qui dit « reconnaissance faciale » dit aussi données biométriques, dont on peut supposer qu’elles sont aussi partagées.

 

La surveillance et la reconnaissance faciale : une pieuvre qui s’étend

Selon le média russophone 24.kg, les forces de l’ordre russes ont fourni des informations sur plus de 85.000 personnes figurant sur la liste interétatique des personnes recherchées ; 57 personnes, dont une majorité de Kirghizes, ont été identifiées dans les 10 jours de leur communication grâce aux caméras de vidéo-surveillance extérieure, et ce avant même la mise en place des nouvelles règles de l’accord d’entraide.

 

A.D.