En 2014, un an après le « mariage » pour tous, Conchia Wurst, au centre sur la photo, avait fait sensation en gagnant le grand prix de l’Eurovision avec sa chanson Rise Like a Phoenix. C’était la première fois qu’une « Drag Queen » (entendez : un travesti qui se prend au sérieux et qu’on prend au sérieux) remportait la compétition. De son vrai nom Thomas Neuwirth, cet Autrichien né en 1988 fait depuis une carrière de femme à barbe militante, il a défilé pour Jean-Paul Gaultier, dansé au Crazy Horse et chanté au Parlement Européen, hauts lieux divers des freaks arc-en-ciel. Intellectuel progressiste, il se revendique homosexuel, séropositif depuis longtemps, ne se définit pas comme transgenre mais expressément comme Drag Queen, utilisant ses pronoms féminins pour son personnage de Conchita et ses prénoms masculins pour parler de lui. Aujourd’hui, avec le développement des mille identités de genre, voilà qui fait un peu plan-plan, limite transphobe. Et pour se relancer, Conchita un peu has-been s’est fait prendre en photo avec deux concurrents actuels à l’Eurovision dont la finale aura lieu le 11 mai à Malmö en Suède qui se présentent tous deux comme « non binaires ». Bambie Thug (avec les plumes) représente l’Irlande et Nemo (avec les cornes) la Suisse. En 1997, l’islandais Paul Oscar fut le premier candidat ouvertement homo à concourir et « l’israélienne » Dana International a été le premier homme « trans » à la remporter en 1988. Aujourd’hui cet événement est conçu et reçu comme une caisse de résonnance LGBTQ+. Le niveau ne vole pas très haut, comme le montre ce fragment d’interview de Nemo le non binaire suisse : « C’est cool de ne pas être la seule, confie l’Helvète à 20 Minutes. Certains artistes non binaires ont fait leur coming-out après avoir participé à l’Eurovision, je crois. Que l’on soit deux cette année montre qu’il est temps d’en parler. J’espère que cela incitera les gens à s’informer sur ce qu’est la non-binarité et que cela créera des discussions. Peut-être que d’autres se diront, Nemo et Bambie sont elleux-mêmes sur scène, c’est aussi OK pour moi d’être qui je suis, je suis parfait·e comme je suis. » S’il est un point sur lequel Goebbels et Staline tombaient d’accord, c’est qu’en matière de propagande deux choses priment : plus c’est gros mieux ça passe, et la répétition est bien plus importante que la qualité du message.