Facebook perd du terrain chez les adolescents américains et sa clientèle vieillit, montre l’institut Pew

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Les jeunes se détournent de Facebook. Le média social planétaire à tendance monopolistique, qui peine à se remettre du scandale Cambridge Analytica de commercialisation des données de ses abonnés, perd du terrain dans la génération la plus interconnectée aux Etats-Unis, les adolescents. Selon une étude du très sérieux institut américain Pew Survey, alors que Facebook était en tête en 2014-2015 chez les adolescents âgés de 13 à 17 ans avec 71 % d’abonnés, la plateforme a dégringolé à la quatrième place cette année avec 51 % d’abonnés dans cette même classe d’âge. Les inquiétudes sur la protection de la vie personnelle en général, les manipulations d’informations, les censures et l’affaire des fuites Cambridge Analytica en particulier semblent avoir eu peu d’influence sur les plus jeunes. Et c’est paradoxalement le plus inquiétant pour la compagnie de Mark Zuckerberg. De fait, les adolescents semblent tout simplement beaucoup moins intéressés par Facebook, lui préférant Youtube (85 %) et Snapchat (69 %). Le résultat est que l’âge moyen des abonnés de Facebook augmente, sa clientèle vieillit.
 

Si la tendance chez les adolescents se poursuit, Facebook pourrait être marginalisée chez les moins de 30 ans

 
Si la tendance notée chez les adolescents se poursuit, Facebook pourrait, d’ici à quelques années, se retrouver marginalisée chez les moins de 30 ans. Une autre étude, menée par eMarketer, montre que Facebook est sur le point de perdre deux millions d’abonnés américains chez les moins de 24 ans d’ici à fin 2018, remplacés par des plus de 24 ans. Facebook, qui reste la plateforme sociale la plus importante au monde avec deux milliards d’abonnés, voit sa pyramide des âges se rétrécir à la base. C’est-à-dire que son avenir s’obscurcit. De fait, la plupart des abonnés âgés de plus de 30 ans passent moins de temps sur les médias sociaux que les adolescents et jeunes gens. L’évolution pourrait ainsi marquer la fin du règne de Facebook.
 
« Les pratiques des plus jeunes ont toujours été l’objet d’amusement pour les générations qui les ont précédés », relève le journaliste américain C. Mitchell Shaw. Aujourd’hui, les adolescents utilisent peu leurs téléphones comme des téléphones, préférant communiquer par textes et médias sociaux parfois au désespoir de leurs éducateurs. L’étude de Pew montre que 95 % des adolescents sondés disaient posséder un smartphone, et 45% qu’ils sont « presque constamment en ligne ». Mais alors que la plupart sont abonnés à des médias sociaux, une bonne partie n’est pas sur Facebook, situation bien différente de celle qui se présentait voici trois ans. Pour Monica Anderson, qui a dirigé l’étude, les pratiques des adolescents « sont moins centrées sur une seule plateforme ». « Nous avons constaté à la fois qu’ils changent rapidement de site tout en étant plus connectés que jamais », ajoute-t-elle.
 

Facebook reste la plus utilisée par les Américains selon Pew mais le désamour des adolescents la menace

 
En mars, une autre étude de Pew montrait que « Facebook est la plateforme sociale la plus utilisée, avec une avance confortable » : 68 % des adultes américains y sont abonnés. A part le site de partage de vidéos Youtube, aucun autre site ou application mesurés par l’étude n’était utilisé par plus de 40 % des Américains. Mais comme cette enquête montre que la majorité des abonnés aux médias sociaux sont jeunes, la tendance à la baisse notée chez lesdits jeunes pour Facebook doit inquiéter la firme de Menlo Park. En effet, Pew relève que le taux d’utilisation des médias sociaux diminue avec l’âge : de 88 % chez les 18-29 ans, il tombe à 78 % chez les 30-49 ans, à 64 % chez les 50-64 ans et à 37 % au-delà de 65 ans. Si l’on peut anticiper un relèvement des taux d’usage dans les tranches d’âge avancées en raison de la croissance des pratiques d’internet avec le temps, on peut penser aussi que le scandale de commercialisation des données comme les polémiques autour des censures et manipulations idéologiques des contenus par la plateforme pourront freiner l’entrain des futurs adultes et seniors pour Facebook.
 

Les adolescents sont massivement usagers des médias sociaux mais la moitié n’est plus sur Facebook

 
La dernière enquête de Pew montre encore que, chez les adolescents, « il n’existe pas de consensus clair concernant l’impact des médias sociaux sur les personnes de leur âge » : 45 % pensent que les médias sociaux ne sont ni positifs ni négatifs, 31 % qu’ils ont un impact positif et 24 % qu’ils ont un impact globalement négatif. Alors que les 13-17 ans ne sont pas d’accord sur la dimension négative ou positive de l’impact des médias sociaux, leur immense majorité en sont des utilisateurs quotidiens. Mais pour presque la moitié d’entre eux, ce n’est plus Facebook.
 

Matthieu Lenoir