Selon une enquête réalisée par le Pew Research Center auprès de 10.491 personnes entre le 4 avril et le 12 mai dans plusieurs pays, le rejet de l’Union européenne ne cesse de progresser. Il est notamment plus fort en France qu’au Royaume-Uni. Mais ce sentiment – ou cette réflexion, selon les cas – n’est pas l’apanage de nos deux seuls pays. Dans les dix pays où cette enquête d’opinion a été réalisée à la veille du referendum sur le Brexit, le 23 juin prochain, l’euroscepticisme progresse !
 
Dans l’ordre d’arrivée, les plus eurosceptiques, ce sont les Grecs : 71 % ont une opinion défavorable de l’Union européenne. On peut certes les comprendre. Non seulement leur velléité d’indépendance (relative), émise en votant pour Alexis Tsipras et son équipe, a été contrée par Bruxelles ; mais en outre ils sont désormais sous tutelle financière, et contraints de ce fait d’en rajouter dans l’austérité, à coups de mesures économiques plus déplaisantes les unes que les autres, comme en une sorte de punition. Pour les Grecs, il y a longtemps que le rêve européen est devenu cauchemar !
 

L’euroscepticisme est très fort en France

 
Dans l’ordre des insatisfaits, la France arrive juste derrière la Grèce : 61 % de nos compatriotes se déclarent désormais défavorables à la construction européenne. Viennent ensuite, à 48 %, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne. Et, tout en bas de l’échelle, les Polonais avec 22 % « seulement » d’opinions défavorables.
 
Au final, opinions favorables et défavorables sont quasiment au coude à coude, ce qui est remarquable à deux titres. D’abord, parce que l’évolution est rapide, la progression de l’euroscepticisme étant importante, si l’on veut bien se rappeler comment l’on considérait les opposants à Bruxelles il y a encore dix ans.
 
Ensuite, parce que cette enquête, si elle ne recouvre que dix des Etats-membres (Allemagne, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, et Suède), s’est tout de même adressée à 80 % de la population européenne, ces dix pays étant parmi les plus peuplés de l’Union.
 

Le Royaume-Uni à la veille du Brexit

 
On notera que, parmi les sondés, les critiques portent essentiellement sur deux points principaux : la crise économique, d’une part ; la crise migratoire, de l’autre. Non que les personnes interrogées soient manifestement opposées à l’idée européenne ; mais elles constatent, pragmatiquement, que cela ne fonctionne pas, et que, contrairement aux promesses faites, Bruxelles ne cesse de faire la démonstration de son inefficacité, de son incapacité à résoudre, mieux que les nations, les problèmes qu’elles ont à subir – quand ce n’est pas l’Union européenne elle-même qui les provoque.
 
Un exemple très simple nous ait donné par la tentation du Brexit de nos voisins britanniques. Il est manifeste que ceux-ci réagissent à certaines situations subies, mais surtout par les autres. Ils manifestent donc une crainte, comme David Cameron a essayé de l’expliquer à plusieurs reprises à ses pairs, de voir Londres s’engager dans la voie d’une union toujours plus forte.
 
Une crainte qui n’est pas une phobie, mais clairement une vision pratique. L’exemple économique est sans doute l’un des plus parlants : les Britanniques sont globalement sortis de la crise, alors que la plupart des autres pays, notamment dans la zone euro, la subisse encore largement. Qui croira encore que la monnaie unique nous protègera bien mieux que nos monnaies nationales ? La fable a fait son temps…
 

La querelle des anciens et des modernes

 
Un dernier point qui n’est pas négligeable : parmi la moyenne des sondés, ce sont les plus jeunes qui sont encore les plus favorables à l’Union européenne, et l’on nous sert à ce propos une explication pour le moins désagréable. Les jeunes seraient mieux éduqués que les vieux. Eduqués à quoi ? on peut se le demander, quand on croise certains spécimens.
 
A moins qu’on n’entende par éducation le formatage de jeunes intelligences…
 
Car il est une autre explication, plus rationnelle : les vieux (merci pour eux) sont plus enclins, par expérience de la vie, à faire preuve de réalisme, alors que les jeunes, déformés par l’éducation nationale et surtout quand ils n’ont pas encore éprouvé les difficultés de la vie active, sont encore tout prêts – c’est de leur âge – à écouter idéologues et rêveurs…
 

François le Luc