Migrants, agriculture, Brexit : diabolique, l’Europe éclate et persévère !

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De la Grèce à Calais en passant par le salon de l’agriculture, c’est le grand désordre en Europe : avec les paysans au bord de la révolte, l’afflux des « migrants », le Brexit qui se dessine, un système intenable éclate – mais la caste dirigeante persévère dans son projet, montrant une volonté de fer au service d’une idéologie proprement diabolique.
 
L’Europe (ainsi nomme-t-on improprement l’Union européenne) prend l’eau de toute part, son caractère inviable éclate aux yeux de tous. Par où commencer la description du naufrage ? Par le destroyer britannique, peut-être. Bien qu’il ait arraché des dispositions dérogatoires pour la Grande Bretagne qui lui donnent une place encore plus à part dans l’Europe de Bruxelles, David Cameron n’est pas sûr d’en avoir assez fait aux yeux de ses compatriotes pour remporter le referendum de juin prochain et obtenir le maintien du Royaume-Uni dans l’Europe. Le très populaire maire de Londres, Johnson fait bruyamment campagne pour le Brexit, il est suivi par plusieurs ministres de poids et plus de cent députés conservateurs, estime-t-on. Cameron risque même un vote de défiance aux Communes. Pour bien des Britanniques en effet, l’Europe est synonymes de perte de souveraineté et d’invasion – par ceux qu’on nomme les « migrants », et par des immigrés originaires de l’Union.
 

Avec ou sans Brexit, l’Europe éclate sous la pression des migrants

 
Brexit ou pas Brexit, celle-ci éclate en effet sous la pression des migrants. L’espace Schengen n’est plus qu’une fiction, de nombreux pays, à l’Est, relèvent leurs frontières. Cela a été plus ou moins le cas de la Hongrie et de la Pologne, montrées du doigt par la commission européenne. C’est aussi maintenant celui de l’Autriche, qui met l’Europe de Bruxelles devant le fait accompli en fixant la barre de sa capacité d’accueil à 37.500 migrants, pas un de plus. Il faut dire que ce petit pays de huit millions et demi en a reçu 100.000 en 2015, soit plus de un pour cent de sa population. A Bruxelles, on rejette la décision autrichienne comme « contraire à la loi européenne et internationale ». D’autres pays comme la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Macédoine, limitent, eux, le nombre d’entrées quotidiennes de migrants à 580 par jour.
Cette fermeture partielle des frontières à l’Est a pour effet de créer un embouteillage en Grèce, car le flux de migrants venus de Turquie ne tarit nullement. Ils s’amassent par milliers dans le nord et dans l’ouest de la Grèce. A leur sujet, la chancelière Angela Merkel a appelé l’Europe à ne pas « abandonner » la Grèce : « Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de l’Euro ont combattu jusqu’au dernier pour que la Grèce reste dans l’Euro (…) pour qu’un an plus tard on laisse pour ainsi dire la Grèce plonger dans le chaos? » C’est à la fois une manière astucieuse de faire oublier aux Grecs remontés contre l’Allemagne que celle-ci a été la plus dure dans les négociations de l’an dernier, et de modifier sa politique des migrants : elle lui a valu bien des déboires et mérite qu’on en rappelle les principaux moments.
 

Angela Merkel au secours de l’agriculture grecque ?

 
Dans un premier temps, la chancelière a ouvert complètement les frontières de l’Allemagne aux migrants, selon les recommandations de l’ONU et de l’Europe, et avec la bénédiction des milieux d’affaires allemands, qui voient favorablement un afflux de main d’œuvre bon marché dans un pays sans naissances. Puis, surtout après Cologne, l’opinion allemande s’est retournée, et Angela Merkel s’est trouvée forcée de faire un bout de chemin avec son aile droite emmenée par la CSU bavaroise. Mais c’est maintenant l’aile gauche de la coalition qui l’attaque : les ministres SPD demandent plus de « solidarité » avec les « gens » et accusent le ministre des finances Schaüble d’avoir des oursins dans le portefeuille. L’appel à ne pas abandonner la Grèce vise à satisfaire le SPD, c’est un moyen détourné d’accueillir plus de migrants.
 
