Euthanasie : Roger Foley, ce handicapé à qui l’on propose la mort médicalement assistée…

Euthanasie handicapé Roger Foley propose mort médicalement assistée
 
Avis à ceux qui pensaient que l’euthanasie, c’est pour les malades en phase terminale qui souffrent trop pour envisager de vivre. C’est du Canada, où l’euthanasie et le suicide assisté sont de légalisation récente, que nous vient cette histoire exemplaire d’un homme qui ne demande rien d’autre que d’être soigné comme il le souhaite, et à qui l’on ne propose, dit-il, que deux options, tout en le menaçant de devoir payer son long séjour à l’hôpital à raison de 1.800 dollars canadiens par jour : retourner chez lui pour être confié à un organisme de soins à domicile qu’il récuse, ou obtenir une mort médicalement assisté. C’est évidemment celle-ci, la solution la moins chère pour régler le cas de Roger Foley, et c’est donc une proposition économique. Et sans doute, avant tout, un moyen de chantage. Mais tout de même…
 

Roger Foley, handicapé, veut vivre – on lui propose la mort médicalement assistée

 
Roger Foley, 42 souffre d’ataxie cérébelleuse, une maladie neuro-dégénérative qui le rend dépendant pour la plupart des actes de la vie courante mais il n’est en aucun cas à l’article de la mort et il est en pleine possession de ses moyens intellectuels. Voici deux ans qu’il occupe un lit dans un hôpital à London, dans l’Ontario, parce que les soins qu’il recevait à domicile se sont révélés inadéquats. Contraint par la législation sociale de la province canadienne d’accepter un plan de soins fournis par l’un des organismes qui se partagent réglementairement les contrats, il s’est trouvé face à des soignants qu’il a jugés incompétents pour de multiples raisons. La moindre n’étant pas la fourniture de repas non conformes qui ont provoqué deux intoxications alimentaires ; mais un incendie provoqué par la négligence du personnel figure également parmi ses accusations de mauvais soins, ainsi que des erreurs d’administration de médicaments et des blessures lors de déplacements.
 
Malgré toutes ses plaintes à l’agence, on a continué de lui envoyer des personnes dont il ne voulait plus chez lui et Roger Foley a dû être hospitalisé deux fois, une fois pour cause de dépression et idées suicidaires, une autre dans le cadre d’une intoxication. Au bout du compte, il est resté à l’hôpital parce qu’il refuse d’accepter les soins qui lui sont proposés par l’agence qui a le monopole pour son secteur.
 
Foley ne demande qu’une chose : pouvoir maîtriser lui-même l’emploi des allocations qui lui permettent d’être soigné à domicile en choisissant personnellement le fournisseur de services qui lui conviendra et en prenant la responsabilité de l’organisation des soins, ce dont il est, dit-il, parfaitement capable. Si économiquement, cela ne changera rien les services sociaux de l’Ontario, cela contreviendrait à un système de soins soviétoïde où les autorités provinciales jugent de tout.
 

De l’euthanasie choisie au chantage à la mort médicalement assistée

 
« Je n’ai aucun désir d’occuper un précieux lit d’hôpital, mais en ce moment précis, c’est ma seule option », a expliqué le malade dans une longue vidéo où il décrit, avec une voix défaillante, la complexité de sa situation. Il vient de porter plainte contre le Victoria Hospital où il se trouve, mais aussi contre plusieurs agences de soins, la province de l’Ontario et les pouvoirs publics du Canada pour obtenir le droit de rentrer chez lui en choisissant les personnes qui entreront chez lui pour l’aider.
 
Il se trouve que le caractère irréversible et mortel de sa maladie ouvre son « droit » à la mort médicalement assistée. Mais Roger Foley ne veut pas mourir, il veut tout simplement vivre chez lui dans des conditions acceptables.
 
Son avocat fait observer que le fait de lui avoir proposé la « mort assistée » contrevient à la loi canadienne sur l’euthanasie qui exige que tout soit fait avant d’en arriver à cette extrémité pour alléger les souffrances. Mais telle est la logique d’une loi qui institue un droit de tuer les malades : inévitablement, elle apparaît ou apparaîtra un jour comme une option parmi d’autres.
 
Le cas de Roger Foley, dans son cadre conflictuel, peut-être même dans l’outrance de la proposition faite – selon le malade – par l’hôpital pour obtenir qu’il rentre chez lui, montre jusqu’à la caricature à quels risques on expose les malades aujourd’hui.
 

Jeanne Smits