Qu’est-ce qu’être danois ? Le Danemark est le premier pays d’Europe à trancher la question de l’identité par un vote du parlement, en réponse au souci croissant de la population de souche devant l’immigration galopante. Une décision de portée historique.
C’est le Parti du peuple danois (DF) qui a introduit cette motion capitale devant le parlement. Elle stipule que « le parlement note avec inquiétude qu’il y a aujourd’hui des endroits au Danemark où le nombre des immigrants non-occidentaux et de leurs descendants dépasse cinquante pour cent. L’opinion du parlement est que les Danois ne doivent pas être en minorité dans une zone habitée du Danemark ».
Le parlement définit ce que c’est de ne pas être danois
La motion a été votée de justesse, par cinquante-cinq voix contre cinquante-quatre, par la coalition gouvernementale dite libérale, qui comprend, outre le parti du peuple danois, la gauche libérale Venstre, l’alliance libérale et les conservateurs.
Elle signifie très clairement que le fait d’habiter le Danemark ne fait pas le Danois, et que la détention même de papiers d’identité danois ne fait pas l’identité danoise, puisque parmi les migrants « non occidentaux » et leur descendance on trouve des individus qui détiennent de tels papiers d’identité.
Le Danois, aux termes de la motion votée par le parlement danois, ne se définit donc ni par sa résidence ni par sa nationalité administrative. Et le parlement ajoute un élément qui définit négativement l’identité danoise : faire partie des « migrants non occidentaux » ne vous qualifie pas, au contraire, pour être danois.
D’après Peyrefitte, De Gaulle n’hésitait pas comme Hamlet
Hamlet était prince de Danemark, et c’est au château d’Elseneur que Shakespeare lui prête la question de l’être qui hante l’humanité depuis toujours : « Etre ou ne pas être ». Il semble que le parlement y ait donné un début de réponse qui va tout à fait dans le sens que choisissait le général De Gaulle pour la France quand il se confiait à Alain Peyrefitte pour justifier le retrait de la France d’Algérie : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ».
La reine dit ce que n’est pas l’identité du Danemark
On comprend que l’alliance rouge vert (enhendlisten) ait du mal à avaler la chose. Elle flétrit cette « extrême discrimination entre eux et nous ». Et les sociaux libéraux déplorent qu’en posant « à l’avance que votre origine ethnique vous interdit d’être considéré comme danois » on empêche toute « bonne intégration ». Le tollé est tel que Venstre commence à se diviser et à faire marche arrière. Le porte-parole du parti, Jan Jörgsen a déclaré que la motion ne veut pas dire ce qu’elle semble dire et que la rédaction en est « folle ».
Décidément, la question de l’identité qui est tranchée par la majorité du peuple danois et par le vote du parlement ne l’est pas tout à fait parmi les princes qui gouvernent le Danemark. Ca n’a rien d’étonnant : Hamlet était hésitant. Mais, à propos de têtes couronnées, la reine Margrete a donné son avis. A l’hebdomadaire allemand Spiegel. Pour elle, le « Danemark n’est pas un pays multiculturel ». A suivre.