Des évêques de l’Eglise patriotique de Chine prêchent l’allégeance au pouvoir communiste

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Trois évêques de l’Eglise patriotique de Chine, schismatique participaient aux 13e Congrès national du peuple qui vient de se dérouler à Pékin et qui a adopté des amendements constitutionnels permettant à Xi Jinping d’envisager la présidence à vie en cumulant les postes de président, secrétaire général du PC et président de la Commission militaire centrale – la nouvelle « trinité » chinoise. Si leur vote n’est pas connu – après tout, il y a eu une poignée de votes contre ou d’abstentions, cinq sur un total de 3.000 – ils ont en tout cas entériné la légitimité du pouvoir communiste et pour l’un d’entre eux, Peter Fang Jianping du diocèse de Tangshan, l’allégeance au pouvoir doit prendre le pas sur la foi : le gouvernement communiste d’abord, la religion ensuite. Deux autres évêques « nationalistes » sont également exprimés en faveur du pouvoir et des accords avec le Saint-Siège.
 
Un deuxième évêque membre du Congrès, Guo Jincai de Chengde – un diocèse inconnu à Rome – est secrétaire général de la conférence épiscopale contrôlée par le gouvernement communiste : il espère quant à lui que les accords aboutiront à sa reconnaissance comme évêque en même temps que son diocèse fantôme sera officialisé.
 

Les évêques de l’Eglise patriotique de Chine : des hommes selon le cœur de Xi Jinping

 
Mgr Joseph Huang Bingzhang, troisième évêque membre du Congrès, excommunié en 2011, a été nommé par le gouvernement communiste et c’est en sa faveur que Mgr Zhuang Jianjian, évêque légitime de Shantou, a été invité à démissionner par Rome en fin d’année dernière.
 
Voilà qui correspond merveilleusement aux exigences du pouvoir puisque Xi Jinping insiste de manière de plus en plus ferme sur la « sinisation » de la société, qui passe par le respect de l’identité communiste à laquelle il contribue – constitutionnellement désormais – avec sa propre « Pensée ».
 
Mgr Fang, ordonné sans l’accord de Rome en 2000 mais « pardonné » par la suite – ce qui ne l’a pas empêché de participer à des ordinations épiscopales illicites –, a déclaré que les catholiques doivent allégeance à Xi « parce que, en tant citoyens du pays, nous devons d’abord être citoyens et ensuite seulement avoir une religion et des croyances ». Il a justifié sa position en invoquant le commandement de Jésus-Christ : rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César.
 
Il s’est également dit confiant de voir aboutir les négociations actuelles entre la Chine et le Saint-Siège, surtout si Rome légitime l’ensemble des évêques de l’Eglise patriotique actuellement excommuniés : cela permettra à l’Eglise de se développer, a-t-il déclaré.
 

L’allégeance au pouvoir communiste, premier devoir du chrétien ?

 
Mais toujours dans le contexte défini par Xi Jinping : les croyances professées doivent être compatibles avec les croyances et les politiques de la culture de la Chine communiste, et nettoyées des influences occidentales, rappelle Breitbartnews.
 
De son côté, l’évêque excommunié Paul Lei Shiyin a déclaré à la presse que les relations diplomatiques entre la Chine et le Saint-Siège permettront, si leur rétablissement aboutit, à l’influence de la Chine de croître sur le plan international en offrant à l’Eglise davantage de place pour son travail pastoral dans le pays. Mgr Vincent Zhan Siku de Mingdong, lui aussi excommunié du fait de son ordination illicite au sein de l’Eglise nationale chinoise, est du même avis : il estime qu’il n’y a « plus d’obstacles » à la conclusion d’un tel accord.
 
Sept légitimations d’évêques excommuniés seraient envisagées et le gouvernement communiste chinois obtiendrait un droit de regard sur la nomination des évêques, sans que sa nature exacte ne soit connue.
 
Tout cela se produit alors que la persécution des chrétiens et les atteintes à leurs lieux de culte se multiplient depuis l’arrivée au pouvoir de Xi en 2013 ; depuis début février, les jeunes de moins de 18 ans n’ont plus le droit d’entrer dans les églises, pour assurer que les enfants et les adolescents ne soient plus exposés à l’éducation et à la pratique chrétiennes. Toute religion est d’abord considérée par les autorités comme une menace pour la sécurité nationale, le christianisme étant en haut de la liste. Pour les membres du Parti l’appartenance à une religion est proscrite.
 

Anne Dolhein