L’Europe et l’aide aux réfugiés

Europe aide réfugiés
 
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, réunis mercredi soir en Conseil extraordinaire à Bruxelles, se sont engagés, au-delà de ce qui a déjà été fait, à fournir un milliard d’euros pour venir en aide aux réfugiés syriens au Proche-Orient. Ils affirment en outre vouloir renforcer leur coopération afin de limiter l’afflux de migrants vers l’Europe.
 
Malgré la tension qui s’exacerbe avec le temps autour de la question migratoire, Donald Tusk, le président du Conseil européen, assure que l’atmosphère de la réunion était « vraiment excellente, bien meilleure qu’attendu », même si certains échanges, comme il était prévisible, ont été « énergiques ». « C’est vraiment un moment symbolique pour moi, a-t-il ajouté, car il est clair que nous avons arrêté ce jeu dangereux des reproches. »
 
Voir… En la matière, Bruxelles est capable de passer de l’euphorie à la colère de façon très cyclothymique.
 

L’Europe et l’aide aux réfugiés

 
Cependant, Angela Merkel, malgré les critiques qu’elle subit pour son évolution des dernières semaines, a fait le même constat : « Nous savons que le problème n’est pas été résolu avec la décision prise. Mais nous avons pris une des nombreuses mesures nécessaires. J’ai le sentiment que nous voulons nous attaquer à cette tâche ensemble. »
 
Une volonté d’unité corroborée par le communiqué final : « Nous ne pouvons gérer ce défi qu’en travaillant ensemble dans un esprit de solidarité et de responsabilité. »
 
Parmi donc les actions de court terme qui devraient être prises avant le prochain Conseil européen ordinaire prévu mi-octobre, le Conseil a décidé d’offrir au moins un milliard d’euros supplémentaire au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, au Programme alimentaire mondial, et aux autres agences des Nations unies afin d’augmenter l’aide aux Syriens réfugiés en Turquie, en Jordanie, au Liban et dans d’autres pays de la région, dans le but d’inciter les réfugiés syriens à rester près de leur pays et ainsi limiter l’afflux de migrants vers l’Europe.
 
« C’est tout près des lieux du drame que les réfugiés doivent être retenus, accueillis, accompagnés », déclare désormais François Hollande, qui lui aussi a subi une évolution en ce domaine.
 

Début de prise de conscience

 
« Les mesures que nous avons décidées aujourd’hui ne mettront pas fin à la crise, a reconnu Donald Tusk. Mais elles sont toutes des mesures nécessaires qui vont dans la bonne direction. Ce soir, nous sommes d’accord ensemble sur le fait que nous ne pouvons pas continuer comme nous l’avons fait avant. Sans changement de paradigme, l’espace Schengen n’existera qu’en théorie. »
 
Et de fait, il va tout de même falloir convaincre les Etats-membres de l’Est, qui continuent à s’opposer aux quotas et à la politique migratoire en générale, autrement que par l’intimidation et les menaces, qui, au sein de l’Union européenne, font tout de même désordre.
 
La tâche, n’en doutons pas, sera ardue – si même elle est réalisable. Car, d’une part, le flux de migrants est loin de diminuer : plus de 2.500 réfugiés, essentiellement des Syriens et des Afghans, sont ainsi arrivés, en quelques heures mercredi, sur les côtes de l’île grecque de Lesbos en provenance des côtes turques. Un chiffre qui est, au contraire des vœux exprimés par le Conseil, le signe d’une progression importante du mouvement migratoire.
 

La rébellion modérée est-elle en train de s’évanouir ?

 
D’autre part, rien ne prouve que la politique occidentale sera plus efficace avec l’application de ces nouvelles mesures, parce que rien ne prouve que nos hommes politiques aient pris la juste mesure de la situation.
 
Selon le journal britannique The Telegraph, certaines rebelles modérés syriens, soutenus par les Etats-Unis, auraient rejoint le groupe islamiste Al Nosra, lui-même branche locale d’Al Qaïda. Avec armes et bagages, bien sûr.
 
Le Pentagone a formellement démenti les faits. Ce qui, en l’occurrence, ne signifie rien. On imagine mal que cette claque, si elle était avérée, soit reconnue par les Etats-Unis. Elle infirmerait qui plus est la politique de Barack Obama, suivi par François Hollande, qui prétend à la fois lutter contre l’Etat islamique et contraindre le président syrien Assad à partir au profit d’une rébellion modérée manifestement inventée pour la plus grande partie…
 

Hubert Cordat