Les nouvelles règles des Etats-Unis pour les visas H1-B inquiètent les ingénieurs de l’informatique en Inde

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En Inde, la presse se fait l’écho des préoccupations des spécialistes en informatique, techniciens et autres ingénieurs qui s’inquiètent devant la nouvelle politique d’immigration de l’administration Trump. En particulier, la modification des règles des visas H1-B, réservés aux personnes hautement qualifiées, leur fait craindre la fin des possibilités d’émigration facile vers les Etats-Unis. C’est la Chambre des représentants qui vient d’introduire, lundi dernier, une proposition doublant le salaire minimum à proposer aux bénéficiaires du visa : à 130.000 dollars par an, on arrive à un tarif que même les géants de l’informatique hésitent à accepter pour pouvoir embaucher des étrangers.
 
L’idée est évidemment de promouvoir le recrutement des Américains au sein de sociétés qui ont jusqu’ici usé et abusé du système pour faire venir étudiants et travailleurs depuis des pays lointains. Les sociétés de haute technologie, aussi bien en Inde qu’aux États-Unis, recourent depuis longtemps au visa H1-B qui en près de 20 ans, a permis l’arrivée de plus de 500.000 ressortissants d’Inde.
 
Au fil des ans, le système est devenu encore plus intéressant pour les ressortissants indiens. En 2015, c’est l’administration Obama qui a facilité l’arrivée des époux des détenteurs de ce visa, leur permettant notamment de travailler aux États-Unis.
 

Haro sur les visas H1-B réservés aux ingénieurs et spécialistes de l’informatique

 
Près de 86 % des visas H1-B accordés à des travailleurs dans le domaine informatique ont été obtenus par des ressortissants indiens, ainsi que 46,5 % des visas pour ingénieurs. Sur un total de 85.000 visas par an, 20.000 sont réservés à des détenteurs de diplômes de Master d’universités américaines. Lesdits visas sont accordés dans le cadre d’un système de loterie puisque qu’on enregistre à peu près trois fois plus de demandes que de places disponibles (236.000 demandes en 2016).
 
Dès janvier 2016, le coût d’un visa H1-B a été fortement augmenté, passant de 2.000 à 6.000 dollars pour les sociétés employant 50 personnes et davantage, dont la moitié au moins bénéficiant déjà d’un tel visa.
 
Aux termes des nouvelles règles proposées à la Chambre des représentants, ces sociétés ne pourraient plus recourir à des ressortissants étrangers. L’avantage accordé aux détenteurs de Master (c’est le cas de beaucoup d’Indiens) seraient éliminés. La condition de rémunération achèverait de rendre le dispositif très peu attractif…
 

L’Inde s’insurge contre la nouvelle politique d’immigration des Etats-Unis

 
Côté indien, on affirme que les Etats-Unis n’ont pas assez de jeunes talents dans le secteur : ils n’auraient pas d’autre choix que de faire appel à des étrangers. Il faut dire que les Etats-Unis comme la France sont victimes d’un système scolaire qui met leurs ressortissants en difficulté par rapport à la concurrence de pays plus pointu dans ce domaine.
 
Les responsables indiens ajoutent que des sociétés indiennes présentes aux Etats-Unis contribuent de manière notable à l’économie américaine et y apportent emplois et richesses.
 
Tout cela ne règle pas cependant la question de l’outsourcing ou externalisation : la réalisation de tâches informatiques en Inde où les salaires sont plus bas, pour le compte de sociétés actives aux Etats-Unis. Cette industrie représente 150 milliards de dollars par an en Inde. Les sociétés indiennes s’attendent à de nouvelles réglementations dans ce domaine également, et leur valeur est en train de chuter en bourse alors que l’inquiétude s’accroît.
 
Actuellement en Inde, plus de 60 % des revenus des technologies informatiques proviennent des Etats-Unis.
 

Anne Dolhein