Le désordre grec se complique du fait que, si l’économie grecque marche sur une patte, l’agriculture, elle, ne marche plus du tout. Pour des raisons propres à la Grèce, notamment le détournement des fonds prévus pour la modernisation des matériels, et plus encore pour des raisons communes à l’Europe : la politique agricole commune, qui parut un moment fonctionner dans une Europe restreinte et prospère, s’est complexifiée, il n’y a plus d’argent et surtout, elle entre en contradiction avec l’OMC et les traités à venir. On a pu toucher du doigt au salon de l’agriculture à Paris le désarroi d’une classe sociale en voie de disparition malgré le travail parfois démentiel qu’elle fournit : elle est à la fois prisonnière et complice d’un système diabolique de subventions et d’endettement installé par l’Etat, les banques et l’Europe. La situation est peut-être pire en Grèce, où Tsipras vient de rajouter à la catastrophe une loi qui, par le biais de la fiscalité et des retraites, signifie, selon les paysans grecs, « la fin des petites exploitations ». Cela les a jetés pendant six semaines dans une grève, avec opérations escargots sur les grands axes routiers, et blocage de 69 postes de douanes – on imagine ce que cela donnait, combiné à la transhumance des migrants !
 

Pour Orban, l’Europe diabolique doit être stoppée

 
Dans n’importe quelle entreprise ou association raisonnable, quand un nœud de contradictions graves éclate de façon si spectaculaire, les principaux responsables se réunissent pour mettre les choses à plat et changer ce qui ne va pas. Or on n’en prend pas le chemin. On pourrait faire une comparaison avec le communisme. Cette idéologie diabolique persévère contre vents et marées : s’il y a une panne, ce n’est pas à cause de la perversité intrinsèque du système, c’est parce qu’on n’a pas bien réalisé le communisme, ergo, quand le communisme échoue, il faut plus de communisme pour que les choses aillent mieux. Il semble qu’il en soit aujourd’hui de même avec l’Europe de Bruxelles. Il y a fort à parier que la caste dirigeante va demander encore plus d’Europe pour « sortir de la crise ». C’est ce que pense le premier ministre hongrois Viktor Orban. Pour lui, l’Europe a les moyens d’arrêter le flux des migrants, mais ses dirigeants ne le veulent pas. Selon lui, c’est leur « intention » qui est mauvaise. Et de préciser : « Les premiers à mettre en danger l’avenir de l’Europe sont les chefs politiques, économiques et intellectuels qui veulent transformer l’Europe contre la volonté des peuples européens. » Et d’ajouter que « Bruxelles doit être stoppé ».
 

La caste dirigeante de l’Europe persévère

 
C’est plus facile à dire qu’à faire. Car la caste dirigeante inféodée à Bruxelles persévère fermement. Angela Merkel, avec ses dernières déclarations sur la Grèce, mériterait le surnom de dame de fer de l’immigration, même si elle met parfois un gant de velours pour imposer les migrants aux Allemands. François Hollande, si volontiers inconsistant, n’a pas fait de concession aux Anglais sur la question de l’euro, comme si le Brexit lui était au fond indifférent et qu’il poursuivait coûte que coûte l’intégration d’une Europe unitaire et métissée.
 
Pire, il semble qu’au lieu de stopper l’Europe, les peuples laissent au contraire son idéologie s’étendre. C’est le cas des Suisses. Il y a six ans, une proposition de l’union démocratique du centre avait été adoptée par 53 % des votants, disposant le renvoi des criminels étrangers. Mais le gouvernement suisse, par un tour de passe-passe, l’avait vidée de sa substance en laissant les juges décider en dernier ressort, alors que le peuple avait clairement tranché. Une nouvelle proposition a donc été soumise par l’UDC pour rendre l’expulsion automatique, comme il était prévu. Mais cette fois, tout le système dénoncé par Viktor Orban, gouvernement, parlement, ensemble des partis et des médias, a pesé sur le vote, et la proposition a été rejetée par 59 % des voix. On aura noté la mobilisation des milieux d’affaires dans cette campagne. Leur représentante Cristina Gaggini a estimé que la proposition de l’UDC « allait à l’encontre de l’état de droit ». La révolution diabolique par le haut, par le gouvernement des juges, des médias et de l’argent contre le peuple, est en marche aussi en Suisse. Elle persévère malgré les souffrances qu’elle entraîne. Faudra-t-il que la société éclate partout en Europe pour que l’insurrection des peuples vienne à bout d’une minorité agissante d’idéologues ?
 

Pauline Mille