L’évêque catholique « officiel » de Shanghaï encourage les fidèles à étudier la pensée de Xi Jinping

évêque Shanghaï Xi Jinping
 

« L’évêque catholique de Shanghai, Shen Bin, annonce son programme : étudier la pensée de Xi Jinping » : c’est le titre d’un article de He Yuyan qui vient de paraître dans la revue de promotion de la liberté de culte et des droits humains en Chine, Bitter Winter (Rude hiver). C’est une illustration de la mise en œuvre des accords secrets entre Pékin et le Saint-Siège, qui en laissant le parti communiste chinois prendre les rênes de l’Eglise en Chine à travers les nominations d’évêques notamment, participe à la « sinisation » de la religion catholique. Il ne s’agit pas seulement d’une « inculturation » telle qu’elle est aujourd’hui vantée au sein de l’Eglise : c’est plutôt une soumission à la culture chinoise, mais aussi aux orientations politiques de la plus grande nation ouvertement anti-catholique au monde.

Mgr Shen Bin, donc, a été installé par les autorités communistes au siège épiscopal du diocèse catholique de Shanghaï le 4 avril 2023 : le Vatican ne devait l’apprendre que par le biais d’un article de presse… alors même que, semble-t-il, il revient toujours à Rome de nommer officiellement les évêques même si ceux-ci, aux termes des accords entre le Vatican et de la Chine régulièrement renouvelés depuis 2020, sont ceux qui désignent les prélats.

 

Mgr Shen Bin, évêque de Shanghaï imposé par le Parti communiste

Dans le cas de Shen Bin, la procédure a été court-circuitée par le parti communiste chinois, mais néanmoins entérinée par le Saint-Siège qui, le 15 juillet 2023, a annoncé au moyen d’un communiqué que le pape François l’avait « nommé » à Shanghaï ; il était précisé que le Vatican avait « rectifié une irrégularité canonique » pour « le plus grand bien du diocèse ».

Qu’allait faire Mgr Shen Bin ? Eh bien, il a adopté profil bas pendant de longs mois, avant de se rendre en mai dernier à Rome où il a donné une conférence – en présence de l’inévitable cardinal Secrétaire d’Etat, Pietro Parolin – pour affirmer que la « liberté religieuse règne en Chine ». Première indication de son alignement sur le pouvoir

Début novembre, l’évêque nommé par le PC chinois a donné de meilleurs gages encore à celui-ci, en faisant organiser par son diocèse un séminaire sur la « Sinisation de la religion à Shanghaï », dans la foulée du synode sur la synodalité auquel deux évêques chinois « officiels » avaient assisté le mois précédent.

Du synode, il n’a pas été question au séminaire de Mgr Shen Bin. L’évêque n’a pas enjoint aux catholiques de ne pas écouter le pape ou ses enseignements (le pape François réaffirme notamment de manière nette la condamnation de l’avortement, là où la Chine en a fait un outil de la politique démographique jusqu’à le pratiquer de manière forcée). Mais il n’a aucunement demandé aux catholiques de connaître et de suivre l’enseignement de l’Eglise.

 

La pensée de Xi Jinping sur la sinisation pour toute doctrine…

Au contraire, les participants et notamment le clergé de Shanghaï ont été encouragés lors du séminaire à étudier et à diffuser, au moyen des sermons et des réunions de laïques, les documents de la « Troisième session plénière du 20e comité central du Parti communiste chinois », tout comme « la pensée du secrétaire général Xi Jinping sur la sinisation de la religion ». Traduisez : non pas les coutumes chinoises en ce qu’elles seraient compatibles avec la foi, mais l’idéologie communiste qu’il convient d’introduire dans la pensée des catholiques.

Mgr Shen Bin a également insisté sur une nécessaire et plus étroite coopération avec le Département du travail du front uni, l’organisme official chargé de contrôler et de surveiller la religion « officielle » en Chine. Plusieurs officiels de ce Département assistaient d’ailleurs à la réunion…

L’évangile du Christ est en train de céder le pas à l’évangile de Xi Jinping…

 

Anne Dolhein